« Deux monologues »

Yaïr Lapid propose une nouvelle approche du conflit israélo-palestinien.

Exit la stratégiemilitaire, place à la psychologie. « Le conflit avec l’Autorité palestinienneest avant tout un problème de méfiance », a affirmé le ministre des financesYaïr Lapid, invité phare de la conférence diplomatique organisée jeudi 24octobre par le Jerusalem Post. Le leader de Yesh Atid a présenté, devant descentaines de diplomates réunis au Daniel Hotel à Herzliya, le point de vue deson parti concernant le chemin de paix à emprunter.

« Ce conflit est dépeint sous les traits de David et Goliath, du petit chaperonrouge et du grand méchant loup, Lady Gaga et Madonna », a plaisanté Lapid.Avant d’ajouter, plus sérieusement : « Les anarchistes européens et tous lesbien-pensants s’en tiennent à l’idée suivante : si Israël est un Etat fort, ila probablement tort ».
Et de critiquer les militants des droits de l’Homme qui traitent le conflitisraélo-palestinien uniquement sous cet angle. « Je demande à ces militants :“Pourquoi êtes-vous si silencieux à propos du traitement réservé auxhomosexuels à Gaza ?” Ils marmonnent et essaient de changer de sujet, car celane correspond pas à leur histoire », a taclé Lapid. « Nous avons d’un côté unpays démocratique, qui traite les gays, les femmes et les minorités ethniquessur un pied d’égalité. Et de l’autre, une entité qui tue les chrétiens parcequ’ils sont chrétiens et les juifs parce qu’ils sont juifs, mais qui reste lavictime ».
Rien de logique

Lapid a souligné que le conflit n’avait rien de logique. S’ill’avait été, a-t-il fait valoir, les grands esprits qui s’y sont penchésl’auraient d’ores et déjà résolu. Mais, a continué le ministre, la source duconflit n’est pas non plus les frontières, les cartes, Jérusalem, les échangesde territoires, ni même le terrorisme palestinien ou les implantationsisraéliennes. « Le problème, c’est la peur, la méfiance, les traumatismes, lessouvenirs », a argué Lapid. « Comment des gens qui ne se font pas confiance,qui se détestent et qui ont peur les uns des autres pourraient-ils signer unaccord de paix et parler de coexistence ? », s’est-il interrogé.

« Le problème, c’est qu’il n’y a pas de dialogue, mais deux monologues. LesIsraéliens veulent la paix et la sécurité, les Palestiniens veulent la paix etla justice. Ces deux aspirations se ressemblent, mais elles sont différentes etnous n’en parlons pas, car nous ne savons pas comment les quantifier », a-t-ilexpliqué. « Nous avons besoin de psychologues et de psychiatres, pas degénéraux », a lancé l’élu.
Et de se dire opposé à la demande du Premier ministre Binyamin Netanyahou selonlaquelle les Palestiniens devaient reconnaître Israël en tant qu’Etat juif. «Depuis 2000 ans, nous avons toujours voulu la reconnaissance des autres, maiscela suffit. Nous nous donnerons nous-mêmes toute la reconnaissance dont nousaurons jamais besoin ».
Le ministre des Finances a également déclaré qu’une carte avec des frontièresdéfinitives était nécessaire. Celle-ci doit inclure des mesures de sécuritépour Israël et nécessitera l’évacuation de milliers d’habitants d’implantationsde Judée-Samarie. Lapid a dit qu’il ne faisait pas confiance à l’Autoritépalestinienne, mais espérait pouvoir y parvenir avec le temps. « Nous devonscombattre les émotions par les émotions. Là où il y a la peur, il faut fairerenaître l’espoir, laisser le processus de guérison commencer », a avancé ledirigeant.
Un diplomate étranger a salué l’impressionnante intervention de Yaïr Lapid,qu’il a qualifiée de « digne d’un futur premier ministre d’Israël ».