Autorité palestinienne : Fayyad sur la sellette

De nombreuses voix appellent à la démission du Premier ministre palestinien

fayyad (photo credit: © Reuters)
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(photo credit: © Reuters)

Tensions politiques à Ramallah. Renforcé par une série devictoires électorales étudiantes et syndicales, le Fatah demande au chef del’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de remplacer le Premier ministre SalamFayyad par un membre du parti. Le Fatah, qui vient de remporter la majorité dessièges au sein des syndicats étudiants de quatre universités : Bir Zeit au nordde Ramallah, Bethléem, Al-Qods à Abou Dis et Hébron.

Trois autres victoires sont à compter dans des établissements d’étudessupérieures de Judée et Samarie, ainsi que dans des syndicats d’ouvriers enJordanie, au Liban et dans l’Union des Emirats arabes.
Le Fatah s’est réjoui de ces résultats, y voyant une motion de confiance pourAbbas et la politique du parti.
La défaite du Hamas et d’autres factions opposées au président palestinien aégalement été soulignée par le camp du Fatah.
Mais parallèlement, les tensions ont augmenté entre Abbas et Fayyad suite aurefus du second à remettre la lettre du chef de l’AP au Premier ministreisraélien Binyamin Netanyahou, il y a quinze jours. Une occasion saisie parceux qui demandent la démission de Fayyad.
“Mahmoud Abbas fait face à une pression croissante pour remplacer Fayyad par unPremier ministre issu du Fatah”, a déclaré une source proche du pouvoirpalestinien. Salam Fayyad n’est en effet pas membre du Fatah et dirige un partiminoritaire, appelé Troisième Voie, qui n’a obtenu que deux sièges auxélections parlementaires de janvier 2006. Son refus de délivrer la missive àNetanyahou aurait profondément embarrassé Abbas, selon un cadre du Fatah àRamallah. Les deux hommes se seraient rencontrés la semaine dernière pour uneréunion “amicale et positive” selon cet officiel qui a refusé cependant derévéler si les différends avaient été réglés.
Le conflit entre Abbas et Fayyad résulte également de l’annonce faite par leleader de l’AP d’un remaniement ministériel imminent. Remaniement qui, seloncertaines sources, signerait la fin du portefeuille des Finances pour Fayyad.Des pays occidentaux ont cependant averti le leadership palestinien qu’une miseà l’écart de Fayyad mettrait l’aide internationale de l’AP en danger, selon undiplomate occidental basé à Jérusalem.
“Entre l’enclume et le marteau”

 De son côté, le Hamas s’est employé à minimiser lesvictoires électorales du Fatah dans les universités de Judée et Samarie.“Comment ces élections peuvent-elles être considérées comme libres alors quetout étudiant votant pour le bloc islamiste est passible d’arrestation etd’emprisonnement ?”, s’est interrogé l’éditorialiste Khaled Amaryeh, faroucheopposant du Fatah. Et d’ajouter : “Cette peur n’est pas paranoïaque ouinfondée. Des dizaines d’étudiants ont déjà été arrêtés par l’armée israéliennepour avoir pris part à des activités estudiantines en faveur du bloc islamiste.Un étudiant qui désirerait voter pour ces factions doit prendre en considérationle risque de détention administrative israélienne ou l’incarcérationpalestinienne, voire les deux”. Pour Hani Muqbel, cadre du Hamas dans la bandede Gaza, lesétudiants de Judée-Samarie se sont retrouvés entre “l’enclume israélienne et lemarteau de l’AP” pour ce scrutin.

Les forces de l’Autorité auraient, selon lui, banni les soutiens du Hamas auxrassemblements de campagne sur les campus et auraient convoqué les leadersétudiants pour des interrogatoires.