D’autres leaders de droite sont plus circonspects. Alléguant que lasolution d’un seul Etat menacerait la majorité juive et les normes humanitairesinternationales, le ministre de l’Economie Naftali Bennett, propose un plan en7 points pour gérer la situation à un seul Etat, mais pas pour solder leconflit.
Sous l’appellation d’« Initiative pour une stabilité israélienne », legouvernement annexerait la zone C, qui correspond à 61 % de la Judée-Samarie oùrésident la majorité des 300 000 habitants des implantations et seulement 50000 à 100 000 Palestiniens. Les Palestiniens en nombre relativement faible enzone C obtiendraient alors la pleine nationalité israélienne sans que cela nepèse de manière significative dans la balance démographique. Et les 2,5millions restant, installés sur 39 % des terres seraient pleinement autonomessous administration palestinienne.
La libre circulation des biens et des personnes serait assurée dans toute laJudée-Samarie et des investissements massifs seraient déployés pour promouvoircette coexistence et assurer sa viabilité. Israël continuerait d’assurer sasécurité dans toute la zone et aucun droit au retour dans ces territoires neserait accepté.
Mais tout comme la solution à un Etat, il y a fort à parier que ce plan Bennettserait lui aussi désapprouvé par les Palestiniens et la communautéinternationale. Après tous les événements qui ont marqué l’après-Oslo, aucunPalestinien n’accepterait de n’obtenir que 40 % des territoires disputés. De plus,en annexant irrémédiablement la zone C, le « plan de stabilité » infirmedéfinitivement la viabilité d’un Etat palestinien vivant en paix à côtéd’Israël.
Pour tenter de remédier à ces écueils, le ministre de la Défense, le députéDanny Danon, nouvellement élu président du comité du Likoud, propose quant àlui ce qu’il appelle une solution à 3 Etats, qui impliquerait Israël, laJordanie et l’Egypte.
Dans cette variation, Israël annexerait la zone C, les 40 % de la Judée-Samarierestants iraient à la Jordanie et Gaza serait rattachée à l’Egypte. Danon yvoit l’avantage qu’il n’y aurait pas dans ce cas d’Etat palestinien proprementdit. Mais c’est justement le talon d’Achille de cette variation, qui netrouverait preneur, ni chez les Palestiniens, ni chez les Jordaniens, ni chezles Égyptiens, et n’aurait pas non plus les faveurs de la communautéinternationale.
Une confédérationd’Etats
Une propositionbeaucoup plus sophistiquée, qui impliquerait aussi la Jordanie et l’Egypte, estcelle proposée par le général de réserve Giora Eiland, autrefois conseiller àla Sécurité nationale, et qu’il a exprimée pour la première fois à l’occasiondu retrait unilatéral de Gaza en 2005.
Eiland avance de nombreuses raisons, pour affirmer que la solution à deux Etatsest une chimère qui n’a aucune chance de fonctionner sur le terrain. D’une partparce que les deux populations sont trop différentes et que d’autre part, quandbien même ils tomberaient d’accord sur un certain nombre de points, les terressituées entre le Jourdain et la Méditerranée sont trop étroites pour permettrela viabilité de deux Etats côte à côte.
De plus Eiland maintient qu’une solution intérimaire comme celle de Bennettn’est pas envisageable, d’une part parce que les Palestiniens ne l’accepteraientjamais, et d’autre part parce que ce ne serait pas dans l’intérêt d’Israël quiconnaîtrait des pressions internationales constantes pour effectuer d’autresretraits dans les lignes d’armistice du 4 juin 1967, pressions quideviendraient vite intenables.
C’est pourquoi il envisagerait pour sa part une confédération d’Etats, ce quipermettrait d’augmenter les terres disponibles attribuées à chaque Etat. Unefédération jordano-palestinienne aurait son pouvoir central à Amman. LaJudée-Samarie, Gaza et la Transjordanie seraient des Etats fédéraux en accordavec la partition américaine.
Un tel arrangement présenterait un double avantage, d’une part les Palestiniensalignés avec les Jordaniens, auraient une viabilité plus grande que dans lapartition qui propose deux Etats, et Israël pourrait annexer une partie plusimportante des territoires disputés sans que cela se fasse au détriment de laviabilité d’un état palestinien minuscule et isolé.
L’Egypte, Israël et la Palestine se verraient contraints à des échangesterritoriaux. Dans cette variation, l’Egypte transférerait les 720 km2 du Sinaïà Gaza, triplant ainsi sa taille. La Palestine céderait 12 % (environ 720 km2)de la Cisjordanie à Israël. Israël céderait 720 km2 à l’Egypte dans la régiondu Paran au sud-ouest du Néguev et autoriserait la construction d’un tunneldans le Néguev qui relierait l’Egypte à la Jordanie, offrant à l’Egypte undébouché sur la mer Rouge et une voie terrestre directe qui ouvrirait surl’Arabie Saoudite et les pays du Golfe.
Le problème évident qui ressort de toutes ces réflexions, c’est qu’il est trèspeu probable que les Jordaniens, les Egyptiens ou les Palestiniens soient prêtsà accepter l’une ou l’autre de ces partitions, même partiellement, ni mêmed’envisager quelque combinaison que ce soit aménagée à partir de ces options.
Tous les regards se tournent alors vers Kerry qui vient de parvenir à ramenerles parties à la table des négociations, et Peres, qui exhorte les Israéliens àne pas laisser passer cette chance d’en finir avec le conflit. Reste à voir siles sceptiques ont raison de ne pas y croire. Un échec des pourparlers nemanquerait pas de donner un coup de fouet aux différentes initiatives de ladroite de la droite.