Une victoire palestinienne ?

L’Eglise de la Nativité inscrite par l’Unesco comme site palestinien au Patrimoine mondial

unesco (photo credit: reuters)
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Des tonnerresd’applaudissements ont accompagné l’annonce du vote de la 36e session du Comitédu Patrimoine mondial. Vendredi 29 juin, l’Eglise de la Nativité de Bethléemest officiellement devenue le premier site palestinien, inscrit au Patrimoinemondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et laculture. Le vote secret du Comité, réuni à Saint- Pétersbourg (Russie), acomporté 13 voix “pour”, 6 “contre” et deux abstentions. Il marque la secondevictoire, en moins d’un an, du projet de création d’un Etat palestinien auprèsdes Nations unies et de ses diverses branches.

“Ceci offre de l’espoir à notre peuple et lui donne confiance en la victoireinévitable de notre juste cause”, a commenté Salam Fayyad. Pour le Premierministre de l’Autorité palestinienne, la décision “renforce sa déterminationdans la poursuite d’efforts qui visent à approfondir le devenir d’un Etatindépendant palestinien dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pourcapitale.”
Via un communiqué officiel, le bureau du Premier ministre israélien se désolede cette décision. Il accuse l’Unesco d’agir selon des considérations d’ordrepolitique plutôt que culturel. “Les Palestiniens prennent des décisionsunilatérales ; et au lieu d’avancer vers la paix, ils s’en éloignent.” Etd’ajouter : “Le monde devrait savoir que l’Eglise de la Nativité, lieu sacrépour le christianisme, a été profanée dans le passé par des terroristespalestiniens.”
La Palestine a été reconnue comme le 195e membre de l’Unesco, en octobredernier. Elle n’est toutefois pas identifiée comme un Etat membre des Nationsunies. L’Autorité palestinienne dispose actuellement des droits conférés danstoutes les branches de l’Unesco, dont le Centre du Patrimoine mondial.
Contestation de la procédure d’urgence

 Pour soumettrel’Eglise à la liste du Patrimoine mondial, l’Autorité palestinienne devaitrespecter une date limite.

Elle a ainsi demandé à ce que le site soit inscrit selon une procédured’urgence, justifiée par “le besoin urgent” de réparation, au regard desdangers provoqués par “l’occupation” israélienne dans cette zone.

Le conseil technique et scientifique du Comité du patrimoine mondial et sonsecrétariat ont cependant fait remarquer que le dossier ne respectait pas lescritères nécessaires pour être classé suivant la procédure d’urgence. Sur les21 Etats membres, 13 n’ont pas tenu compte de cet avis.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a annoncéla liste des pays ayant approuvé la décision : Algérie, France, Inde, Irak,Malaisie, Mali, Mexique, Qatar, Russie, Sénégal, Serbie, Afrique du Sud et lesEmirats arabes unis. Selon Palmor, l’Ethiopie, le Japon, la Suisse, l’Estonie,la Colombie et l’Allemagne ont voté contre. Le Cambodge et la Thaïlande se sontabstenus. D’après le diplomate, si les Palestiniens portaient vraiment unintérêt à la préservation de l’Eglise, ils auraient suivi la procédurehabituelle. Les Palestiniens, selon lui, “asservissent toutes les opportunités- historique, culturelle, économique - pour frapper Israël sans aucunfondement.”
L’ambassadeur israélien auprès de l’Unesco, Nimrod Narka, a déclaré àSaint-Pétersbourg que le comité avait fait une erreur en ignorant les conseilsde ses propres experts.
Aucun lien ne peut être établi entre les dommages du toit causés par l’eau, etl’inscription du site sur la liste suivant la procédure d’urgence. Et desouligner également que rien n’empêche la réparation du toit par l’Autoritépalestinienne.
L’ambassadeur américain auprès de l’Unesco, David Killion, s’est de son côtédit “profondément déçu par la décision”.