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Une semaine après les élections, l’Institut de Jérusalem pour les études d’Israël confirme la baisse du nombre de jeunes non harédim qui quitte la ville.

P19 JFR 370 (photo credit: Reuters)
P19 JFR 370
(photo credit: Reuters)

Les statistiquesfournissent parfois beaucoup plus que de simples renseignements. En témoignentles chiffres présentés par l’Institut de Jérusalem pour les études d’Israël surla migration en provenance et à destination de Jérusalem.

Selon lesrésultats publiés plus tôt cette semaine par une équipe dirigée par le Dr MayaHoshen, codirecteur du pôle de recherche Jérusalem, le nombre de jeunes nonharédim qui quittent la ville a bel et bien diminué. Pendant que le nombre deharédim du même âge à quitter la ville a augmenté, ainsi que le nombre dejeunes adultes non harédim venus s’installer à Jérusalem.

Selon lesconstatations de cette enquête, qui fait partie du projet Marom de l’Autoritéde développement de Jérusalem, la capitale connaît une légère amélioration deson solde migratoire négatif entre 2009 et 2012. Une amélioration marquée chezles 20-34 ans, tranche d’âge particulièrement visée par le projet.

Les résultatsmontrent également une hausse du nombre d’étudiants qui s’installent àJérusalem, ce qui n’est pas surprenant, étant donné que la ville possède leplus grand nombre d’établissements d’enseignement supérieur du pays, certainsparmi les meilleurs de leur catégorie. Leur nombre est passé de 30 300pour l’année scolaire 2008-09 à 37 800 en 2011-12.

Le soldemigratoire est défini par le nombre de personnes qui s’installent dans uneville, moins le nombre de ceux qui la quittent. L’étude a révéléqu’entre 2007 et 2011, le nombre de départs a diminué régulièrement.Certes, le solde de la migration générale est toujours négatif, mais il va ens’améliorant. Pendant cette période, 47 % de ceux qui ont quitté Jérusalemet 53 % de ceux qui ont choisi de s’y installer étaient âgés de 20 à 34ans (25,2 ans en moyenne pour les départs, et 25,3 pour les arrivées).

YairShapira-Assaf, chercheur de l’équipe dirigée par Hoshen, explique :« En règle générale, les migrants sont généralement jeunes, cettepopulation est la clé de la croissance de la ville. Ils sont en début decarrière professionnelle, fondent une famille, et donc créent la demande delogements. Leurs enfants alimentent le système éducatif de la cité etnécessitent d’être inclus dans les chiffres de la planification. Ils créent etconsomment de la culture, et sont les utilisateurs les plus fréquents de lasphère publique. Ils contribuent ainsi à l’atmosphère dynamique de laville. »

Changementd’image

L’étude a étécommandée par la municipalité, précise Shapira-Assaf. « L’Institut deJérusalem pour les études israéliennes étudie les tendances, et, ainsi, il estimportant pour nous de répondre à certaines des affirmations soulevéespériodiquement par le public et par la presse, qui prétendent que Jérusalem est“abandonnée” par la population laïque », explique-t-il. « Il s’avèreque les tendances, définies par les chiffres, sont plus complexes, et parfois àl’opposé de ce que présente la presse. »

Et d’ajouter quetoutes les villes affichent un solde migratoire négatif. Dans le cas deJérusalem, poursuit-il, les candidats au départ privilégient des destinationsproches telles que Mevasseret Zion et Beitar Illit plutôt que Tel-Aviv. Maiscertains quartiers juifs de la capitale ont atteint des chiffres de migrationpositive élevés en 2011. Au top de la liste, les quartiers religieux, commeRamat Sharett et Ramat Dénia, suivis de Har Homa, Kiryat Moshé, Beit Hakerem,Givat Shaoul et Mea Shearim.

Parallèlement, lamunicipalité de Jérusalem a défini quatre secteurs de la ville – GivaTsarfatit, Talpiot-Est, Kiryat Yovel et Katamon – qui présentent le plus grandpotentiel pour inciter les jeunes adultes à s’installer. Elle a ainsi mis enplace certains de ses projets les plus récents dans ces quartiers pour attirerplus de jeunes. Parmi eux l’initiative Ir Tseira (une ville jeune).

PourAssaf-Shapira, le fait que, selon l’étude, un solde de 2 000 résidentsentre 20 et 34 ans ont quitté la ville en 2012, montre la poursuite d’unetendance qui a commencé après 2009, un an après l’élection de Nir Barkat à lamairie. Jusque-là, le bilan des désertions de la jeunesse atteignait le chiffrerecord de 3 000 départs par an.

Mais aujourd’hui,la situation est encore plus positive en termes de la capacité de cette ville àpromouvoir et expérimenter la résilience. « Maintenant, nous constatonsque non seulement plus de jeunes adultes non harédim ont décidé de rester ici,mais nous voyons aussi clairement que plus de personnes du même âge décident des’installer dans la capitale. Une indication claire que l’image de Jérusalem aradicalement changé aux yeux du public », remarque-t-il.

Jérusalem et saloi du retour

Assaf-Shapira vaplus loin. Et explique en outre que si les jeunes adultes – sur le point decréer une famille ou déjà avec de jeunes enfants – restent ici au lieu dechercher un autre endroit pour vivre, « cela veut dire qu’ils fontconfiance à la capacité de la ville et à ses dirigeants pour leur fournir toutce dont les jeunes adultes ou ménages ont besoin : logements abordables,emplois décents et environnement culturel attractif. Autant de questions quiont fait surface environ un an après l’élection de Barkat en 2008, et l’on voitaujourd’hui cette tendance s’accroître. »

Mais pour lechercheur, le résultat le plus intéressant est peut-être que certains jeunes,non originaires de Jérusalem ou qui avaient quitté la ville depuis denombreuses années, sont revenus au cours des trois dernières années – et laplupart d’entre eux ne sont pas ultraorthodoxes.

Une tendanceapparue juste après l’entrée en fonction de Nir Barkat, explique-t-il. Car bienque difficile à définir en nombre, il est clair qu’avec l’élection d’un mairequadragénaire et laïque, un grand nombre de jeunes familles ont décidé derepousser un peu leur intention de quitter la ville.

Pourpreuve : les inscriptions dans les écoles maternelles et primaires. Toutd’abord, leur diminution avait cessé dans les écoles laïques et sionistesreligieuses, puis, depuis l’année dernière, le mouvement s’est inversé avec desinscriptions en hausse.

Enfin, autrepoint important de l’enquête : l’étude du comportement de la communautéorthodoxe. Les harédim de tous âges, mais surtout les jeunes adultes, sont deplus en plus nombreux à quitter la ville, principalement en raison du coût dulogement. La majorité de ceux qui quittent Jérusalem sont ultraorthodoxes.

En outre, selonl’analyse des résultats, en 2009-2010, le nombre de harédim qui ont quitté laville était encore plus élevé que les années précédentes, et pour 2012, environ75 % des départs de Jérusalem étaient le fait des jeunes adultes desquartiers ultraorthodoxes, comparés aux 25 % de la même tranche d’âge desquartiers non harédim, à la fois laïques et religieux.