Prière républicaine

Hommage en la synagogue de la Victoire : une cérémonie imposante par son affluence et sa solennité. François Hollande, Manuel Valls, Benjamin Netanyahou ont témoigné leur douleur

Plus de 2000 personnes étaient présentes pour rendre hommage aux victimes. Dans la foule, Benjamin Netanyahou, le président de la République française François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls (photo credit: EREZ LICHTFELD)
Plus de 2000 personnes étaient présentes pour rendre hommage aux victimes. Dans la foule, Benjamin Netanyahou, le président de la République française François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls
(photo credit: EREZ LICHTFELD)
Le moment était poignant. Une cérémonie du souvenir à la mémoire des 17 personnes assassinées en 3 jours, à Paris, Montrouge et Vincennes, a rassemblé 2 000 personnes à la synagogue de la Victoire. Un office géant, organisé dans l’urgence par le Consistoire, auquel a assisté un parterre de personnalités impressionnant.
Du côté français, le président de la République François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, la maire de Paris Anne Hidalgo et plusieurs autres hommes politiques, artistes, écrivains occupaient les premiers rangs.
A l’issue de la marche officielle, Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a tenu à rester à Paris pour assister à cet office. Il était accompagné notamment des ministres Avigdor Liberman, Naftali Bennett et de Natan Sharansky, président international de l’Agence Juive.
C’est un président du Consistoire de France et de Paris, Joël Mergui, ému aux larmes, qui a pris la parole pour prononcer des mots forts et émouvants. Et de se déclarer profondément touché par la présence de la France dans les rues de Paris ce dimanche après-midi et le soir à la Victoire. Mergui a rappelé, si besoin était, que les juifs ont été haïs, mais n’ont jamais failli, et que jamais dans les synagogues, la haine n’a été enseignée.
Comme l’ancien Grand Rabbin de France, Haïm Joseph Sitruk, qui avait espéré voir un avant et un après Ilan Halimi, le président du Consistoire a rappelé que nous souhaitions aussi un avant et un après Mohamed Merah, et désormais, un avant et un après 11 janvier 2015.
Joël Mergui a interpellé directement François Hollande et Manuel Valls : « Comment entendre en 2015 que les juifs de France ont peur ? Les juifs sont inquiets pour leurs enfants, et ils sont inquiets pour l’avenir du pays où vivent leurs enfants ». Sans omettre de mentionner : « Vous avez réhabilité les rues de Paris salies en juillet par les cris de mort aux juifs ». Enfin, il a cité l’exemple de Charlie Hebdo qui sera publié à 1 million d’exemplaires par solidarité. Il a demandé aux juifs de France, par solidarité, de revenir dans les synagogues et de manger casher.
Accueillis à bras ouverts
Pour le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, la France est redevenue ce 11 janvier le phare du monde. Et si, selon lui, le sentiment de solitude est la pire des choses, il s’est soudain senti entouré par la France et moins seul face au terrorisme. Il a répété sa confiance en Dieu, en la pérennité des juifs de France, en leur destin.
Enfin, il a rappelé que jamais les juifs ne se sont cachés, même dans les pires moments : « Nous ne serons jamais des planqués de l’Histoire ».
Rappeler le nom des disparus fait bouger leurs lèvres dans leur tombe a rappelé le Grand Rabbin Korsia. En leur mémoire, 17 bougies ont été allumées par des enfants, des proches et la dernière par Eva Sandler, durement éprouvée à Toulouse par la perte de son époux et de ses deux fils, et par Latifa Ibn Ziaten, dont le fils militaire a été assassiné par Merah à Montauban en 2012.
Ce fut alors au tour du Premier ministre Israélien, Benjamin Netanyahou, de prendre la parole devant une foule conquise par avance et émue par sa présence. Il a d’abord rendu hommage aux forces de l’ordre françaises, intervenues pour sauver les otages juifs et traquer les coupables. Puis assuré les juifs de France et le peuple français que « plus nous serons touchés, plus nous serons forts car la justice et la vérité sont avec nous. Notre ennemi commun est l’islamisme radical, pas l’islam, ni l’islam non extrémiste. L’ennemi est l’islamisme radical, ça c’est la vérité. » Une dernière phrase qu’il a tenu à prononcer en français, comme pour mieux appuyer ses propos, alors que le reste de son discours était traduit par le député Meyer Habib.
Le Premier ministre israélien a mentionné les courtes distances entre la fatwa contre Salman Rushdie, le meurtre de Théo Van Gogh et les attaques à Toulouse ou Paris contre Charlie, Montrouge et Hypercacher.
Selon lui, le retour de milliers de terroristes du Djihad devra être géré par une lutte implacable au niveau européen. Il est impensable de laisser l’arme atomique aux mains d’islamistes radicaux, et il est impossible de laisser l’Iran l’obtenir.
Israël sera aux côtés de l’Europe, a-t-il affirmé. Et il souhaite aussi que l’Europe soit aux côtés d’Israël dans ce combat contre la terreur et pour le respect des valeurs communes de démocratie et des droits de l’homme.
Enfin, Netanyahou a rappelé aux juifs de France leur droit total de vivre en sécurité dans chaque endroit où ils ont choisi de vivre. « Mais les juifs ont aussi maintenant leur Etat, et Israël accueillera les juifs de France à bras ouverts s’ils font le choix de l’aliya », a-t-il affirmé.
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