Israël : maintenir avant tout la sécurité en Egypte

Pour Jérusalem, il faut d’abord empêcher que le pays ne sombre dans le chaos avant de se préoccuper de démocratie.

P4 JFR 370 (photo credit: Amr Abdallah Dalsh/Reuters)
P4 JFR 370
(photo credit: Amr Abdallah Dalsh/Reuters)

Les Etats-Unis et l’Union européenne s’inquiètent des dérivesantidémocratiques qui ont cours en Egypte ces derniers jours. Mais pour Israël,il s’agit avant tout d’éviter que son pays voisin ne s’effondre. « Ladémocratie n’est pas à l’ordre du jour », a ainsi réagi une source proche dugouvernement, dimanche 18 août, commentant la position israélienne sur lasituation égyptienne. « Ce qui l’est, c’est de préserver des autorités en étatde marche. C’est seulement après qu’on pourra essayer de restaurer ladémocratie ».
Selon cette source, dans les conditions actuelles, seule l’armée égyptiennepeut empêcher le plus grand Etat arabe de sombrer dans le chaos. « Si on écarteles militaires, on aura la Syrie ou la Libye. Que cela nous plaise ou non,personne d’autre ne peut diriger l’Egypte actuellement ». Tel est le message deJérusalem, a poursuivi le haut fonctionnaire, aux gouvernements étrangers quicherchent à connaître la position israélienne sur la situation égyptienne.
Contrairement aux Etats-Unis et à l’Europe, en tant qu’Etat voisin, Israëlsubit directement les conséquences des événements au Caire. C’est une chose,continue la source, de siéger à Washington ou à Bruxelles et d’évaluer lasituation à froid, mais c’en est une autre de se trouver à la frontièreégyptienne, avec la perspective de voir son important voisin plonger dansl’anarchie.
« Accepter la réalité » 
Ces commentaires arrivent alors que des appels se fontentendre outre-Atlantique pour supprimer l’aide d’1,5 milliard de dollarsannuels allouée à l’Egypte par les Etats-Unis. Quant à l’Union européenne, ellea annoncé dimanche matin la tenue d’une réunion dans les jours prochains pour «urgemment réévaluer » ses liens avec Le Caire suite au bain de sang de lasemaine dernière à l’encontre des Frères musulmans. Selon les dernièresestimations, près de 800 personnes ont trouvé la mort dans les affrontementsentre l’armée et les islamistes.
Reconnaissant que la situation en Egypte est « très mauvaise » et que l’Etathébreu « ne l’aime pas », le haut fonctionnaire a néanmoins confié au JérusalemPost qu’« on peut réprimander le général Abdel Fattah el-Sisi autant qu’onveut, en fin de compte, on aspire tous à un gouvernement capable de diriger lepays ». Dans le cas contraire, prévient-il, l’Egypte peut sombrer dans uneanarchie qui serait exploitée par des représentants locaux des forcesdjihadistes mondiales. « Nous en sommes là », constate-t-il. « Il fautcontempler la réalité telle qu’elle est. Et elle est mauvaise. On peut toujoursdire que nous aurions pu agir différemment il y a deux mois, mais il faut désormaisaccepter la situation et réfléchir à comment s’en sortir. Sinon, cela sera pire».
La position d’Israël est donc de soutenir l’armée pour ramener l’Egypte dans ledroit chemin. « Concrètement, cela veut dire ne pas amoindrir ou menacerl’armée », tout en exigeant que la violence cesse. Et le responsable derappeler que des « dizaines » de policiers et soldats ont également été tués aucours des récents événements.