Partager et raconter pour ne jamais oublier

Léon Leyson, le plus jeune de la liste de Schindler, est décédé mi-janvier. A l’occasion de la journée de commémoration du 27 janvier, voici l’histoire d’un véritable survivant.

Leon Leyson 150 (photo credit: USC Shoah Foundation Institute)
Leon Leyson 150
(photo credit: USC Shoah Foundation Institute)

Quand les nazis envahissent laPologne, Léon a moins de 10 ans et réside à Cracovie, avec sa famille. Trèsvite, les Leyson – comme tous les Juifs de la ville – vont se retrouverenfermés dans un immense ghetto d’où personne ne peut s’échapper. Seul le père,pour être l’un des travailleurs dans l’usine de Schindler, a l’occasion dequitter le ghetto quotidiennement.
A 13 ans, alors qu’il réside dans une autre partie du ghetto, loin de safamille, Léon aperçoit un officier allemand, une feuille à la main. Ce papier,c’est la liste des travailleurs de l’usine de Schindler. Léon y voit son nombarré, mais convainc l’officier que c’est une erreur. Il est alors envoyé dansl’usine où il retrouve le reste de sa famille.
Du fait de son jeune âge, Léon est obligé de monter sur des caisses pouratteindre les machines. Schindler lui-même l’appelait affectueusement « lepetit Léon ». Schindler, ce chef d’entreprise qui comprend peu à peu l’horreurnazie, se bat pour obtenir des permis de travail des nazis et sauve ainsi 1 100juifs. Parmi eux : Léon, le plus jeune de tous. Sa famille survivra en partie,ses deux plus jeunes frères seront tués par les nazis.
En 1949, Léon Leyson immigre aux Etats-Unis, déterminé à débuter une nouvellevie et à fonder une famille. Il rencontrera Liz, qu’il épousera et avec qui il auradeux enfants. Et étudie pour devenir enseignant. Pendant près de 40 ans, ilenseigne dans un lycée de Los Angeles.
Durant des années, Léon Leyson s’est refusé à partager ses souvenirs de l’usinede Schindler. A parler de la Shoah avec les siens. C’est le film de StevenSpielberg, La liste de Schindler, qui va enfin l’amener à partager sonexpérience.
Il parcourt alors les écoles primaires, lycées, universités, témoigne devantdes centaines d’élèves. « Je n’aurais jamais pensé que quelqu’un puisse s’intéresserà mon histoire », a-t-il déclaré, surpris.
Marilyn Harran, professeur en sciences religieuses à l’université de Chapman sesouvient de lui : à chaque fois qu’il racontait son histoire, note-t-elle,c’était toujours avec beaucoup de coeur et d’émotion, il ne prononçait jamaisavec les mêmes mots comme s’il s’agissait d’un discours bien rodé. « Ilencourageait non seulement les gens à se souvenir de la Shoah, mais aussi à serappeler qu’on se doit de n’être jamais indifférent ».