Le petit noir dans tous ses états

Un cadre supérieur israélien de Google écrit un livre sur le café. Au plus grand plaisir de nos papilles

Café (photo credit: alonhalevy.blogspot.com)
Café
(photo credit: alonhalevy.blogspot.com)

Alon Halévy ne connaissait rien au café. Mais, armé du fameux culot à l’israélienne, il a écrit un livre couvrant plus de 30 pays sur le sujet.

Les Infinies émotions du café, paru en anglais, retrace les liens entre chaque culture et le célèbre breuvage, sur plus de six continents. Israël fait l’objet du plus gros chapitre de l’ouvrage. Et selon l’auteur, ce n’est pas seulement parce qu’il est lui-même originaire de Rehovot. “Ce qui est intéressant en Israël, c’est qu’on y retrouve toute l’histoire du café de façon concentrée”, explique-t-il depuis son bureau californien, via Skype.

La boisson a tout d’abord été découverte en Ethiopie, avant d’atteindre l’Empire ottoman, en passant par le Yémen. Les Turcs ont ensuite fait connaître le café en . “En Israël, je peux aller dans une épicerie éthiopienne de Rehovot acheter des sacs de grains verts, non rôtis. Ensuite, des vieux amis yéménites de mes parents me montrent comment préparer le café avec des épices.

 Dans la Vieille Ville de Jérusalem et à Yaffo, vous trouverez le meilleur café turc traditionnel. Et à Tel-Aviv, on peut boire les meilleurs expressos italiens”.
 La passion du café d’Halévy est née suite à ses nombreux déplacements professionnels pour Google, où il est chef d’un projet de fusion de données. “Je voyage beaucoup pour mon travail, et je pars toujours à la recherche de cafés sympathiques. J’ai remarqué que mes expériences variaient beaucoup d’un pays à l’autre, quelle que soit la période de l’année. Je me suis interrogé sur les liens entre la culture et le café et j’ai commencé à faire des recherches. Avant même de comprendre ce qui m’arrivait, j’écrivais un livre”.
Publié à compte d’auteur en décembre, le livre de 159 pages contient 180 photos. La femme d’Halévy, Oriana, a joué les éditrices. “Son anglais est plus riche et plus correct que le mien”, précise-t-il modestement.
Génie de l’informatique
 Né en Israël en 1963, Halévy quitte son pays natal à 25 ans pour écrire sa thèse à l’Université de Stanford, en Californie. Son anglais sans accent est hérité de sa mère, une new-yorkaise qui a élevé ses deux enfants dans la langue anglo-saxonne. Son père est professeur de chimie au prestigieux Institut Weizmann à Rehovot, et le jeune Alon est aux premières loges lors du fracassant avènement de l’informatique. Il suit un cours de programmation, et “écrit un tas de logiciels pour le plaisir”, dont un pour gérer les finances du département de son père.”
“Un jour, le responsable du centre informatique me voit, âgé de 15 ans, sur l’un des ordinateurs. Il m’a demandé de vider les lieux. Mon père est intervenu et j’ai pu reprendre ma place. Mais il m’a fallu inventer ma propre formation, lire de la documentation visiblement rédigée pour des élèves plus âgés que moi, et apprendre au coup par coup, par le biais de mes erreurs”.
 
En voyant sa mère, professeure de musique, transposer avec peine des partitions pour chaque instrument, il imagine un logiciel capable de le faire automatiquement. “J’ai passé un an et demi pendant mes années de lycée à écrire ce logiciel et j’ai alors reçu un prix de l’Institut Weizmann, dans le cadre d’un concours international”. Halévy réussira même à convaincre ses professeurs de compter le projet dans ses examens du bac.
Pendant ses études supérieures d’informatique à l’Université de Jérusalem, il est également programmateur à l’Institut.
 
En sortant de Stanford, Halévy travaille pour AT&T Bell dans le . Avant d’enseigner l’informatique à l’Université de Washington, ville dans laquelle il crée le groupe CSE Database en 1998. Son expertise en intelligence artificielle le conduit ensuite à fonder deux startups : Nimble Technology et Transformic. Google intègre cette dernière en même temps que son créateur en 2005.
Marié depuis 2000, Halévy est père de deux enfants, Karina, 10 ans et Kasper, 6 ans. Tous les deux se sont intéressés à la passion de leur père pour le petit noir. “Kasper aime m’aider à rôtir les graines, et Karina regarde les compétitions internationales de barista sur Internet avec moi”, confie Alon.
 
Sur son blog, il recommande ses lieux de dégustation préférés en Israël. La liste comprend Arcaffé, parce que la chaîne sert sa boisson fétiche : le macchiatone (“un genre de cappuccino mais avec moins de lait”), ainsi que les cafés Tamar, Soucar, Tolaat Sfarim à Tel-Aviv, Capiot à Haïfa et Puah dans le marché aux puces de Yaffo.
“Ce n’est pas une liste exhaustive, mais simplement des endroits que j’ai aimés et que je souhaite mentionner”. Certains des lieux lui ont été suggérés par Ariel Rubinstein, professeur d’économie à l’Université de Tel- Aviv et lauréat du prix d’Israël, qui “gère toutes ses affaires dans les cafés”. Selon Halévy, c’est ce fameux culot à l’israélienne qui permet “de toujours parvenir à faire ce qu’on a à coeur de réaliser. Il faut juste se montrer créatif. Cela a été mon moteur en tant qu’entrepreneur, et cela continue aujourd’hui. J’ai été dans 30 pays différents et j’ai écrit un livre sur la boisson chaude la plus répandue au monde, sans être un expert. Aujourd’hui, j’ai de nombreux amis dans ce monde-là”.