Législatives françaises, nouveau round ?

Daphna Pozanski a tiré sa révérence des rangs de l'assemblée. Entretien avec David Shapira, qui pourrait prétendre à la remplacer.

2002JFR08 521 (photo credit: DR)
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 Né à Paris en1965, David Shapira (de son nom d’origine français Edouard Spira) a fait lechoix de l’Aliya en 1983, après son baccalauréat. Il s’engage au sein desforces de Tsahal puis obtient un diplôme d’enseignement de Bible et Talmud.Journaliste, il a dirigé l’un des tout premiers sites Web d’informationsisraéliennes en langue française, puis officié comme chargé de recherches ausein de l’Institut de planification politique du peuple juif.
Docteur en histoire de l’université Hébraïque de Jérusalem, en 2005, il estl’auteur d’une biographie sur le Grand rabbin Jacob Kaplan et d’une étude surl’histoire de l’antisémitisme en France. Il dirige actuellement une société degestion de patrimoine immobilier et termine une licence de droit.
Pourquoi vous présentez-vous aux législatives ?
Je suis, de par mon parcourspersonnel, proche de la culture française et israélienne à la fois. Mon bagageculturel et ma volonté d’aider mes frères (et mes soeurs), installés dans unemême communauté de destin, me poussent à me présenter à ce poste afin de faireentendre leur voix et celle d’Israël.
Aucun député, ni candidat inféodé à l’un des deux grands partis politiquesfrançais, ne pourra infléchir la politique extérieure de la France enversl’Etat d’Israël. Mais pour ma part, je conserve ma qualité d’indépendant et «pour Sion, je ne me tairai point », surtout au sein de l’Assemblée nationale.
En quelques mots, comment voyez-vous le rôle d’un député des Français del’étranger ? 
Cela consiste tout d’abord à être à l’écoute de toutes lestracasseries liées aux formalités administratives d’un résident français àl’étranger. Le député doit être accessible et largement présent dans la régionde ceux qu’il représente s’il veut jouir d’une réelle crédibilité. Il doit êtreen contact permanent avec les autorités qui représentent la France en Israël,intervenir auprès des consulats et, le cas échéant, jouer de sa position pourégalement intervenir au sein de l’administration et des responsables politiquesfrançais.
Les problèmes d’intégration rencontrés par nos compatriotes sontincommensurables et les francophones en Israël n’ont pas réussi politiquement àfaire entendre leur voix au sein de la Knesset. Un député français, installé enIsraël et également impliqué dans les rouages du système israélien, peut apporterune aide conséquente. Je ne suis pas un « parachuté » que personne ne connaît.Je vis ici depuis trente ans, je vis le terrain (excepté deux années de missionà Paris pour le KKL) et suis tout à fait au courant de la situation.
Quels sont vos thèmes de campagne ? 
Je ne suis pas né dans une marmitepoliticienne. Mes thèmes sont simples et ils concernent les Français àl’étranger et plus particulièrement ceux qui, comme moi, ont choisi de vivre enIsraël. Je veux les aider dans la mesure du possible, user de toute moninfluence pour que l’Etat français prenne l’entière responsabilité de sesconcitoyens qui vivent en Israël, que ce soit pour assurer leur sécuritéphysique et également financière, comme s’ils vivaient dans le territoirefrançais.
Je suis également israélien et j’estime que la possibilité de faire entendre lepoint de vue israélien sur la vision du monde est une extraordinaireopportunité. Je n’aurai que de cesse de rappeler ce que représente la nationisraélienne entourée de pays dont les révolutions tournent au cauchemar. Enplus d’une voix française qui défendra les intérêts des Français en Israël, ily aura une seconde voix qui évoquera Israël dans l’hémicycle français.
Mon engagement est la suite naturelle d’un militantisme qui me colle à la peaudepuis mon adhésion à l’âge de 11 ans aux Eclaireurs israélites de France.
Vous allez vous présenter en tant que candidat indépendant, lors desprécédentes élections, les 2 candidates des principaux partis français (PS etUMP) se sont retrouvées au second tour, ne pensez-vous pas qu’être sansétiquette vous porte préjudice ? 
La liberté et l’indépendance d’esprit ont unprix et je suis prêt à l’assumer. C’est un inconvénient, certes, à premièrevue, mais cela reste un immense avantage. La liberté d’exprimer une opinionsans craindre les foudres d’un parti politique est une sûreté qui permetd’accomplir sa mission dans la plus grande équité.
Les Français d’Israël se sont peu mobilisés lors des précédentes élections,le scrutin s’est joué avec les Français expatriés des autres pays de lacirconscription, comment allez-vous faire campagne auprès d’eux ? 
Je me rendraisur place et je tenterai de les convaincre. Je fais mien l’adage de Jules César« Veni, vidi, vici »… Toutefois, les dés sont dans les mains des Françaisrésidant en Israël, c’est pour eux le moment de prendre leur destin en main parles voies de la démocratie.
Qui aviez-vous soutenu lors des précédentes élections ?
Mon coeur balançaitentre Gil Taieb et Daphna Poznanski.
Ces deux candidats étaient à mes yeux tout à fait appropriés pour nousreprésenter dans l’hémisphère. J’ai rendu visite à Daphna à l’Assemblée, enaoût dernier, pour la féliciter car elle méritait réellement ce poste. Et puisil y a eu cette terrible sanction du Conseil constitutionnel qui invalide sonélection pour un vice de procédure lié au financement de la campagne.Aujourd’hui trois anciens et bons candidats sont inéligibles pendant un an.
Seule Valérie Hoffenberg est apte à se représenter, que pensez-vous de lacandidate ?
Je n’ai rien à déclarer au sujet de Valérie Hoffenberg que je neconnais pas. J’affirme juste qu’il serait plus judicieux de choisir un candidatqui réside en Israël depuis un certain temps. De plus, l’UMP ne s’est pas nonplus réellement montré favorable à Israël. Se souvient-on que Nicolas Sarkozy asoutenu l’entrée des Palestiniens au sein de l’UNESCO ? D’autre part, je meméfie du Parti socialiste et de son ressentiment farouchement anti-israélien.Il est loin le temps des socialistes des années 1950. Nous devons nousdémarquer des partis politiques français. C’est un vote local pour unepopulation qui a des besoins particuliers.
La précédente campagne a été assez venimeuse, n’avezvous pas peur de vouslancer dans la fosse aux lions ?
Personnellement je m’engage à ne pas répandredes insanités sur les candidats qui se présenteront. Chacun a le droit de fairevaloir sa personne. Je ne compte pas réagir à ce qui pourra être dit sur moncompte. Je fais confiance à l’intelligence des électeurs.