« Les Misérables » au Moyen-Orient, une aventure théâtrale

La compagnie Air de Lune en tournée en Israël et dans les territoires, s’est arrêtée le dimanche 8 juin 2014 à Be’er Sheva pour revisiter l’ouvrage de Victor Hugo en musique et en finesse...

Tempete sous un crane (photo credit: PIERRE DOLZANI)
Tempete sous un crane
(photo credit: PIERRE DOLZANI)

 

Jean Bellorini, jeune metteur en scène amoureux de la littérature française, a remis au goût du jour la plume de Victor Hugo, rarement portée sur scène. A travers une interprétation des Misérables unique et enivrante, Tempête sous un crâne est une relecture théâtrale du chapitre en question, moderne et touchante. La mise en scène brillante et épurée, les jeux de lumière sobres donnent aux comédiens une place centrale qu’ils assument avec brio. Rigueur, énergie et engagement sont les maîtres mots de ces acteurs talentueux. La magie de la pièce repose bien sur le talent de conteurs des comédiens qui reprennent à la virgule, les mots de Victor Hugo, l’animant d’humour, de politique, de poésie et de musique. Très fort de son succès en France, le metteur en scène a reçu de nombreux honneurs et des critiques positives de grands médias français.

Les acteurs et Jean Bellorini, alors en contact avec l’Institut Français de Ramallah, ont décidé de se produire en Israël et dans les territoires. En effet, pour le jeune metteur en scène « le théâtre est politique », « … même s’il l’est moins qu’en Grèce antique ! » s’amuse-t-il. Son travail doit transmettre un message, confie celui qui veut avoir un impact aussi modeste soit-il, sur les publics qu’il rencontre au cours de son épopée.
La pièce a ainsi été présentée sous-titrée en arabe à Nazareth, Jérusalem et Ramallah et en écoute traduite en hébreu à Be’er Sheva. Une première pour les jeunes acteurs et le réalisateur. Le défi était immense : maintenir l’attention d’un public pas nécessairement sensible à la littérature française, et facilement déconcentré par les casques audio ou les écrans de sous-titrage. Toutefois, l’équilibre sensible et juste entre le caractère lyrique et politique de la pièce a maintenu l’audience silencieuse et attentive.
Jean Bellorini, heureux de cette expérience, affirme que cela n’aura pas été un chemin sans embûche. La diversité des publics rencontrés lors de son aventure moyen-orientale a touché la compagnie Air de Lune. « Chaque représentation est un renouveau » confient les comédiens, souriants devant le théâtre, une cigarette aux lèvres. Si les textes et la mise en scène ne varient pas, les réactions et l’attention du public évoluent de public en public. De ce fait, le dramaturge espère que son travail aura une influence sur cette audience unique à travers son intervention culturelle et politique dans une région bien sensible. Le biais choisi par Jean Bellorini pour exprimer des émotions et transmettre des idées complexes est la mise en scène théâtrale. En somme, la représentation théâtrale du grand ouvrage de Victor Hugo au Moyen-Orient permet de véhiculer un message politique et pacifique, bercé de textes forts et d’un souffle de liberté, de jeux de scènes fins, de musiques enivrantes, emportant le spectateur dans son élan.