Pourquoi avoir voulu la mort d’Arafat ?

Rien ne prouve qu’Israël a éliminé Arafat. Mais tout indique qu’il aurait eu toutes les bonnes raisons de le faire

Yasser Arafat 311 (photo credit: REUTERS)
Yasser Arafat 311
(photo credit: REUTERS)

Israël a-t-il tué Yasser Arafat ? C’est la questionsoulevée par l’Autorité palestinienne occupée à exhumer son corps la semainedernière, afin que les enquêteurs français puissent procéder à son autopsie. Al’origine de cette soudaine interrogation, l’annonce faite par un institutsuisse sur les restes d’un poison nommé polonium, trouvés sur les vêtements dudéfunt.
Mais la vraie question ne serait-elle pas plutôt : pourquoi Israël aurait-ilvoulu tuer Arafat ? Pour y répondre, penchons-nous sur le rôle du raïs à cetteépoque.
Etait-il juste un dirigeant politique ou un méga-terroriste à la tête de laguerre terroriste la plus systématique et meurtrière jamais endurée par Israël? Yasser Arafat est décédé en novembre 2004, après quatre ans d’une campagneterroriste de l’AP, également appelée « seconde Intifada ». Un millierd’Israéliens avaient déjà été assassinés dans des attentats en provenance desterritoires de l’AP, sous sa tutelle.
Arafat a-t-il dirigé cette campagne terroriste ? Si tel est le cas, il appartiendraità la même catégorie que des chefs terroristes comme Oussama ben Laden et lechef du Hamas Ahmad Yassine, éliminés par les Etats-Unis et Israël, dans lecadre d’opérations de guerre contre un terrorisme judicieusement traqué par lesdémocraties.
Les preuves abondent, démontrant qu’Arafat était bien l’instigateur de ce typede guerre contre Israël.
Tout d’abord, l’Autorité palestinienne encourageait activement et glorifiait leterrorisme dans ses structures contrôlées par le raïs.
La télévision publique officielle de l’AP a été utilisée à maintes reprisespour appeler à tuer les Juifs au nom de l’islam. Pour exemple, Ahmed YoussoufAbou Halabiah, leader religieux palestinien, prêchait sur ses antennes : « LesJuifs sont des Juifs... il faut les abattre et les assassiner, selon lesparoles d’Allah... Il est interdit d’avoir pitié dans vos coeurs pour lesJuifs, en tout lieu et en toute terre... Là où vous les rencontrez –tuez-les...
N’ayez aucune pitié, assassinez-les, partout » (PA TV, le 13 octobre 2000).
De même, le religieux Dr Muhammad Ibrahim Madi : « J’ai été ravi quand un jeunem’a dit : ‘ô, Cheikh, j’ai 14 ans, et je vais me faire exploser parmi lesennemis d’Allah’... Nous les exploserons à Hadera, nous les exploserons àTel-Aviv et à Netanya... ils ne plieront que devant la couleur du sang de leurpeuple immonde. Ils ne plieront que lorsque nous nous ferons sauter de notreplein gré et volontairement parmi eux » (PA TV, le 3 août 2001).
Hier comme aujourd’hui, la télévision palestinienne reste le porte-paroleofficiel de l’AP.
Il est impossible que des injonctions comme celle de tuer des Israéliens/Juifsaient pu être relayées à intervalles réguliers pendant quatre ans, sans quetelle soit la volonté d’Arafat.
Rendre à Arafat ce qui appartient à Arafat 
Deuxième indicateur qu’Arafatsoutenait les assassinats : la façon dont l’AP rendait hommage à ceux quiréussissaient à tuer des Israéliens, y compris les terroristessuicides.
Exemple, la télévision palestinienne diffusait en boucle une chanson enl’honneur de Wafa Idris, la première femme terroristesuicide, responsable d’unmort et de plus de 150 blessés israéliens. Et en 2003, le ministère palestiniende l’Education organisait le tournoi de football Abd Al-Baset Udeh pour lesjeunes de 14 ans, nommé d’après le terroriste-suicide responsable de la mort de31 Juifs au Seder de Pessah de l’hôtel Park à Netanya. Chaque équipe du tournoiétait baptisée d’après un terroriste différent (Al-Hayat Al-Jadida, le 21janvier 2003).
Autre exemple : un tournoi de football, parrainé par ses plus hauts dirigeants,comme Arafat, Saeb Erekat, le Mufti, le ministre des Sports et autres.L’événement honorait les « martyrs de la lutte nationale palestinienne » et leséquipes étaient nommées d’après 24 « martyrs », dont : Yahya Ayyash, lefabricant de bombes du Fatah ; le chef du mouvement terroriste Front Populairepour la Libération de la Palestine Abou Ali Mustafa ; Dalal Moughrabi du Fatah,dont le détournement d’un bus a tué 37 Juifs ; et 21 autres « martyrs ».
Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres.
Arafat et l’Autorité palestinienne orchestraient activement la guerreterroriste. Pour preuve : les témoignages mêmes des dirigeants de l’AP.
En 2002, l’année où 452 Israéliens ont été assassinés dans les attentatspalestiniens, Mazen Izzadin, directeur adjoint de l’Education nationale del’AP, proclamait fièrement à la télévision palestinienne que Yasser Arafatdirigeait les événements : « Si nous voulons être sincères et ouverts, l’histoirerévélera un jour que l’Intifada d’Al-Aqsa et toutes ses injonctionsappartiennent au président et commandant suprême Yasser Arafat » (PA TV, le 28mai 2002).
Ashraf al-Ajrami, ancien ministre des Prisonniers de l’AP, a même crédité leraïs de la guerre terroriste : « Le maître de la résistance est, sans aucundoute... Yasser Arafat.
Même cette Intifada, que le Hamas a tenté de s’approprier injustement, de forceet frauduleusement, appartient à Yasser Arafat seul... Le plus grand nombre deprisonniers [palestiniens] font partie des forces de sécurité de l’AP [sousArafat]. Ce sont eux qui ont porté les armes et effectué les opérations[militaires] les plus grandes et les plus importantes » (PA TV, le 29 juin2009).
Le « nous » commanditaire 
Plus d’une fois, les dirigeants de l’AP ont soulignéla stratégie de duplicité de Yasser Arafat : condamner la terreur, en façade,devant l’Occident pour dissimuler sa responsabilité et en parallèle, orchestreret encourager le terrorisme palestinien.
Sultan Abou al-Einein, actuellement conseiller de Mahmoud Abbas, a expliqué : «Yasser Arafat condamnait les opérations martyres [c-à-d, lesattentats-suicides] en des termes très sévères. Mais en même temps, il estclairement établi qu’il a financé ces opérations militaires » (Al-Qods, le 6avril 2009).
Même l’actuel chef de l’AP, Mahmoud Abbas, a publiquement admis que ce sontArafat et l’Autorité palestinienne qui ont commandité les meurtres. Lors d’uneinterview pour la télévision palestinienne, Abbas plaidait pour la libérationde tous les terroristes des prisons israéliennes, disant : « Je demande [lalibération] de prisonniers, parce que ce sont des êtres humains, qui ont faitce que nous leur avons ordonné de le faire, nous - l’Autorité [palestinienne].Ils ne devraient pas être punis tandis que nous sommes assis à la table denégociations. C’est la guerre. L’un [Israël] ordonne à un soldat de tuer, etj’ai ordonné à mon fils, mon frère, ou autres, de remplir son devoir derésistance. L’un a tué, et l’autre a tué » (PA TV, le 14 février 2005).
Abbas a admis que le « nous » – l’AP dirigée par Arafat - avait donné lesordres de tuer. Les tueurs, selon Abbas, ont simplement suivi les ordres, et «fait ce que nous, nous, leur avons ordonné de faire. » Selon Abbas, Arafatenseignait à son peuple que tuer des Israéliens, même des civils, constituaitun « devoir de résistance ». Il a incontestablement été le leader de la guerreterroriste, responsable de l’assassinat de plus de 1 000 civils israéliens. Seschefs religieux appelaient à tuer des Juifs. Ses réseaux sociaux et ses médiasglorifiaient ceux qui avaient réussi à assassiner des Israéliens.
Alors, Israël a-t-il tué Arafat ? Certes, il n’existe aucune preuve à cela,mais là n’est pas la question essentielle. Ce qui compte, c’est son rôle dechef terroriste, qui ne le rend nullement différent de ceux qui ont appuyé surla détente ou déclenché des ceintures d’explosifs.
Il est mort en 2004. Plus de 1 000 Israéliens ont été assassinés sous latutelle de Yasser Arafat. Il ne s’agissait pas d’un simple leader politiquependant un conflit, il menait une guerre terroriste qui ciblait et tuait descivils à chaque fois que l’occasion se présentait.
Si Israël voulait l’éliminer, c’était amplement justifié.