Les chariots de feu de Tsahal

Six ans après la guerre du Liban et malgré les milliers de missiles antichars du Hezbollah, les tanks joueront un rôle crucial lors de toute future guerre avec le pays du Cèdre

Les tanks de Tsahal (photo credit: Reuters)
Les tanks de Tsahal
(photo credit: Reuters)

Lorsque dans la nuit du 3 janvier 2009, le général de brigade, YigalSlovik, prend place à bord du char de bataille Mk4 Merkava à la frontière avecGaza, l’armée prévoyait une journée complète pour qu’il mène une colonne dechars d’un bout à l’autre du territoire palestinien. Cinq heures seulementsuffiront. Avant que le soleil ne se lève, Slovik à la tête du régiment blindé401, avait déjà atteint les plages de Gaza, sur la côte méditerranéenne.

La brigade de Slovik avait été envoyée à Gaza pour mener l’offensive terrestrebaptisée “Plomb durci”. Son objectif : établir le partage de cette bande deterre et empêcher le Hamas d’acheminer des armes depuis ses bases du Sud versle Nord assiégé.

Depuis, plus de trois ans après le début de cette opération, Slovik a quittéses fonctions de commandant du régiment blindé des forces de défenseisraéliennes. Il occupe dorénavant le poste de chef du personnel du commandementdes forces terrestres.

Exprimant certaines inquiétudes sur la prolifération de missilessophistiqués antichars à travers la région et en particulier au Liban et àGaza, il n’en demeure pas moins affirmatif sur l’efficacité des tanksisraéliens. Qui continueront, selon lui, d’être des armes de défense efficacesdans le cadre de futurs conflits. “Les missiles antichars du Hezbollah nepeuvent pas vraiment faire barrage à une opération terrestre des forces dedéfense israéliennes”, a-t-il déclaré lors d’un entretien au quartier généralde l’armée de Tel-Aviv. “Nous sommes très bien équipés et bientôt notrearmement sera encore mieux développé”.

Jusqu’à aujourd’hui, Slovik a passé une grande partie de sa carrière militaireau sein du régiment 401. Il a servi dans une compagnie, un bataillon puisfinalement en qualité de commandant de brigade. Lorsqu’au sortir de la secondeguerre du Liban, il prend la tête de cette brigade, tous les sous-officierssont encore traumatisés par les pertes humaines essuyées à Saluki. Lesdernières 48 heures de la bataille avaient représenté un ultime effort pourIsraël, un moment clef où l’armée, de toutes ses forces, avait pris positionsur le terrain. Les missiles antichars du Hezbollah avaient néanmoins fini partuer douze soldats israéliens et toucher onze chars.

Dorénavant, affirme-t-il, les forces de défense israéliennes sont mieuxpréparées à gérer des situations similaires à celle de la bataille de larivière Saluki - un pilonnage antichar continu faisant également partie decette équation.

Un blindage à toute épreuve

Selon plusieurs rapports des services de sécurité, le Hezbollah estaujourd’hui à la tête d’un arsenal considérable d’armes antichars, pour laplupart fabriquées selon d’anciens systèmes russes tels que le Kornet. Cinqkilomètres de portée et de quoi pénétrer les chars Merkava. Pour Slovik, lescapacités des forces de défense israéliennes depuis cette dernière guerres’établissent selon deux catégories : technologie et opération. Le Merkavaappartient à la première catégorie : il offre l’une des meilleures protectionsau monde, équipé d’un blindage qui, à l’impact d’une explosion, empêche leperforage du véhicule.

De plus, les forces de défense israéliennes ont récemment terminél’installation d’un système de protection appelé Trophy sur tous les chars durégiment 401. D’autres unités de l’armée devraient bientôt en bénéficier. Développépar les Systèmes de Défense Rafael, Trophy assure une zone de protectioncirculaire autour des véhicules blindés, dont le char Merkava. Ce système dedéfense a la capacité d’intercepter un missile ennemi et de le détruire. Atitre d’exemple, son efficacité a été prouvée lorsqu’il a dérouté une grenadepropulsée par une roquette lancée depuis la bande de Gaza l’année dernière.

Les forces de défense israéliennes réfléchissent maintenant à un nouveau conceptde “défense de formation” afin d’assurer la protection de soldats d’infanterieet de chars déployés sur une zone étendue. En termes de capacitésopérationnelles, Tsahal dispense des formations foncièrement différentes à sesunités de combat. Et prépare ainsi ses soldats à la menace antichar, qui “est àla base de notre entraînement”, pointe Slovik.

L’armée a, par exemple, acheté des simulateurs avancés basés sur le systèmeElbit : des boîtiers fixés aux tanks prennent en main le système de commande internedu véhicule. Des manoeuvres antichars sont également organisées lorsd’entraînement pour les bataillons. “Nous nous efforçons de recréer une menaceaussi réelle que possible pendant nos entraînements. De cette façon, noscommandants et leurs soldats apprennent à réagir adéquatement lors de tellesituation de combat”, indique Slovik. “Par le passé, nous positionnions un charsur une colline face à un autre char sur une autre colline. Aujourd’hui, c’estun autre défi auquel nous faisons face : l’ennemi se dissimule au sein de lapopulation civile. Le problème, c’est que les tanks sont visibles, mais nous nesavons pas toujours comment identifier ce que nous voyons”.

Presque tous les obus frappent leurs cibles

En clair, selon Slovik, les charsdemeurent un élément essentiel de l’appareil militaire de défense - qu’ilssoient destinés à des combats d’ordre conventionnel ou à des guérillas urbainesde type asymétrique. “Quiconque croit pouvoir gagner une guerre sansl’utilisation de chars ne peut se rendre compte de ce que le blindage et lapuissance de feu d’un tel véhicule rend possible sur un champ de b a t a i l le ”, note-t-il. “Des cibles peuvent être identifiées, attaquées, détruites. Cechar se déplace rapidement, prend facilement le contrôle d’une zone et resterentable par le peu de munitions nécessaires à son fonctionnement.”

Lors d’une guerre future avec le Hezbollah, selon Slovik, l’utilisation deschars sera fondamentale pour un contrôle du territoire libanais. “La prochaineguerre devra être rapide, car les missiles viseront la première ligne de front.Les chars se déplacent plus rapidement. En prenant le contrôle du terrain plusvite, ils pourront arrêter les tirs de roquettes”, a-t-il dit.

Un officier supérieur du Commandement Nord a confirmé les prévisions deSlovik. A titre d’exemple, il avait évoqué une zone de plateaux au Liban ensurplomb de la ville de Kiryat Shmona. “Si nous ne maîtrisons pas cette zone,le Hezbollah aura la capacité de s’y placer et de bombarder Kiryat Shmona,” a ainsiindiqué l’officier.

Se remémorant ses 26 ans de carrière, Slovik a déclaré que l’efficacitéféroce des régiments blindés de l’armée est la plus grande amélioration qu’ilconstate. Il se rappelle que lorsqu’il a fait son service militaire en 1986, ilfallait trois ou quatre obus pour frapper et éliminer une cible. Aujourd’hui,la moyenne est de 1,1 obus. “Cela signifie que presque tous les obus tirésfrappent leurs cibles”, a-t-il conclu. “Doté d’une protection adéquate, un chardevient par conséquent un atout considérable.”