Les lois de la terre

Les lois viticoles sont parmi les plus anciennes

vigne (photo credit: Reuters)
vigne
(photo credit: Reuters)

Les lois rabbiniques et bibliques sur la fabrication du vincasher sont les plus anciennes de toutes les lois viticoles. Celles relativesaux vignobles remontent à la Bible. D’autres, qui concernent les entreprises etautres services viticoles, datent de l’époque talmudique. Il existe des loisqui mettent l’accent sur la terre, et d’autres qui tiennent simplement du bonsens agraire. Certaines d’entre elles peuvent paraître symboliques aujourd’hui,mais elles soulignent pourtant les questions les plus existentielles de laspiritualité et la responsabilité sociale à l’égard du matérialisme. Et àl’époque, elles étaient révolutionnaires.

Observer la casherout est essentiel pour tous les Juifs orthodoxes. Et beaucoupde Juifs laïcs achètent également du vin casher pour Pessah ou pour le Kiddoush.
Néanmoins, les réglementations sur le vin diffèrent de celles appliquées à lanourriture. Là où la casherout alimentaire se tourne vers l’origine du produit,la casherout sur le vin observe celui qui en a la responsabilité.
Pour que le vin soit certifié casher, les vignerons doivent suivre les règlessuivantes : 1. Seuls les Juifs qui respectent le Shabbat sont aptes à s’occuperde la production et à toucher les équipements viticoles à partir du moment oùle raisin arrive dans l’entreprise vinicole. Par conséquent, un fabricant devin juif non orthodoxe n’est pas autorisé à prélever des échantillons descuves.
2. Seuls des produits ou substances casher peuvent être utilisés dans leprocessus de fabrication viticole. Levures et ustensiles doivent être certifiéscasher et ne doivent surtout pas provenir de produits dérivés animaliers. Unpeu à la manière des règles standards ISO 9000, la source de chaque ustensiledoit être connue, surveillée et approuvée.
En souvenir du Temple

En Israël, les producteurs de vin casher doiventégalement respecter les lois suivantes, qui remontent à l’époque où le paysétait une société agraire : a) Orla : durant les trois années qui suivent leurplantation, les fruits de la vigne ne doivent pas être utilisés dans le processusde fabrication du vin. La quatrième année, la vigne peut donner des fruits, etle fabricant a alors l’autorisation de disposer du raisin.

b) Shmita : l’année sabbatique. Tous les sept ans, les champs doivent êtreremis en jachère et au repos. Néanmoins, à cause des réalités économiques, la pratique est aujourd’hui plussymbolique qu’autre chose. c) Kilai hakerem : élevage croisé. Faire pousser des légumes et des céréalesentre les ceps de vigne est interdit.
d) Troumot et maaserot : les dons prélevés sur la production à l’attention desCohanim. Un minimum d’1 % de la récolte est donc mise de côté et non soumise àbénéfices en souvenir des 10 % de la dîme autrefois réservée pour le service duTemple de Jérusalem.
Par la suite, les règles rabbiniques ont été ajoutées pour éviter qu’un Juif neboive ce qui est nommé yayin nesech, littéralement, un vin utilisé par lesnon-Juifs pour exécuter des libations lors de l’adoration des idoles. Ou stamyeinam, un vin ordinaire produit par et pour des non-Juifs.
Vin cuit, vin doux, vin casher

Les vins mevoushal (vin cuit) doivent êtrepasteurisés, et demeurent casher même lorsqu’ils sont servis par un Juif qui nerespecte pas le Shabbat. C’est parfois une condition pour les traiteurs casherà l’occasion de réceptions et de banquets.

Même si cela peut sembler compliqué, c’est en réalité plus simple qu’il n’yparaît. Les règles d’orla et de kilai hakerem sont généralement de mise au seinde l’industrie viticole dans son ensemble, de par leur souci agricole.
Quant aux restrictions à propos du vigneron, elles peuvent paraître frustrantespour un producteur artisanal, mais les établissements casher y sont habitués.En outre, si quelque chose est interdit car non casher, des alternativesacceptables sont toujours possibles.
Dans l’ensemble, le mode de fabrication pour un vin casher ou non casher est lemême. Faire du bon ou du mauvais vin n’a rien à voir avec le fait qu’il soitcasher ou non.
Les Juifs qui respectent strictement toutes les règles de casherout ontaujourd’hui la possibilité de boire du très bon vin casher. Et les non-Juifspeuvent déguster des vins médaillés d’or, plébiscités par la critiqueinternationale, sans remarquer qu’il s’agit de crû casher. Bien sûr, de là àdire que le vin doux bien souvent utilisé pour le Kiddoush ou les autresbouteilles de sirupeux privilégiés pour les bénédictions sur le fruit de lavigne sont des produits de qualité, il ne faut pas exagérer. Il existe uneréelle différence entre vins doux et vins de table casher.
Le concept de vin mevoushal, par contre, est plus controversé. Et souffre d’un problème d’image. Pour beaucoup, un vin cuit ne peut pas êtreun vin haut-de-gamme. Certaines entreprises vinicoles se sont ainsispécialisées dans la pasteurisation des vins, qui réduit les effets négatifssur la qualité. Mais il est vrai que tous les bons crus casher, produits en Israël et àl’étranger, ne sont pas du yayin mevoushal.

Obéir à la mitsva de la Mishna

La tradition impose de boire 4 coupes de vin, lesoir du Seder de Pessah. En fonction du menu et du nombre de convives, voiciquelques conseils pour choisir vos bouteilles. Les marques Carmel Ridge, DaltonCanaan, Recanati Yasmin et Yarden Mont Hermon proposent des rouges et desblancs, fruités, à des prix raisonnables, et qui se boivent facilement. Idealpour un soir de Seder pour ceux dont le budget n’est pas illimité.

Chaque famille a ses traditions. Certaines privilégieront du vin rouge qu’ellesconsidèrent plus approprié. D’autres préféreront du blanc car le rouge renvoiealors au sang sacrifié. Beaucoup commencent par un vin doux pour la premièrecoupe, pour éviter de boire du vin le ventre vide.
A votre convenance. Mais vous pouvez alors le servir glacé, il n’en sera queplus savoureux.
Il existe aussi des vins demi-doux, peu alcoolisés et légèrement pétillants.Pour tous les âges. Les vins faibles en degrés d’alcool s’avéreront unemeilleure solution pour toute la famille que le sempiternel mélange vin/jus deraisin, un sacrilège ! Il est parfois coutume dans certains foyers, decommencer par un vin de qualité pour la première coupe, considérée comme laplus importante.
En ces temps de fête typiquement juive, peut-être est-ce aussi l’occasion desélectionner uniquement des crus locaux. Comme dit précédemment, la Terrepromise n’a plus à rougir des produits de sa vigne. En général, la semaine quiprécède Pessah, les rayons des supermarchés sont remplis de vins israéliens dequalité à des prix préférentiels.
Seder oblige. Car la Mishna rappelle bien la mitsva de la fête : boire 4 coupesde vin, en toutes occasions.