Mashaal : « toute la Palestine sera nôtre »

« Jamais nous ne reconnaîtrons l’occupation comme légitime ».

Mashaal and Haniyeh at Gaza rally 370 (photo credit: REUTERS/Mohammed Salem)
Mashaal and Haniyeh at Gaza rally 370
(photo credit: REUTERS/Mohammed Salem)
Lors de son grand retour à Gaza après 20 ans d’exil, le leader du Hamas adresse à une foule qui l’acclame un discours des plus virulents. Khaled Mashaal a réitéré son refus de « céder un seul centimètre de la terre de Palestine ». Le leader du Hamas, arrivé dans la bande de Gaza pour la première fois depuis 20 ans, vendredi 7 décembre, invective devant des centaines de milliers de membres, rassemblés à l’occasion du 25e anniversaire du Mouvement : « La Palestine, du fleuve à la mer, du nord au sud, est notre terre et nous ne cèderons jamais rien de son territoire ».
Derrière lui : l’emblème d’un missile longue portée M75, ainsi qu’un portrait du fondateur du Hamas, Ahmed Yassin.
Pendant ce temps, la foule chantonne gaiment que la prochaine fois, c’est en direction de Haïfa que les brigades armées Izzadin Kassam lanceront leurs roquettes. « La Palestine fut, est et sera toujours arabe et islamique », et d’ajouter : « La Palestine nous appartient à nous et pas aux sionistes. Jamais nous ne reconnaîtrons la légitimité de l’occupation israélienne. » Un discours très virulent, qui contraste nettement avec une interview récemment accordée à la journaliste de CNN, Christiane Amanpour. Où il affirmait que le Hamas acceptait un Etat palestinien selon les lignes d’avant 1967.
« Le djihad et la résistance armée sont les moyens les plus ‘droits’ de libérer la Palestine et de restaurer nos droits », annonçait pourtant Mashaal lors du rassemblement.
« Libérer la Palestine, et toute la Palestine, est un devoir, un droit et un but pour chaque Arabe et chaque Musulman. » « Libérer Yaffo, Haïfa, Sfat et Beersheva », restent les objectifs principaux. Selon lui, les efforts diplomatiques, comme les déplacements massifs de populations, ne servent à rien sans lutte armée. Mashaal accuse Israël de « forger et d’altérer » l’histoire et le caractère des Palestiniens et de leur terre, et presse l’Autorité palestinienne à reconsidérer sa stratégie « pacifique ».
« Israël a détruit l’Etat palestinien que des négociateurs ont mis des années à obtenir », note Mashaal. « Maintenant, faisons confiance à la résistance armée, fer de lance de notre programme ». Il appelle aussi à la fin des conflits entre le Hamas et le Fatah, ajoutant que son mouvement croit en la réconciliation et l’unité nationale. « La division est un désastre national », rapporte-t-il, « elle nous a été imposée lorsque certains ont refusé d’accepter les résultats des élections parlementaires de 2006 que le Hamas a gagnées. Mais oublions le passé, car aujourd’hui, c’est le jour de la victoire. » 
« Israël n’a aucun droit sur Jérusalem » 
Mashaal lance un appel aux pays arabes et islamiques de subvenir financièrement aux Palestiniens et de leur fournir des armes, en plus d’un soutien politique. « La résistance est un moyen et non pas un but », explique-t-il, « si le monde pouvait trouver un moyen de libérer la Palestine et Jérusalem et obtenir le retour des réfugiés sans résistance armée et sans sang répandu, nous l’accepterions. Mais nous tentons de convaincre le monde depuis 64 ans et il ne fait rien. Ne nous blâmez pas maintenant de choisir la lutte armée. » Le droit du retour pour les « réfugiés palestiniens » est sacré pour le chef du Hamas, qui affirme qu’Israël n’a « aucun droit sur Jérusalem, notre capitale éternelle que nous libèrerons centimètre par centimètre, quartier par quartier et pierre après pierre. » Mashaal rejette l’idée de créer un Etat palestinien en Jordanie car, selon ses mots « La Palestine est la Palestine, la Jordanie est la Jordanie ».
Il rassure aussi le Liban en niant toute ambition territoriale sur ses terres. Le chef du gouvernement du Hamas, Ismail Haniyeh, a lui aussi pris la parole lors du rassemblement : le Hamas travaille à l’établissement d’une stratégie arabe et islamique, pour libérer « tous nos territoires palestiniens occupés ». Selon lui, la victoire de Gaza lors de l’opération Pilier de défense marque le début de l’effondrement d’Israël.
Des représentants de plusieurs pays arabes et islamiques, tout comme quelques membres de partis européens, ont participé à la célébration. Selon les chiffres du Hamas quelque 3 000 personnalités d’Arabie Saoudite, du Liban, d’Egypte, du Qatar, du Bahreïn, du Koweït, de Turquie et d’Algérie se seraient rendues dans la bande de Gaza spécialement pour l’évènement, un des plus importants dans l’histoire du groupe islamique.
La télévision palestinienne « Palestine TV » a retransmis le discours de Mashaal en direct, une première depuis la violente prise de pouvoir du Hamas à Gaza en 2007. Un nouveau pas vers le rapprochement entre les deux factions.
C’est Azzam al-Ahmed, porte-parole du Fatah, et proche du chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a prié Mashaal d’appeler à la fin du conflit entre les deux entités.
« Le Fatah attend la fin des célébrations pour reprendre les négociations quant à une ‘réunification’. La division doit prendre fin afin que cette unité soit bénéfique à tous », a-t-il déclaré. Abbas doit rencontrer Mashaal au Caire très prochainement, pour parler des moyens de mettre fin à cette dispute. 
Abbas : « Il nous faut 100 millions de dollars » 
Abbas veut revenir au plan de paix de la Ligue arabe de 2002. Et ce, alors que le Premier ministre du Qatar, Hamad bin Jasem al-Thani, envisageait de reconsidérer la proposition. Mais contre toute attente, le chef de l’Autorité palestinienne a demandé à la Ligue arabe de réitérer ses engagements. Il a ainsi annoncé, à Doha, lors du sommet de la Ligue, qu’il serait prêt à se lancer dans un round de six mois de négociations, pendant lesquels Israël devrait geler ses constructions en Judée et Samarie et à Jérusalem- Est. Un appel qui fait suite à l’annonce de Netanyahou de reprendre la construction de 3 000 immeubles dans la zone E1, entre Jérusalem et Maalé Adoumim.
Israël a alors rétorqué que les négociations de paix ne passeront pas par des « préconditions », qu’il considère comme des « excuses » de la part d’Abbas pour éviter la paix.
Ces nouveaux échanges surviennent deux semaines à peine après la demande de reconnaissance à l’ONU de la Palestine, comme Etat observateur non membre. Abbas aimerait que les négociations reprennent là où elles s’étaient arrêtées en 2008, avec Ehoud Olmert, et exige donc, devant la Ligue arabe, le retrait d’Israël sur les lignes d’avant 1967.
Si les constructions avaient continué sous Olmert et ce, même pendant les négociations, Netanyahou est le premier à avoir imposé un moratoire de dix mois à partir de septembre 2009, un geste qui n’avait pourtant pas satisfait les Palestiniens.
« Nous souhaitons discuter le retrait d’Israël des territoires arabes et palestiniens, incluant Jérusalem, la libération des prisonniers palestiniens et la fin des constructions dans les territoires disputés. Nous souhaitons aussi le retrait de l’armée israélienne dans la vallée du Jourdain », a fait savoir Abbas lors du sommet.
Dans l’intervalle, le chef de l’AP a obtenu des membres de la Ligue une aide de 100 millions de dollars, en remplacement des taxes rétribuées au préalable par Israël, mais gelés suite à l’initiative onusienne.