Les lettres de Hanna

La publication des lettres de Hanna Szenes rédigées entre 1935 et 1944 met en lumière la jeune sioniste pétrie d’humanisme qui se cache derrière la légende

Les lettres de Hanna (photo credit: MIRI TZACHI)
Les lettres de Hanna
(photo credit: MIRI TZACHI)
Hanna Szenes mérite sans aucun doute le titre d’héroïne. Car si son œuvre poétique est très connue, c’est pour sa bravoure en tant que parachutiste qu’elle est restée dans l’histoire. Mais avant de s’enrôler comme combattante, elle a d’abord été une jeune fille ravie de vivre au kibboutz, intéressée par sa culture, contemplative en matière d’amour et très proche de sa famille.
70 ans après son exécution, le 7 novembre 1944, les lettres qu’elle a écrites à ses amis et à sa famille paraissent en hébreu, sous le titre Hanna Szenes, Lettres 1935-1944 (chez Livadech Tavini éditeur), ainsi qu’en anglais sous le titre You Alone Will Understand. Compilées par Anna Szalai, Gideon Tikotsky et le neveu de Hanna, Eitan Szenes, ces lettres dévoilent la femme qui se cachait derrière cette célèbre figure de l’histoire juive.
Correspondance de vacances
Dans cette correspondance, Hanna évoque des choses extraordinairement ordinaires : la tenue qu’elle porte pour travailler à la ferme, sa vie dans le village, les garçons avec qui elle flirte… La vulnérabilité que traduisent ces lettres la rend d’autant plus fascinante et proche de nous.
La correspondance débute et s’achève en Hongrie, où est née la jeune femme, mais la majorité des lettres ont été envoyées durant les deux années que Hanna a passées à l’école agricole de Nahalal, où elle est devenue une vraie Israélienne.
La première est datée du 18 juin 1935. Hanna, qui avait perdu son père, le dramaturge Béla Szenes, quand elle avait six ans, écrit à sa mère d’un village de vacances situé au bord du lac Balaton. « La beauté du lac Balaton est saisissante », raconte-t-elle. « L’eau est très agréable, on peut se baigner tous les jours. J’ai bronzé et juste au-dessus du cou, j’ai un peu brûlé, parce que le premier jour, comme il y avait des nuages et un peu de vent, je n’ai pas mis de crème solaire. »
Trois ans plus tard, c’est d’une autre station balnéaire qu’elle envoie une lettre à sa mère : « Ici, j’ai eu la chance de constater que les gens se rappellent encore Papa. Chaque fois que je dis mon nom, on me demande si je ne suis pas la fille de Béla Szenes. Et quand je réponds oui, les gens me donnent les titres de ses pièces et me disent qu’ils les ont toutes vues. »
Et d’une autre station balnéaire encore, deux semaines plus tard : « Nous avons des cours de gym. Nous faisons d’excellents exercices pendant 20 minutes, en short et sur des couvertures que nous étalons sur la pelouse. Ensuite, nous avons une faim de loup ; nous nous précipitons pour prendre le petit-déjeuner et nous terminons tout jusqu’à la dernière miette ! »
Quand Aniko devient Hanna
Alors que les lettres de Hanna à sa mère donnent l’image d’une jeune fille un peu frivole, ses idées sionistes commencent à naître. Elles apparaissent pour la première fois le 24 mars 1939 dans une lettre à Mihaï « Michaël » Fekete, un ami de la famille vivant à Budapest qui deviendra professeur de mathématiques à l’Université hébraïque de Jérusalem.
« Je me prépare pour les examens d’entrée à l’université et ensuite, j’adorerais partir en Israël », écrit-elle à cet homme qu’elle considère un peu comme son père adoptif. « Je veux choisir un métier qui me corresponde. Voilà pourquoi j’ai opté pour l’agriculture, même si ma chère maman préfère que je me tourne vers une profession plus intellectuelle. […] L’étude de l’hébreu marche plutôt bien », ajoute-t-elle. « Je suis très contente d’apprendre cette langue. » Et elle signe sa lettre « Aniko Szenes ».
Par la suite, elle demandera – en hébreu – à entrer à l’école d’agriculture pour jeunes filles de Nahalal. « Mon âme aspire à vivre en Israël », écrit-elle dans sa lettre de candidature, « et j’ai décidé d’apprendre un métier qui me permette de participer de façon active à la construction du pays… Entrer dans votre école sera le premier pas vers la réalisation de mon objectif dans la vie. Avec mes chaleureuses salutations sionistes, Anna Szenes. »
C’est dans une lettre du 21 juillet de la même année qu’elle modifiera son prénom pour signer « Hanna Szenes », ce nom qui deviendra célèbre. Ce jour-là, elle annonce à Fekete qu’elle vient de recevoir le certificat qui lui permet de partir en Israël.
« Je ne trouve pas les mots pour dire à quel point je suis heureuse », lui confie-t-elle. « Je vous suis très reconnaissante, à vous, mon professeur, pour vos efforts et votre gentillesse. »
Elle arrivera à Carmel deux mois plus tard. « La ville est magnifique », écrit-elle alors avec enthousiasme. « La mer, les montagnes, les belles maisons et la joie de vivre des gens, telles sont les premières choses que l’on remarque ici… Le centre d’accueil pour immigrants de Bat-Galim est grand et très bien, mais on ne peut pas dire que le confort soit sa caractéristique principale. Ce n’est pas un hôtel, mais une maison où tous les nouveaux arrivants peuvent trouver le gîte et le couvert gratuits pendant quelques jours. »
Agricultrice en herbe
Lors de ses débuts à l’école de Nahalal, elle raconte : « Nous avons visité une partie de la vallée. Elle est très belle et montre bien ce qui peut être fait dans le pays si l’on travaille dur. Nous avons d’abord vu les fermes et les maisons misérables des Arabes. Et puis, sont venues les colonies juives, belles et bien entretenues, où tout est vert, où les maisons sont propres et où j’espère que les habitants sont heureux. »
Dans une lettre à sa grand-mère Rosa, elle explique : « Nous sommes 170 élèves dans l’école, et 40 dans ma classe. En plus de mes tenues de travail, je mets des robes, des chandails et des chemises. Le samedi, je fais un peu plus attention [à bien m’habiller], mais la plupart du temps, nous portons des vêtements simples et confortables. »
Elle parle aussi à Juri, son frère, de cette approche décontractée de la mode, ajoutant : « Je ne vois pas beaucoup de femmes poudrées ici ! »
Décrivant son premier Yom Kippour dans le foyer juif, elle écrit : « Hier, nous avons jeûné. Pas tous, mais ceux qui le souhaitaient. Je ne peux pas décrire cette expérience de Yom Kippour ici, dans cette colonie juive d’Israël. Les mots hébreux, tout autour de moi, sont continuellement chargés de sens. Il règne un silence complet dans tout le pays. Et même si des enfants jouent au football et crient dans la forêt, à côté de la synagogue, on sent une atmosphère de fête, comme dans la plus calme des synagogues de Hongrie. »
Chants en hébreu et injures en hongrois
Elle indique que ses études vont durer deux ans. « J’espère me spécialiser dans la laiterie et dans le travail à l’étable. Ma chambre est assez grande. Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas de mouches, de sorte que je dors bien. Mes compagnes de chambre reçoivent des visites de leurs proches, ce qui fait que je me sens seule. Je m’empresse alors de penser que ce ne sera plus nécessairement le cas très longtemps. » Les premiers échos de la Seconde Guerre mondiale apparaissent dans une lettre qu’elle écrit à son frère. Celui-ci étudie l’ingénierie textile à Lyon, en France.
« Ne songe pas à t’engager dans l’armée ; si tu faisais cela, je n’aurai pas un moment de tranquillité », plaide-t-elle. « Ici, la situation est détendue, tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. Nahalal est au centre d’une zone complètement juive et, tout près, il y a un garde en permanence. Tout est calme, même si l’on entend parfois des tirs côté arabe. »
Deux mois plus tard, en décembre 1939, elle décrit une fête à Haïfa : « Nous avons dansé la hora, qui est une danse moderne, et des Czardas [danse folklorique hongroise]. Nous avons aussi beaucoup chanté en hébreu et en hongrois. Le couvre-feu, qui veut dire l’interdiction de circuler en voiture le soir, et l’obligation d’éteindre toutes les lumières, qui dataient de l’époque où nous étions sans cesse attaqués, ont été supprimés.
En février 1940, elle raconte : « Il y a eu le bal du Technion de Haïfa [l’institut israélien de technologie], mais c’était bien trop élégant pour moi, cela ne convenait pas à une fille comme moi, qui travaille. »
Dans une autre lettre, elle décrit le moshav de Nahalal : « La terre est divisée entre 70 ou 80 familles. Je pense qu’un millier de personnes (ou peut-être un peu plus, maintenant que beaucoup d’immigrants sont venus travailler pour les familles d’agriculteurs) vivent ici. Le village est construit en cercle et au milieu, il y a ce qui serait la rue principale ailleurs. Il y a des vergers, des jardins et la terre est très bonne : c’est l’une des régions du pays où la terre est la plus fertile. »
Dans ses lettres, Hanna Szenes ne perd jamais une occasion de faire de la poésie : « Je n’ai jamais vu un coucher de soleil aussi beau », s’épanche-t-elle. « Des nuages orange, derrière les montagnes couvertes de bleu marine, et avec ça, les palmiers, les vergers d’orangers et de citronniers, un tableau de la Terre d’Israël si authentique qu’il faut le voir pour croire qu’il est réel ! »
En janvier 1940, elle écrit à sa mère : « Mon travail est un vrai plaisir. Je lave les vaches, habillée en pantalon, en bottes et en tablier de caoutchouc. (Je n’ai pas peur un seul instant, Maman, je ne te ressemble pas sur ce plan-là.) Mes camarades de classe de Budapest se boucheraient le nez si on les obligeait à faire ces tâches, qui me semblent, à moi, parfaitement naturelles. Si une vache refuse de lever la patte (pour que je puisse la traire), je ne me gêne pas pour l’injurier puisque personne ne parle hongrois ici ! »
Amours et famille
Hanna évoque souvent ses problèmes avec le sexe opposé dans ses lettres. A son frère, elle confie par exemple : « La seule chose qui ne va sûrement pas te plaire, c’est que je n’ai pas de vrai petit ami. Je sais que, pour toutes les raisons que nous connaissons, tu préférerais que je t’annonce mon prochain mariage. Mais ce n’est pas du tout au programme : je ne regarde même pas les garçons »
« En fait, ce n’est pas vrai », rectifie-t-elle ensuite, « parce qu’au début, je les regarde. Je leur souris, ça les fait craquer et, le soir, ils commencent à me passer des messages par l’intermédiaire des autres filles, des messages où ils me proposent d’aller me promener un peu avec eux. En général, j’y vais, mais je m’aperçois vite que c’est une perte de temps et je deviens froide comme un glaçon, je fais la tête et je me renferme sur moi-même comme un escargot. »
Plus tard, à sa mère, elle expliquera : « Pour ce qui est des garçons, il ne se passe pas grand-chose ici. Je ne sais pas d’où ils surgissent, on dirait que la saison a soudain commencé. Mais il n’y en a pas un seul qui ait l’air d’être sérieux – enfin, aucun qui m’intéresse – alors je n’ai rien à t’écrire à ce sujet. Je n’aime pas les amitiés instantanées, qui naissent au bout d’un ou deux rendez-vous… Mais ne panique pas, Maman : je ne joue pas les maîtresses cruelles qui piétinent les jeunes cœurs bafoués… »
Ses lettres évoquent également la famille. Entre autres, Hanna parle de ses tentatives de faire traduire les livres de son père en hébreu. A sa demande, le poète Avigdor Hameiri a déjà traduit le plus célèbre d’entre eux, Csibi.
Elle raconte par ailleurs à sa mère un spectacle auquel elle a assisté : « Hier, les acteurs du théâtre Habima sont venus et ils ont joué La mère, de Karel Capek. J’ai vraiment beaucoup aimé. C’est un sujet de notre temps et je me suis rendu compte que je m’identifiais aux personnages. J’ai beaucoup pensé à toi. Il y avait dans la pièce bon nombre de situations qui m’ont rappelé ce que nous avons nous-mêmes vécu. »
Une ferme de vieilles filles
Dans un envoi ultérieur, elle raconte : « Nous sommes allés dîner à Tel-Aviv et avons été dans un théâtre appelé Hamataté [le balai]. On y joue des parodies politiques qui sont pleines d’esprit et d’humour. C’est amusant, tout en abordant des sujets sérieux. J’ai beaucoup aimé. »
Elle écrit aussi à son ami Eva Sashe : « Je suis contente de mes progrès en hébreu », lui dit-elle. « Je commence à me familiariser avec la poésie hébraïque, je lis des poèmes de Rachel, de [Shaul] Tchernichovsky, de [David] Shimonovitz (Shimoni), de [Haïm Nahman] Bialik, de [Zalman] Shneour. J’ignorais que nous avions une littérature aussi riche. Mais le plus important, c’est la Bible. C’est un grand plaisir de la lire dans la langue originale. »
Une autre fois, Hanna décrit à sa mère ce qu’elle a vu à l’occasion d’une excursion en Galilée : « Tout est aussi beau que dans un conte de fée ». Puis elle évoque la vie au moshav : « J’aime le rythme calme et régulier, mais la compagnie me manque… pas la ville, en revanche. Comme tu le vois, je n’ai pas passé mes vacances en ville, même si tous les gens que je connais y habitent. Je continue de penser que l’agriculture est la profession la plus importante ici. »
Ses lettres ne sont toutefois pas exemptes de critiques. Même si elle affirme à son frère « Il n’y a pas un métier que je refuserais de faire (j’ai tout essayé, du ménage au ramassage des poubelles, sans conséquences négatives) », elle exprime bientôt son impatience devant le manque d’avancement. « Il est temps que tout le travail que j’ai effectué me conduise à une profession, et cela m’ennuie que ça ne soit pas encore arrivé », écrit-elle. « Dans l’ensemble, le programme de l’école néglige beaucoup de choses importantes. Cet endroit ressemble à une ferme de vieilles filles. On cherche à nous éduquer comme telles, mais ça ne se passe pas si facilement avec nous. »
Chez moi, dans mon pays
Les lettres de Hanna n’évoquent pas la Seconde Guerre mondiale qui fait rage en Europe, à quelques rares exceptions près.
« Dans un avenir proche, je ne pourrai peut-être plus t’écrire, et cela me peine de savoir que tu vas t’inquiéter pour moi », annonce-t-elle à son frère.
« Nous sommes prêts pour cette guerre, qui va peut-être se rapprocher de nous, mais puisqu’il faut que nous soyons nés parmi la génération qui doit subir cela, je suis heureuse de me trouver dans un pays où je me sens chez moi, dans mon pays. » Entre-temps, Hanna s’est installée au kibboutz Sdot Yam, à Césarée.
« J’ai décidé d’aller dans un jeune kibboutz, car j’espère y trouver un foyer », explique-t-elle à sa mère dans une lettre datée du 23 décembre 1942. « Il est sur la plage. C’est un endroit ravissant où il y a beaucoup de jeunes, je m’y sens bien. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas trop dur… Après le travail, je lis, j’écris, j’étudie, parfois nous faisons la fête, nous chantons, nous dansons, nous jouons à des jeux et il arrive aussi que nous ayons des réunions. En ce qui concerne les garçons, il n’y a rien de nouveau. J’en ai rencontré beaucoup, mais pas encore « le bon ». Alors ne t’inquiète pas, je ne me marierai pas dans un proche avenir… »
Pourtant, il y a quelqu’un à cette époque dans la vie de Hanna. Elle s’en ouvre à son amie Mary Isaac dans une lettre de mai 1943, évoquant son histoire d’amour avec un garçon du Palmach. « Une amie est arrivée avec un type qui ressemblait à celui que tu voulais que je rencontre pour mon anniversaire, il y a deux ans. Une bonne tête sur les épaules, bon danseur, yeux rieurs. Il m’a tout de suite plu… Deux jours plus tard, nous nous promenions déjà au clair de lune, sur la plage ou dans les collines, jusque tard dans la nuit. Nous n’avons pas peur de nous embrasser, mais cela ne va jamais plus loin. La question que je me pose à présent, c’est : dois-je continuer à mettre une barrière entre nous, ou faut-il laisser les choses suivre leur cours ? »
Une assurance-vie de 2 000 forints
Tout change pour elle fin décembre 1943, si l’on en croit une lettre à son frère, qui a quitté la France pour l’Espagne : « Après-demain, je me lance dans quelque chose de nouveau. C’est peut-être fou, peut-être fantastique, sans doute dangereux. Il y a peut-être une personne sur cent, une sur mille, une sur dix mille qui y laisse sa vie… Je dois te le dire, je dois m’en excuser, il faut que je prépare ce moment où tu seras à l’intérieur des frontières de ce pays, où tu seras impatient de me voir et où tu demanderas : “Mais où est-elle ?” et où on te répondra d’un air grave : “Elle n’est pas là”. Vas-tu me comprendre ? Vas-tu me croire si je te dis que ce qui m’attire, c’est autre chose qu’un désir de petite fille de vivre une aventure, autre chose qu’un amour de jeunesse ? Comprendras-tu qu’il fallait que je fasse cela ? Il existe dans la vie des événements auprès desquels l’existence humaine est peu de chose, un jouet sans valeur, des moments où l’on est obligé de d’agir, même au prix de la vie elle-même. »
Au terme de cette lettre déchirante, elle ajoute : « Je veux que tu saches que j’ai une assurance-vie de 2 000 forints pour Maman… »
Ce n’est là que le début du drame. Quand son frère arrive enfin en Israël, après avoir surmonté mille difficultés au plus fort de la guerre, il a l’occasion de voir sa sœur une unique fois. Vêtue d’un uniforme de l’armée britannique, Hanna s’apprête à partir en mission. Un voyage dont elle ne reviendra pas.
Ce jour-là, un photographe amateur a immortalisé le frère et la sœur sur la promenade de Tel-Aviv. Et quand il a demandé où il devait envoyer la photo, on lui a répondu : « A Maagan, un kibboutz hongrois. »
Un droit et un devoir
Sur le trajet qu’elle parcourt pour aller sauter en parachute au-delà des lignes ennemies, au cœur de l’Europe nazie, Hanna rédige encore des lettres. En mars 1944, signant du nom d’emprunt « Hagar », elle écrit avec une franchise brutale à Yehouda Braginsky, membre du Mossad pour la deuxième Alya. « Je marche le cœur joyeux, parce que je le veux et avec une conscience très claire des difficultés qui m’attendent. Je considère cette mission comme un droit et un devoir. Et l’idée que vous êtes là, derrière nous, m’aidera partout et dans toutes les situations. »
A sa mère, restée à Budapest, elle écrit le même mois : « Ma chère maman, dans quelques jours, je serai près de toi… et pourtant très loin. Pardonne-moi, tâche de me comprendre. Je t’envoie un million de baisers… »
Le même jour, le 13 mars 1944, elle envoie également une lettre de Bari, en Italie, à ses amis du kibboutz : « Membres du kibboutz de Césarée, mes chers amis, par la mer, par la route ou par les airs, en temps de guerre et en temps de paix, nous marchons tous vers un objectif commun. Chacun de nous défend notre sol. Il n’existe aucune différence entre une tâche et une autre. Je penserai souvent à vous, parce que c’est cela qui me donne de la force. Avec mes plus chaleureuses pensées, mes amis, Hanna. »
Le dernier écrit de Hanna est un message que sa mère trouvera dans la poche de la chemise qu’on lui remet à la prison, après l’exécution de sa fille par un peloton d’exécution allemand, début novembre 1944.
« Ma maman chérie et adorée, je n’ai pas de mots. Je peux juste te dire cela : un million de mercis. Pardonne-moi si tu peux. Je t’aimerai pour l’éternité. Ta fille… » 
Une biographie de Hanna Szenes signée Martine Gozlan vient de paraître en français aux éditions l’Archipel. A la fois biographie, récit et enquête sur les lieux où a vécu et souffert la jeune fille, ce livre s’appuie également sur ses journaux et sur de nombreux témoignages. http://www.editionsarchipel.com/livre/hannah-szenes/
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