Choisir la bonne formule

Ils sont trois pilotes de course professionnels israéliens. Aujourd’hui coureur à part entière, Alon Day est le premier à avoir ouvert la marche:

Alon Day (photo credit: MOTION COMPANY)
Alon Day
(photo credit: MOTION COMPANY)
La course automobile n’est pas encore une discipline officielle en Israël quand Alon Day commence à rêver d’une carrière sportive.
Alors, comment un garçon d’Ashdod a-t-il fait pour devenir pilote professionnel ? Le secret de sa réussite : « De la volonté et le soutien de ma famille », répond ce jeune Israélien de 22 ans, qui court pour l’équipe Mercedes de l’ADAC GT Masters en Allemagne.
Day est l’un des trois pilotes de course professionnels israéliens, avec Roy Nissany, 19 ans, qui concourt au Championnat d’Europe de Formule 3, et Yarin Stern, 18 ans, qui participe au circuit open Euro Formula.
Mais Day est celui qui a ouvert la marche. Il est devenu coureur à part entière ces dernières années, d’abord en compétition de Formule 3 avant de passer aux courses de GT (Grand Tourisme).
A mi-chemin de la saison 2014 de l’ADAC GT Masters, Day s’est classé à la 13e place avec 30 points, après avoir fini 5e l’an dernier, lors du Championnat du Monde FIA GT.
Au volant de sa Mercedes-Benz SLS AMG GT3 de 550 chevaux, Day vit un rêve qui a commencé il y a 12 ans.
Volonté et soutien familial
« J’ai commencé à conduire des kartings à l’âge de 10 ans », explique-t-il. « Je suis passé des championnats nationaux à des compétitions européennes, et, à l’âge de 15 ans, j’ai enfin eu ma chance. On m’a donné l’opportunité de courir dans une voiture de formule, et cela s’est super-bien passé. Ma carrière a alors démarré. »
Day, actuellement en vacances chez lui à Ashdod, avant la reprise de la saison début août, sait qu’il n’aurait pas pu obtenir quoi que ce soit sans le soutien de sa famille.
« Je me demande encore à quel moment j’ai commencé à réaliser que j’allais ça faire toute ma vie », déclare le jeune pilote. « Je pense que c’est vers 15-16 ans, quand je me suis mis à voyager à l’étranger de plus en plus souvent et que je me suis lancé dans un entraînement intensif. J’ai compris que ce n’était pas de la blague, et que ce serait ma future carrière. »
« La volonté et le soutien de la famille sont cruciaux, car il est presque impossible de devenir pilote de course dans notre pays », ajoute-t-il. « Le sport automobile est vraiment à la traîne en Israël ! Quand j’ai commencé ce n’était même pas légal ! Il m’a fallu un travail acharné, et aussi résoudre le problème du financement. Ce n’est vraiment pas facile de trouver un sponsor dans un pays où personne ne s’intéresse à votre sport favori. »
Heureusement pour Alon, il a la chance d’être né dans une famille aisée, qui a dépensé des millions de shekels pendant toutes ces années pour l’aider à satisfaire ses ambitions.
A la croisée des chemins
Day a commencé à percer en 2007, quand il s’est vu confier les essais d’une Formule Renault 2 litres sur une piste de Formule 1 en Hongrie. Sa démonstration impressionnante le conduit à rejoindre l’équipe Asia Racing en Chine, avant de participer au championnat de Formule Renault en Asie, qu’il remporte en 2009.
En mars 2010, Day devait effectuer son service militaire, mais l’armée lui permet de poursuivre sa carrière professionnelle après avoir été désigné athlète de premier plan par un comité spécial.
Il passe au championnat allemand de Formule 3 en 2010 et, un an plus tard, est sélectionné pour l’académie des jeunes pilotes FIA, avec 11 autres jeunes pilotes prometteurs de tous les coins du monde.
Cependant, en dépit de l’investissement financier colossal de sa famille, Day se retrouve à la croisée des chemins, il y a deux ans. Continuer dans la Formule 3 et entretenir ses aspirations à devenir pilote de Formule 1 exige un sponsor important, qui reste introuvable.
« Pour continuer avec la Formule 3 en 2013, il me fallait investir 2,5 millions d’euros. Aucun sponsor en Israël n’aurait pu me fournir une telle somme », explique-t-il. Il s’est donc orienté vers les circuits GT. « J’aimerais revenir aux voitures de formule un jour, mais cela a peu de chances de se produire. Je suis maintenant à fond dans le GT, et c’est là que je souhaite effectuer le reste de ma carrière de pilote. »
« La seule raison pour laquelle j’ai quitté les voitures de formule est la question du financement. Même quand on arrive en Formule 1, on a toujours besoin d’un sponsor pour assurer ses arrières. J’étais très réaliste par rapport à moi-même et j’ai compris que cela me serait impossible. Je ne veux plus revenir à la formule. Je suis heureux de ce que je fais en ce moment, et j’aime la course plus que jamais. »
Objectif : champion du monde
Après près de 20 ans, le sport automobile a été officialisé en Israël, en 2010. Le manque de compétitions locales et la bureaucratie israélienne signifient cependant que tout aspirant coureur automobile doit se rendre à l’étranger pour réaliser ses objectifs.
« Au départ, c’est un investissement sérieux. Il faut investir dans le meilleur équipement parce que si l’on n’est pas le meilleur dès le départ, personne ne va faire attention à vous. Aux niveaux inférieurs, il y a des milliers de pilotes, et l’on doit être le meilleur tout le temps », indique Day.
« Je n’ai pas réussi à trouver un financement en Israël, et ma famille a dû me soutenir complètement au début de ma carrière. J’ai la chance d’avoir l’appui d’une famille qui croit en moi. Toutes les entreprises auxquelles je me suis adressé en Israël m’ont répondu qu’elles n’étaient pas intéressées. Elles préfèrent parrainer une équipe de football qu’un pilote automobile. »
Si la Formule 1 n’est plus un objectif à sa portée, Day espère cependant devenir champion du monde de GT.
Cela n’arrivera pas cette année, mais il ne ménagera pas ses efforts jusqu’à atteindre son but, exploit qui pourrait enfin aider à accroître la popularité du sport automobile en Israël.
« J’espère enregistrer autant de victoires et de montées sur le podium que possible pendant la seconde moitié de la saison. J’espère aussi trouver l’année prochaine un meilleur arrangement avec Mercedes », poursuit-il. « A terme, mon objectif est de devenir champion du monde. »
« Il existe aujourd’hui un plus grand nombre de pilotes israéliens qu’auparavant, ce qui veut dire aussi une plus grande prise de conscience », ajoute-il. « Mais malheureusement, les questions se trouvent toujours embringuées dans la bureaucratie et la politique en Israël, et l’on n’y peut rien. C’est triste, mais c’est comme ça ! »
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