Les mythes de 1967 et les réalités d’aujourd’hui

Quarante-cinq ans après la guerre des Six Jours, Israël peine à sortir du piège que constituent les territoires de Judée-Samarie

67 (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

En 1967, la guerre des Six Jours résultait de l’effort arabede “rayer Israël de la carte”. Un remake de la guerre de 1948 qui s’étaitsoldée par un cessez-le-feu temporaire, vu le manque d’intérêt de la plupartdes dirigeants arabes pour un accord de paix à long terme avec Israël. C’est laraison pour laquelle il n’y a jamais eu de frontière pré-1967 entre Israël etla rive ouest du Jourdain - pourtant l’un des nombreux mythes qui faussent laperception internationale du conflit.

Autre idée préconçue : lors de cette guerre de 1967, Israël aurait occupé la“Jérusalem-Est palestinienne et la Cisjordanie.” Un territoire occupé,justement, par la Jordanie, pendant la guerre de 1948, et d’où Israël a étéattaqué à plusieurs reprises. La Jérusalem sacrée et historique étaitsystématiquement fermée et profanée au cours de cette période. Ce n’est qu’en1967 que la présence juive y a été restaurée.
Et tandis que le gouvernement israélien adoptait la politique d’échange deterres contre une paix tant attendue, la Ligue arabe, réunie à Khartoum,claquait la porte au nez de toute négociation ou accord, et pour toujours. Cequi marquait le début inopiné des colonies de peuplement, construites sur labase du refus arabe.
Mais c’est de l’histoire ancienne. Pourtant, aujourd’hui, 45 ans plus tard, lesmythes sont fermement ancrés dans les campus universitaires à travers le monde(qui ne sont pas toujours des puits de connaissance sur le Moyen-Orient), etparmi les journalistes étrangers, diplomates, dirigeants politiques et même denombreux Israéliens. Nonobstant les accords d’Oslo, qui ont créé une Autoritépalestinienne semiautonome, avec un gouvernement semi-souverain, la populationd’environ 1,5 million de personnes de Cisjordanie (la Judée et Samarie, selonla Bible et le mandat britannique) est généralement considérée comme étant sousoccupation israélienne, telle une forme moderne de colonialisme.
A certains égards, la victoire de 1967 et l’impasse qui a suivi ont constituéun piège pour Israël, comme les Palestiniens l’ont compris depuis longtemps.
Plus que le terme inapproprié d’”apartheid”, et les campagnes BDS (boycotts,désinvestissement et sanctions), l’occupation et le statut juridique instablede ces territoires sont une véritable hémorragie dans les ressourcesisraéliennes déjà limitées. Outre les mesures de défense devant le terrorismede masse, les attaques mortelles aux missiles, les attentats sur les routes,une anarchie inquiétante règne au sein d’un petit pourcentage de Juifs qui ontérigé des avant-postes dans ces zones.
Rompre le statu-quo

En 1977, le Premier ministre Menahem Begin, un démocrateardent qui avait affirmé avec force le droit des Juifs à vivre dans n’importequelle partie de leur patrie historique, rejetait les appels d’annexion. Ilavait compris qu’Israël ne pouvait inclure ce territoire sans octroyer à lapopulation arabe tous les droits démocratiques, ce qui aurait mis en péril lepatrimoine culturel juif, et la structure politique et sociétale du pays.

Cette réalité fondamentale n’a pas changé. Depuis lors, les efforts israélienspour sortir de ce piège ont échoué. Le plan d’autonomie de Begin pour les“résidents arabes de la Terre d’Israël” - développé dans le cadre denégociations de paix avec l’Egypte - et qui devait contrer la pression de JimmyCarter pour créer une patrie palestinienne dirigée par Arafat et l’OLP, n’amené nulle part.
Plus tard, la façade de paix incarnée par le processus d’Oslo s’est effondréeavec le terrorisme de masse, et la déclaration unilatérale du retrait de Gaza,y compris de toutes les forces militaires israéliennes, n’a pas non plus connude fin heureuse. Les résolutions Sharon-Bush auraient pu déboucher sur unchangement fondamental, avec une reconnaissance américaine de “blocsd’implantations reconnus” le long de la “Ligne verte” de 1949-1967, enl’échange de limitations israéliennes. Mais alors, l’administration Obama aretiré l’approbation des Etats-Unis, ce qui s’est avéré être une erreurcolossale.
Par conséquent, le statu quo post-1967 se poursuit, sans examen consciencieuxet soigneusement pesé du prix et des avantages d’une occupation permanente pourIsraël, en l’absence de frontières définies ou d’un système juridique etdémocratique acceptable.
Parallèlement, les idéologues de Droite et de Gauche ont développé leursmythologies. Des mythes, comme le transfert forcé ou volontaire de millions dePalestiniens, et, à l’autre pôle du spectre politique, “une paix immédiate”naïve fondée sur le retrait jusqu’aux lignes pré-1967, sans aucune garantie demettre fin aux futures attaques aux missiles et au terrorisme de masse.
Quarante-cinq ans après la guerre de 1967, nous avons désespérément besoind’une politique cohérente, qu’elle soit fondée sur une négociation defrontières défendables (une option peu probable, compte tenu de la directionpalestinienne), sur un accord intérimaire dans cette direction, ou sur unereprise du processus pour l’établissement unilatéral de nos frontières.
Le Premier ministre Binyamin Netanyahou et les 93 autres membres de lacoalition gouvernementale ont la responsabilité de formuler une politique globale,plutôt que de continuer à nous mener de crise en crise.
Aucune de ces options n’est idéale, mais ne rien faire et laisser les autresimposer leurs distorsions et leurs intérêts sur Israël est certainement la piredes choses à faire. Avoir recours aux mythes de l’après-1967 n’est aucunementle moyen de déterminer le destin de notre nation. Plus nous attendrons, plus ladifficulté et le coût grimperont.
L’auteur est professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan etprésident de NGO Monitor.