Dernier tour de piste pour un nostalgique du podium

Alex Averbukh, une légende du sport israélien, revient à la compétition à l’âge de 38 ans, dans l’espoir d’apprendre aux jeunes deux trois petites choses…

P20 MACCA JFR 370 (photo credit: Reuters)
P20 MACCA JFR 370
(photo credit: Reuters)

Alex Averbukh apris sa retraite il y a quatre ans. Pour autant, il n’a jamais eu l’intentionde renoncer aux Maccabiades de cet été, avec l’espoir de se hisser encore unefois à la première place du podium. C’est à l’âge de 38 ans que le doublechampion du saut à la perche européen, a officiellement mis fin à sa brillantecarrière, au terme des 18es Maccabiades de 2009.

Aujourd’hui, 12 ans après sa médaille d’or aux Jeux olympiques juifs, ilannonce son come-back : « J’ai décidé de revenir pour trois raisons », expliqueAverbukh. « La première, c’est que je sais que j’ai une chance réelle de gagnerencore une médaille et peut-être même de terminer à la première place. Laseconde, c’est pour donner à nos jeunes athlètes une motivation supplémentairepour se dépasser. Et la troisième, c’est pour que ma fille qui n’était pasencore née quand j’ai pris ma retraite, puisse me voir sauter ». Bien qu’il nesoit pas suffisamment préparé pour l’événement, Averbukh s’estime capable defranchir la hauteur respectable de 5 mètres, ce qui devrait lui permettre deremporter la compétition prévue au stade Hadar Yossef à Tel-Aviv. « Je n’ai paspu m’entraîner autant que je l’aurais souhaité, mais j’espère que ce serasuffisant », a-til déclaré. « J’aurais voulu pouvoir m’entraîner tous lesjours, mais je manque de temps, car je travaille la journée, et le soirj’entraîne les jeunes athlètes de mon club à Netanya. » Difficile de dire quela été l’événement le plus marquant de sa carrière. Averbukh, champion d’Europedeux fois de suite, en 2002 et 2006, remporte les médailles d’argent et debronze respectivement aux Championnats du monde de 1999 et 2001.
Il est aussi médaillé d’or des Championnats d’Europe en salle en 2000 etqualifié pour les Jeux olympiques de 2004 et 2008.
Des réalisations sans précédent au vu des normes d’athlétisme israéliennes etqui resteront probablement dans les annales du sport israélien pour un certaintemps encore. Mais Averbukh a glané bien plus que des médailles. C’est unathlète modèle à la fois sur et hors terrain. S’il n’est pas toujours partifavori d’une compétition, il en est toujours revenu avec, à son actif, lemeilleur saut possible, et c’est ce qui compte le plus à ses yeux.
Un sioniste intègre 
Averbukh fait son aliya en 1999, de sa Sibérie natale, pourdécrocher des médailles avec des sauts de 5,70 mètres et 5,85 mètres aumaximum, des scores assez médiocres au regard des standards internationaux,mais qui lui permettront tout de même de remporter la médaille d’or auxChampionnats d’Europe en 2006. Autre originalité, Averbukh remporte lacompétition aux championnats de Göteborg en seulement deux sauts.
Tout au long de sa carrière, il a fait preuve d’un timing parfait ; il saute deplus en plus haut tout en économisant son énergie pour ce qu’il considère commeles sauts cruciaux et s’entraîne d’arrache-pied. En tant qu’anciendécathlonien, il est polyvalent, fait preuve d’adaptabilité et garde la formegrâce à l’exigence de son régime d’entraînement.
Il y a, cependant, une autre facette d’Averbukh que la plupart des gensignorent. Cet as de la compétition est tout aussi impressionnant loin de lapiste. Lors de ses premières années en Israël, on lui reproche son mauvaishébreu. Certains athlètes font leur aliya par opportunisme, sachant qu’ils seclasseront automatiquement en servant les couleurs israéliennes, alors qu’ilsne sont plus assez bons pour représenter leur pays d’origine. Mais Averbukh aété et demeure un vrai sioniste et personne n’oserait jamais mettre en douteses motivations ni son intégrité, bien qu’il ait fait son aliya après avoir décrochéla médaille d’or aux Championnats d’Europe de 2002 à Munich.
Et l’un des moments les plus mémorables de l’histoire du sport israélienrestera sans nul doute Averbukh, enveloppé dans un drapeau israélien, quipleure de façon incontrôlable, au moment où s’élève l’hymne national dans lestade olympique de Munich, près de 30 ans après l’assassinat des 11 athlètesisraéliens aux jeux de 1972.
La relève au défi 
Dans ces Maccabiades, il sera en compétition avec desathlètes israéliens de demain, qui ont la moitié de son âge, Itamar Basteker,18 ans et Lev Skorish, 19 ans. Ce dernier est entraîné par Averbukh. Comme lui,il a émigré en Israël de Irkoutsk en Sibérie, et Averbukh lui prédit un belavenir. « Nous avons une relève de jeunes qui franchissent déjà les 5 mètres.Ils sont l’avenir du sport israélien », s’est-il réjoui.
« Lev Skorish a déjà sauté 5 mètres et le meilleur saut de Itamar Basteker estde 4,90 mètres. Skorish vint tout juste de battre le record du cadet israélienen titre, de 30 centimètres, et se place au 8e rang mondial dans sa catégorie.Il représente l’avenir et il a besoin de soutien maintenant, avant qu’il nesoit trop tard.
C’est le moment de jeter les bases de son succès sur le long terme ».
Si Averbukh a la ferme intention de goûter encore à la gloire, en remportantune médaille d’or une ultime fois, il admet qu’il ne serait pas trop déçu determiner deuxième, derrière son élève. « Si Skorish me bat, je serai heureuxaussi », avoue-til.
« Je comprends que lui et les autres jeunes athlètes ont de meilleurs atoutsque moi pour gagner. La compétition sera très intéressante. Je vais voir ce queje vaux encore, après quatre ans à ne rien faire. Mon entraînement récentrelève davantage de l’échauffement, mais je me suis dérouillé en sautant 4,50mètres en mai et avec un petit effort, je serai peut-être un adversairehonorable pour les jeunes et pourrai franchir la barre des 5 mètres. »Toutefois, le vrai challenge des Maccabiades n’est pas d’affronter laconcurrence, reconnaît Averbukh. « Quand j’ai réalisé l’ampleur qu’a prisecette compétition, que j’ai vu à quel point elle est bien organisée, j’aidécidé que c’est là que je devais faire mon come-back », a-t-il précisé. « Jepense que les Maccabiades sont une bénédiction pour le sport israélien. Leniveau sportif n’est pas toujours le meilleur, mais la qualité del’organisation en fait une compétition de premier plan. J’aime aussi beaucoupl’idée que le sport peut aider à rassembler des gens du monde entier ».