Inde : l’auteur de la tuerie de Bombay est exécuté

Appelé héros par les siens, Muhammad Ajmal Kasab a été pendu en Inde, à l’approche du 4e anniversaire de l’attentat

iNDE (photo credit: Reuters)
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Mercredi 21 novembre, l’Inde a exécuté dans le plus grand secret le dernier des responsables encore en vie du carnage de Bombay. Cet attentat, perpétré par une brigade terroriste basée au Pakistan, avait causé la mort de 166 personnes, le 26 novembre 2008. L’exécution, intervenant à la veille des jours de commémoration du 4e anniversaire de l’attentat, a suscité une vive émotion.
Le pakistanais Muhammad Ajmal Kasab incarnait, aux yeux de la population indienne, les répercussions sanglantes du massacre. A l’époque, l’attentat avait traumatisé le pays et faisait redouter des attaques du même ordre dans d’autres villes. Les portraits du jeune terroriste, vêtu d’un T-shirt noir et armé d’un fusil AK-47, traversant la gare de Bombay au pas de course, ont fait le tour du monde.
Kasab a donc été pendu, mercredi matin, de façon confidentielle, indiquant très clairement que le sujet est resté sensible sur les plans politique et diplomatique, entre les rivaux de toujours, dotés chacun de l’arme nucléaire : l’Inde et le Pakistan.
«Grâce à cette exécution, justice a été rendue à tous les officiers et membres de la police qui ont perdu la vie dans la lutte contre le terrorisme», a déclaré Sushil Kumar Shinde, ministre indien de l’Intérieur, après la pendaison de Kasab dans la prison de Pune, au sud de Bombay.
Kasab avait été jugé et condamné pour 86 chefs d’inculpation, notamment pour meurtre et déclaration de guerre envers l’Etat indien. C’est la première fois depuis 2004 qu’une telle sentence est rendue dans le pays.
L’annonce de l’exécution a été saluée dans les rues de Bombay et d’autres villes, tandis que des groupes islamistes au Pakistan ont violemment réagi, notamment à Faridkot, village natal de Kasab. Dans les villes indiennes, on tirait des feux d’artifice tout en distribuant des bonbons.
Contrairement aux habitudes de la justice indienne, ordinairement lente et laborieuse, l’exécution de Kasab s’est décidée très rapidement. Au Pakistan, on accuse l’Inde d’avoir accéléré la procédure, en raison de la nationalité du condamné. Certains remettent en cause sa culpabilité, malgré les preuves accablantes sur vidéo.
Le gouvernement pakistanais avait été informé à l’avance de l’exécution de son ressortissant, comme l’a confirmé l’un des membres du ministère des Affaires étrangères, sous couvert d’anonymat. «Si toute la procédure judiciaire est réglementaire, cette décision n’a rien de choquant, en soi», admet cet officiel.