14e Festival du cinéma israélien à Paris

Comme chaque année, le Festival du cinéma israélien se déroule au cinéma des Cinéastes, qui se transforme pendant cette semaine en un formidable mini-Israël, avec une atmosphère électrique

Stéphane Freiss (photo credit: DR)
Stéphane Freiss
(photo credit: DR)

Nous avons rencontré Charles Zrihen qui, depuis 14 ans, se bat pour cette manifestation. Installé sur les chaises hautes du nouveau restaurant branché israélien Miznon, Charles, plus connu sous le nom de Charlie… Un stylo à la main, il corrige le projet d’affiche de ce 14e festival.

Une bouteille à la mer
Avec la pointe d’humour qui le caractérise, il fait quelques commentaires sur ce dessin, un des plus réussis et qui sera bientôt affiché dans tout Paris. Sur les flots verts, une bouteille renfermant une bobine de film déroulée se dirige vers Paris dont on aperçoit au loin un pont et la cathédrale Notre-Dame. Un rappel de Valse avec Bachir que Charlie avait adoré : cette année par ailleurs, il projette Le congrès, dernier film d’Ari Folman. Il soupire ; « Rien n’est acquis dans ce festival et chaque année, je dois ramer… ! », rit-il. On vient de lui apporter une pita fumante et fraîche remplie d’un mélange de viande et légumes des plus odorants. C’est Armelle au sourire énigmatique comme le chat d’Alice au Pays des merveilles, qui ne se départit jamais de sa bonne humeur et qui est la tête pensante du festival. De l’autre côté Raquel, l’Israélienne aux anneaux d’argent et aux allures d’une Béatrice Dalle à la voix rauque et à l’accent chantant résume la programmation. Il se tourne vers nous : « Voilà mon équipe, Charlie Angel’s », ajoute-t-il et ses derniers mots se perdent dans une de ses quintes de toux légendaires. Chaque année, il se demande si ce n’est pas la dernière : cela coûte de plus en plus cher, les nouvelles techniques sont hors de prix, faire venir les invités qui ont de plus en plus d’exigences est aussi très onéreux, mais, pour Charlie, pas question de faire ce festival sans la présence de metteurs en scène.
Les invités de 2014
Cette année c’est Avi Nesher, à qui l’on rend hommage en projetant trois de ses films dont le dernier est inédit : The wonders, ainsi que the Matchmaker et Secrets avec Fanny Ardent.
« C’est vraiment un des cinéastes pionniers en Israël. Quand nous avions passé La troupe, une des seules comédies musicales israéliennes avec Cazablan, c’était une merveilleuse soirée et tout le monde chantait en même temps : Carnaval à Tsahal… », et Charlie de s’étonner devant le peu de ses productions distribuées en France, « seul Au bout du monde à gauche est connu du public français… Ses films très classiques, ne parlent pas du conflit israélien, ils sont en prise avec la réalité israélienne et ne sont pas assez provocateurs pour attirer les distributeurs… En tous les cas nous le faisons venir et c’est un honneur pour nous. »
Autre invité dans ce festival : Joseph Pitchharze, l’Antonioni israélien. Sa rigueur et son esthétique lui ont valu tous les honneurs du pays, il vient présenter en avant-première sa dernière production Sweets avec ses deux acteurs fétiches Moni Moshonov et Ezra Kafri. Et puis autre chouchou du festival, Emmanuel Naccache, qui vient présenter son film pour la première fois : Kidon avec Tomer Sisley. Il avait eu le Prix du Public il y a quelques années avec une comédie hilarante : Le Syndrome de Jérusalem, mais n’avait jamais trouvé de distributeur.
Une programmation très variée
Le cinéma israélien, dont on connaît tous la montée en puissance depuis une dizaine d’années, continue de se diversifier et cette année le festival présente des films qui abordent un genre à la mode : le fantastique et le décalé avec Big Bad Wolves qui a été cité comme une référence par Quentin Tarentino ainsi que Goldberg et Eisenberg. Pour la seconde fois, sont programmés des best of de l’an passé comme La ballade du printemps de Benny Torati qui avait soulevé de la part du public un engouement inattendu et magnifique… Six Acts de Jonathan Gurfinkel avait provoqué un attachement particulier chez le jeune public et c’est bien cette cible que Charles Zrihen veut toucher, au-delà de la traditionnelle cohorte familiale de la communauté juive qui se rue au festival. « Nous avons aussi besoin d’un public plus diversifié », ajoute-t-il, « mais c’est difficile et la plupart du temps, ce sont des Juifs qui viennent ; pourtant il me semble que dans les festivals chinois ou indiens, on voit beaucoup de public diversifié ». Charlie hausse les épaules. « En plus il y a de plus en plus de coproductions franco-israéliennes », remarque-t-il. Cette année encore la talentueuse productrice Yaël Fogiel va projeter son film La dune de Yossi Aviram avec le casting le plus improbable que l’on puisse imaginer : la confrontation entre un fils et son père : Lior Ashkénazi face à Niels Arestrup. Etrange, mais ça fonctionne. « Et puis, sans les documentaires, que serait le cinéma israélien, véritable plate-forme de contestation, que nous attendons tous chaque année. Nos courts-métrages traditionnels d’école sont aussi de la partie cette année avec un coup de chapeau à l’université de Tel-Aviv, un des musts pour le cinéma et dont les élèves talentueux se révéleront de grands metteurs en scène ». Le meilleur pour la fin. Cette année tout en discrétion et en finesse, le festival a choisi l’acteur Stéphane Freiss comme parrain, un bon cru pour cette édition 2014 du festival israélien.
Du 1er au 8 avril : Cinéma des Cinéastes, 7, av. de Clichy, 75017 Paris
Pour plus d’information :
www.isratim.co.il
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