La solution à deux Etats : déjà de l’histoire ancienne ?

Au plus fort des pourparlers israélo-palestiniens, d’aucuns s’interrogent sur le bien-fondé d’une solution qui n’en finit plus de se négocier. Eclairages.

P13 JFR 370 (photo credit: Reuters)
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En septembre dernier,Ian Lustick, professeur de sciences politiques à l’université de Pennsylvanie,s’est vu attribuer une place de choix dans le New York Times pour un longarticle intitulé « L’illusion des deux Etats ». Peu après, le New Yorkerconsacrait à son tour deux articles non moins importants sur le même sujet : lepremier de Bernard Avishaï, professeur invité à l’université de Darmouth, quiappelait à la création d’une confédération israélo-palestinienne, le secondsigné Yousef Munayyer, directeur du Jerusalem Fund de Washington, suggérantl’idée d’une démocratie multi-ethnique.

Dans l’éditiond’août du grand magazine intellectuel et littéraire The New York Review ofBooks, le texte de Nathan Thrall intitulé « Quel avenir pour Israël ? »traitait du même thème et concluait que, si les pourparlers en cours,orchestrés par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, n’aboutissaient pas,« les Israéliens pourraient commencer à se demander si le moment n’était pasvenu d’abandonner tout espoir d’une paix véritable. ». Quant à Ben Birnbaum, ilintitulait son article pour le magazine d’opinion américain The New Republic« La fin de la solution à deux Etats : pourquoi la fenêtre est en train de sefermer sur la paix au Proche-Orient ».

Il paraîtcependant quelque peu prématuré de prononcer l’oraison funèbre de la solution àdeux Etats, comme le laisse envisager ce tour d’horizon américain. D’abordparce qu’on ne sait jamais : comme dans toute solution diplomatique à unconflit national, politique ou religieux, tout dépend de la décision quepourrait prendre en toute liberté l’un ou l’autre des protagonistes. Enthéorie, on peut imaginer la direction politique palestinienne subir unetransformation radicale et décider de soudainement reconnaître le droit àl’existence d’Israël en tant qu’Etat juif. Elle pourrait, qui sait, cesser deglorifier les auteurs d’attentats meurtriers et d’inciter sa population à lahaine contre Israël. Si, à l’instar du président égyptien Anouar el-Sadate venuà Jérusalem en novembre 1977, les Palestiniens accomplissaient soudain un gestesignificatif, cela changerait la donne et nous, les Israéliens, pourrions leurtomber dans les bras sans plus d’hésitations.

Une solutionsoutenue par Netanyahou

Et puis, derrièreces termes de « solution à deux Etats », se dissimulent une multitude devisions qui diffèrent selon la personne qui s’exprime. Ainsi, l’initiative deGenève, qui appelait à la division de Jérusalem et au démantèlement d’Ariel,n’avait rien à voir avec la vision prônée par Yaïr Lapid, de Yesh Atid, quirejette l’une et l’autre de ces concessions, ni avec celle d’Ami Ayalon,ex-patron du Shin Beth, dont l’organisation Avenir Bleu-Blanc appelle à unretrait unilatéral de Judée et de Samarie.

Quant aux Palestiniens,la solution à deux Etats signifie pour eux une Palestine bâtie le long deslignes de l’armistice de 1949, avec Jérusalem pour capitale et vierge de touteprésence juive. Ils envisagent en outre l’arrivée en masse de « réfugiés »palestiniens qui feraient valoir leur droit au retour.

Difficile, dansces conditions, de savoir de quoi il est question lorsqu’on proclame la mort dela solution à deux Etats… D’autant qu’une multitude de gens importants ontl’air d’y croire encore et déploient des trésors d’énergie pour la mettre enœuvre. Ainsi le secrétaire d’Etat John Kerry déclarait-il en arrivant en Israëlpour une nouvelle tournée de négociations le mois dernier : « Malgré lesdifficultés, je suis très confiant dans nos chances d’avancer ensemble vers unesolution. C’est d’ailleurs la raison de ma présence ici. »

Au fil des ans,le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a parcouru de son côté unlong chemin, qui l’a amené à approuver l’idée de la solution à deux Etats. Dansson discours de 2009 à Bar-Ilan, il annonçait, pour la première fois de sacarrière politique, sa volonté d’accepter un Etat palestinien démilitarisévivant côte à côte avec l’Etat juif. Peu après l’élection de 2013, IsraëlHarel, fondateur du Goush Emounim, le critiquait avec virulence en déplorantqu’il n’ait pas jugé bon de consulter les instances du Likoud avant depromulguer son changement de cap, qu’il qualifiait de « tournant idéologiquerévolutionnaire qui revient à briser les Tables de la Loi du parti ».

La menacebinationale

Depuis lors,adoptant un langage qui ne ressemble guère à celui de la droite, Netanyahou aplusieurs fois exprimé ses craintes face à la menace démographique imposée parles Palestiniens et les Arabes vivant à l’intérieur de la Ligne verte, quipourraient bien transformer bientôt Israël en un Etat binational. Il en parlaitdéjà en avril 2012 et, en juin dernier, soit un mois avant le début desnégociations actuelles, il déclarait à la Commission de la Knesset en chargedes Affaires étrangères et de la Défense : « Certes, entamer des négociationsdirectes risque de se révéler très difficile, mais l’alternative serait un Etatbinational, et de cela, nous ne voulons pas ! » Enfin, si Netanyahou était parle passé un virulent opposant à la division de Jérusalem, notons qu’il n’a plusabordé le sujet depuis janvier 2013. Et en septembre dernier, le député LikoudTzachi Hanegbi laissait entendre à Washington que le Premier ministre ne seraitpas totalement hostile à un compromis sur Jérusalem. « Je pense que nous seronsà même de donner une réponse satisfaisante, une réponse “gagnant-gagnant”, surpresque tous les sujets, y compris sur Jérusalem », affirmait ce confident delongue date de Netanyahou.

Si la décision duPremier ministre de former une liste commune avec Israël Beiteinou d’AvigdorLiberman en amont des élections de janvier 2013 a sans doute été motivée par detrès inquiétants sondages préélectoraux, une fusion des deux partis, quidevrait être bientôt soumise au vote, aiderait Netanyahou à diluer l’influencecroissante de l’aile droite pro-annexionniste de son propre parti. Lieberman arécemment qualifié le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de« menteur, lâche et poule mouillée » Mais en dépit de cela, et de sa vision pourrésoudre le conflit israélo-palestinien (qui consiste à céder au futur Etatpalestinien certaines zones à forte population arabe situées à l’intérieur dela Ligne verte, tout en annexant, en contrepartie, certaines parties deJudée-Samarie à forte population juive), le nouveau ministre des Affairesétrangères n’est pas fondamentalement opposé à une éventuelle solution à deuxEtats.

En outre, c’estla ministre de la Justice Tzipi Livni que Netanyahou a chargé des négociationsavec les Palestiniens. Cette même Tzipi Livni qui, en octobre, déclarait dansune interview au Jerusalem Post qu’elle croyait encore à un processusdiplomatique conduisant à une solution à deux Etats… « S’il n’y avait aucunespoir de parvenir à la paix », avait-elle alors affirmé, « je ne serais paslà. »

De son côté, leprésident de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas indiquait à un groupe dedéputés de gauche de la Knesset réunis à Ramallah que la période de neuf moisprévue pour les pourparlers actuels était suffisante pour aboutir à un accord.« Tous les problèmes ont déjà été discutés par le passé, à Camp David, à Tabaou avec l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert », ajoutait-il.

D’insurmontablesobstacles ?

Bien entendu, lamise en place d’une solution à deux Etats ne sera pas simple pour autant. Mêmeen 2008, lorsque le Premier ministre de l’époque avait accordé les compromisterritoriaux les plus généreux jamais concédés par un gouvernement israélien etaccepté de partager Jérusalem, les parties étaient restées divisées sur denombreux points. Selon les déclarations d’Olmert, l’ex-Premier ministreproposait alors d’annexer seulement 6,3 % de la Judée-Samarie et d’accorder auxPalestiniens, en compensation, 5,8 % de territoires à l’intérieur de la LigneVerte et 0,50 % de territoire sous la forme d’un couloir qui relierait Gaza auxterritoires disputés.

Les Palestiniensrefusaient cependant de céder plus de 1,9 % de la Judée-Samarie à l’annexionisraélienne. Ils exigeaient non seulement l’évacuation d’Ariel (dont lapopulation s’élevait à 20 000 habitants et qui abritait déjà une université),mais aussi celle de Maalé Adoumim (40 000 habitants), de Guivat Zeev (10 000habitants) et de quelques autres implantations et quartiers, qu’une majoritéd’Israéliens estimait faire partie d’un consensus. Le nombre de Juifs qu’ilaurait ainsi fallu déplacer dans le cadre de la proposition palestiniennes’élevait à 170 000 (contre 70 000 pour celle d’Olmert).

Le dirigeantisraélien avait de surcroît proposé un partage de Jérusalem, de façon à ce queles quartiers arabes reviennent aux Palestiniens et les quartiers juifs àIsraël. Pour sa part, la Vieille Ville aurait été administrée par un consortiumde cinq nations : l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Palestiniens, lesEtats-Unis et Israël. Olmert acceptait même de permettre à un nombre symboliquede « réfugiés » (5 000, sur une période de 5 ans) de revenir s’installer dansleurs anciennes maisons à l’intérieur de la Ligne verte. Abbas, lui, enexigeait 150 000. Enfin, si aucune discussion sérieuse ne s’était encoreengagée en matière d’arrangements sécuritaires, les Palestiniens refusaientd’emblée toute présence militaire israélienne sur le sol de leur futur Etat, nidans la vallée du Jourdain, ni sur les collines surplombant la région de Tel-Aviv,ni ailleurs.

Il n’est donc passurprenant qu’à la fin de son récent ouvrage publié en anglais, Tested byZion : The Bush Administration and the Israeli-Palestinian Conflict, ElliottAbrams n’est pas d’accord avec les protagonistes qui s’acharnent encore ànégocier cette fameuse solution à deux Etats : « Non », dit-il, « tout le mondene comprend pas bien à quoi va ressembler l’accord final ». « La réactiond’Abbas aux propositions d’Olmert indique que même une offre que les Israéliensestiment extrêmement généreuse peut être très insuffisante pour la directionpalestinienne. De même, un Premier ministre israélien pourrait-il donner sonaccord à l’une des conditions sur le statut final que ne manqueront pas deposer les Palestiniens, comme l’arrivée de milliers de “réfugiés” palestiniensen Israël et la division de la Vieille Ville à Jérusalem ? » La conclusiond’Abrams, c’est qu’un accord négocié concernant le statut final est fort peuprobable en l’état actuel des choses, et qu’il faudrait plutôt orienter lesefforts vers une amélioration des conditions de vie des Palestiniens.

Le faux pasaméricain

En réalité, cesquelque 30 ans de négociations se résument à une histoire de fossésinfranchissables et d’échecs lamentables, qui ont la plupart du temps mené àdes violences meurtrières. D’aucuns ont d’ailleurs l’air de penser qu’un destinsimilaire attend la dernière tentative en date. Il y a un mois, Kerry n’a-t-ilpas mis en garde contre une troisième intifada ? Sans doute parce qu’ilcherchait, par tous les moyens, à ne pas interrompre les négociations en cours.Dans une interview commune à la deuxième chaîne israélienne et à Palestine TV,il prédisait ainsi que, si les pourparlers actuels échouaient, il s’ensuivraitune intensification de la campagne de délégitimation d’Israël à laquelle onassiste déjà dans le monde. Semblant adopter la position palestinienne, ilajoutait : « Si nous ne résolvons pas la question des implantations juives endéterminant qui vit où et de quel droit, si nous ne mettons pas un terme à laprésence permanente de soldats israéliens en Cisjordanie, il en ressortiral’impression croissante que, si on ne parvient pas à faire la paix avec unedirection palestinienne qui prône la non-violence, on pourrait bien écoper d’unautre leadership qui serait, pour sa part, enclin à la violence. »

Cette attaquedirecte contre Israël formulée par Kerry a sans doute fait plus de mal que debien à l’avenir des pourparlers, du moins, de l’avis israélien. En révélantcette position assez douteuse sur le plan moral, il a miné la confiance du paysenvers les Etats-Unis, confiance nécessaire pour qu’Israël s’aventure à prendreles risques indispensables à la paix. En somme, il affirmait que la volontéd’Israël à garder les moyens de se défendre et son droit de construire deslogements pour ses citoyens – même dans la partie de Jérusalem-est et dans lesblocs d’implantations qui relèvent du consensus – justifient un recours à laviolence de la part des Palestiniens.

Certes, ilbrandissait la menace de cette troisième intifada pour pousser Israël auxconcessions, mais c’est l’effet inverse qui a été obtenu. Jusqu’à présent, lesprésidents américains avaient tous compris que l’assurance d’une prochealliance avec Israël permettait à la Maison-Blanche d’exercer un maximum depression sur l’Etat hébreu. Mais insinuer au contraire que les Etats-Unis sontprêts à prendre leurs distances a pour effet de débrider presque immédiatementl’antisémitisme à travers le monde et l’hostilité envers l’Etat hébreu. Se sentantmoins en sécurité, ce dernier freine alors des quatre fers en matière deconcessions potentiellement dangereuses, répugnant à prendre le moindre risquesur sa sécurité. Bref, les commentaires de John Kerry ont probablement aggravéune situation déjà assez mauvaise.

L’intenableposition palestinienne

Abbas, de soncôté, passe pour un modéré aux yeux des Palestiniens. Mais lui non plus necontribue pas à la paix. Tout d’abord, il n’a guère préparé sa population auxconcessions nécessaires à la sortie du conflit. Au contraire, il n’a cessé deprésenter celles-ci comme des injustices et des pis-aller, seulementacceptables dans la mesure où elles pourront mettre un terme à l’occupation, età condition que la création d’un Etat indépendant ne soit qu’une première étapevers l’élimination totale d’Israël et la récupération de toutes les « terrespalestiniennes ». Ainsi la naissance de l’Etat palestinien est-elle la garantied’une intensification du conflit, et en aucun cas de son apaisement.

Certes, Abbas afait certaines déclarations modérées. Cependant, à chaque fois ou presque, il aimmédiatement cédé après aux pressions de son camp et fait machine arrière. En

novembre 2012,soit quelques mois avant les élections israéliennes, il paraît ainsi renoncerau droit au retour palestinien. « Pour moi, la Palestine, ce sont lesfrontières de 1967, avec Jérusalem est pour capitale », a-t-il indiqué dans uneinterview à Aroutz 2. A la question de savoir s’il aimerait revenir dans saville natale, Safed, que sa famille a fuie en 1948, il répond simplement : « Jevoudrais voir Safed. C’est mon droit de voir cette ville, mais pas d’y vivre. »Cette interview a lieu un vendredi. Le dimanche suivant, face aux attaques deson propre parti, le Fatah, aux militants du Hamas qui brûlent sa photo à Gaza,il revient en arrière sur la question des réfugiés, affirmant n’avoir parléqu’en son nom propre, et en aucun cas au nom du peuple palestinien.

Hormis Abbas,rares – sinon inexistants ! – sont les dirigeants politiques palestiniensdésireux de mener des négociations avec Israël. En juillet dernier, quandIsraël et l’Autorité palestinienne tombaient enfin d’accord pour reprendre lespourparlers de paix, Khaled Abou Toameh, correspondant du Jerusalem Post pourles affaires palestiniennes, écrivait : « Parmi les Palestiniens, il a étéimpossible de trouver un seul individu, un seul groupe, un seul mouvement prêtà accueillir à bras ouverts l’annonce par John Kerry que les négociationsallaient reprendre. »

Aujourd’hui, à 78ans, Abbas est un gros fumeur et a la santé fragile. Pourtant, il n’a toujourspas désigné de dauphin susceptible de lui succéder le moment venu. Plus encore,sa légitimité politique est suspecte, sachant que son mandat présidentiel, quia débuté après les élections de janvier 2005, s’est officiellement achevé en janvier 2009.La rupture entre la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas, et la Judée-Samariedirigée par le Fatah, a empêché la tenue de nouvelles élections. Dans cescirconstances, on ne sait pas trop qui Abbas représente. On ne sait pas nonplus qui, côté palestinien, serait lié par un éventuel traité de paix signé parlui avec Israël.

Un passé quidemeure irrésolu

Autres bâtonsdans les roues pour les chances de parvenir à une solution à deux Etatsnégociée, la prise de conscience de plus en plus nette que ce n’est pas enrésolvant les problèmes créés par la guerre des Six Jours que l’on sedébarrassera de ceux qui remontent à 1948 et à la guerre d’Indépendance. Unétat de fait illustré à de nombreuses reprises par l’insistance desPalestiniens sur le « droit au retour » pour les réfugiés de 1948. D’autant quede plus en plus d’Israéliens, de droite comme de gauche, mais aussi issus de lagauche radicale, reconnaissent que, sur le plan moral, l’existence de villes,de quartiers et de kibboutzim construits sur les ruines de villagespalestiniens (comme Ramat Aviv, anciennement Sheikh Mouwannis) n’est ni plus nimoins justifiée que celle des implantations juives en Judée-Samarie. Aucontraire, bien souvent, la création de ces villes, quartiers et kibboutzim àl’intérieur de la Ligne verte a causé plus de souffrances aux Palestiniens quivivaient là autrefois que la construction d’implantations sur des terres quiétaient pour la plupart inhabitées.

Conséquence, deplus en plus de voix se sont élevées, à droite comme à gauche, pour unesolution à un seul Etat. Si les motivations et les points de vue sur laphysionomie qu’aurait ce futur Etat se révèlent radicalement différents, ilsemble toutefois y avoir au moins un consensus : tout le monde s’accorde à penserqu’il y a un conflit entre deux peuples vivant dans un seul Etat, entre leJourdain et la Méditerranée, et qu’il n’existe aucun moyen simple de lesséparer.

S’il est nonseulement prématuré, mais aussi ridicule de célébrer les funérailles de lasolution à deux Etats, il n’en est pas moins vrai que de plus en plusd’Israéliens étudient des alternatives au modèle classique des deux Etats pourdeux peuples, fondées sur les lignes de l’armistice de 1949. Des personnalitésimportantes du Likoud, comme l’ex-porte-parole de la Knesset Reouven Rivlin,l’ex-ministre de la Défense Moshé Arens et la vice-ministre des TransportsTzipi Hotovely, défendent désormais cette idée de solution à un seul Etat. Etpas seulement au Likoud : le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkinet le président de la coalition Yariv Levin, tout comme le président de HaBayitHayehoudi Naftali Bennett, ont appelé à annexer toute la zone C, soitenviron 60 % de la Judée-Samarie.

Autant desolutions que de courants

Les partisansd’une solution à deux Etats tendent pour leur part à négliger ces alternatives.Ainsi le Dr Toby Greene, directeur de recherche chez BICOM, centre de rechercheet de communication britannique pour Israël, a qualifié la proposition deBennett d’incohérente, « sachant que les Palestiniens n’accepteront jamais devivre comme des citoyens de seconde zone dans un pays qui ne serait pas leleur, sans le droit d’élire le gouvernement qui décide de leur vie quotidienne,tout comme de Juifs ne l’accepteraient jamais ».

Lui-même défendl’idée d’un retrait unilatéral de Judée-Samarie, qui créerait, selon lui, lesconditions d’une paix globale future, en dépit du précédent peu favorable crééà Gaza.

Aux XIXe etXXe siècles, les Juifs d’Europe étudiaient les réactions qu’ils pourraientadopter face à la montée de l’antisémitisme. Désormais, c’est une abondance de« solutions » au conflit israélo-palestinien qui est formulée, principalementpar les Juifs, en Israël et dans le monde. Au cours des décennies qui ontprécédé la Shoah, les Juifs avaient imaginé une multitude de solutions contrel’antisémitisme effréné : il y avait les socialistes et les communistes, lesJuifs libéraux et les Bundistes. Il y avait les Juifs qui émigraient enAmérique et se fondaient dans le melting-pot et les défenseurs du yiddish quise battaient pour préserver une culture juive laïque unique au monde. Il yavait des sionistes de tous bords et de toutes tendances idéologiques…

Aujourd’huiaussi, une myriade de solutions sont imaginées autour du conflitisraélo-palestinien, le problème le plus brûlant du judaïsme contemporain. Il ya les partisans de deux Etats et les partisans d’un seul Etat, lesannexionnistes et les défenseurs d’un « Etat pour tous les citoyens ». Il y ales unilatéralistes et les partisans d’un dialogue direct ; ceux qui prônentune séparation complète des populations et ceux qui sont pour une intégrationgraduelle des Palestiniens dans un Etat à majorité juive avec des symbolesnationaux juifs. Ces propositions diverses et variées ne sont pas seulement destentatives de trouver des solutions pragmatiques au conflit (même si toutesvisent précisément à cela) : elles reflètent aussi les visions de leursauteurs, qu’ils soient hommes politiques ou intellectuels.

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