De l’amour comme s’il en pleuvait

Changement de tactique. Barack Obama a enfin compris que les Israéliens ont besoin d’être rassurés.

Netanyahu and Obama at airport 390 (photo credit: White House)
Netanyahu and Obama at airport 390
(photo credit: White House)
Il nous a eus. Cela a commencé avec le mot « Shalom »,prononcé sur le tarmac de l’aéroport Ben-Gourion. Et si ce n’était pas « Shalom», alors cela a été, 33 mots plus tard, une phrase entièrement prononcée enhébreu : « Tov lihiot shouv baaretz » (Il est bon d’être de retour en Israël).
Et si ce n’était pas encore ça, alors cela a été la fin de son bref discours debienvenue : « Je sais que notre alliance est éternelle. Elle existe à jamais –lanetzah ». Encore une fois, de l’hébreu. Cette fois-ci, c’était officiel :Barack Obama nous avait fait fondre.
Dès le départ, il était clair qu’il avait eu les médias. Les plus grandes starsjournalistiques étaient venues l’attendre à l’aéroport, se répandant ensuperlatifs sur Air Force One.
Tandis que l’avion présidentiel, traqué comme si la fusée Apollo retournait surla Terre, pénétrait dans l’espace aérien israélien, Irit Linor commentaitl’Obamania sur les ondes militaires. Et de plaisanter : si le pays accueillaitde telle sorte le président américain, que resterait-il pour l’arrivée duMessie ? Nous sommes une nation qui se sent isolée, rejetée et haïe dans larégion, incomprise à l’étranger. Les artistes nous boycottent et les Européensne nous aiment pas beaucoup.
Or, nous aimerions tant être acceptés, compris et aimés. Et au regard de notrehistoire, qui pourrait nous en blâmer ? A peine arrivé, Obama nous a exprimécet amour. Des tonnes d’amour. L’amour dont nous nous languissions pendant ces4 années où, du moins au début, le président américain pensait que faire bougerles choses au Proche-Orient passait par prendre ses distances avec Jérusalem –et avec nous.
Certes, même à l’époque « il-est-normal-que-les-Etats-Uniset-Israël-ne-soient-pas-d’accord-sur-tout », Obama faisait des efforts sansprécédent pour notre sécurité. Mais nous n’étions pas entièrement, ou mêmepartiellement, satisfaits.
Car, les enfants veulent-ils que leurs parents mettent des gardes du corpsdevant leurs foyers ou s’équipent de systèmes d’alarme dernier cri tout enallant jouer aux cartes avec leurs brutes de voisins ? Non, les enfants veulentla chaleur réconfortante de leurs parents ; les enfants veulent être câlinés.
Israël, une rédemption sans précédent 
D’aucuns qualifieront cette attitude d’immature.Ils diront qu’il est temps de grandir et qu’au lieu de quémander des signespublics d’affection, nous ferions mieux d’être contents de ces fortes relationsmilitaires et sécuritaires. Mais Israël possède de solides liens sécuritairesavec d’autres pays également. Et l’Etat hébreu souhaite, ou a besoin, davantagede la part des Etats-Unis. Que voulez-vous, nous sommes ainsi faits ! Dans uncontexte où nos voisins, tout comme d’autres, n’intègrent pas, loin s’en faut,notre droit et notre légitimité à vivre sur cette terre, se voir entourésd’attentions de la part de l’homme le plus puissant au monde a toute sonimportance. Et c’est que qu’a fait Obama. Il l’a fait en déclarant, àl’aéroport, que le peuple juif avait « cultivé la terre ici, prié Dieu ici »,ou « la création du l’Etat juif d’Israël est une renaissance, une rédemptionsans précédent dans l’Histoire ». Il l’a fait à la résidence du présidentShimon Peres en citant le Talmud et en affirmant que les Etats-Unis étaient lemeilleur ami d’Israël.
Nous avons entendu ces paroles. Nos ennemis ont entendu ces paroles. Le peupleaméricain a entendu ces paroles.
Plus tard, Obama s’est rendu chez le Premier ministre pour 5 heures dediscussions avec Binyamin Netanyahou. Derrière les portes closes, fini lesembrassades, place aux inévitables désaccords. Mais ces derniers sont restésdans l’enceinte de la résidence.
A l’extérieur, Obama a martelé que les Etats-Unis soutiennent Israël. Loin,très loin, des divergences significatives qui avaient émergé entre les deuxleaders à la Maison Blanche, il y a 4 ans. Les questions commençant par « Et si? » ne sont jamais constructives. Mais on ne peut s’empêcher de se demandercombien de frustrations, de détériorations et de colères auraient pu êtreévités, en Israël comme aux Etats- Unis, si Obama avait fait ce voyage etadopté cette approche au début de son premier mandat.