“Israël est plus que jamais prêt pour la guerre”

Le ministre sortant de la Défense passive, Matan Vilnaï, veut rassurer les lecteurs du Post sur la situation

Israël prêt pour la guerre (photo credit: Ariel Jerozolimski)
Israël prêt pour la guerre
(photo credit: Ariel Jerozolimski)

Le ministre sortant de la Défense passive, Matan Vilnaï, a manqué de provoquerdes attaques cardiaques chez toutes les âmes qui se soucient d’Israël à traversle monde, alors qu’il cherchait tout simplement à calmer les esprits.

Il a accordé une interview au correspondant de Maariv à la Knesset, ArikBender, intitulée “Vilnaï : Nulle raison de céder à l’hystérie, la défensepassive est prête”. Tout comme dans d’autres interviews, Vilnaï minimisait lesmenaces et vantait le travail accompli par lui pour préparer Israël à tous lesscénarios.
Mais l’agence de nouvelles Reuters a trouvé bon d’extraire une citation de soncontexte, titrant ses dépêches diffusées dans le monde entier : “Un ministreisraélien : une guerre éventuelle avec l’Iran pourrait durer un mois etprovoquer 500 morts”.
Venant de l’expert en préparation à la guerre, sur le départ pour Pékin, à 7130 kilomètres de son pays, pas étonnant que ce gros titre ait tiré la sonnettel’alarme.
Même si ceux qui le connaissent bien savent qu’il ne souhaite apeurer personne.
La voix profonde et le calme exemplaire de mon interlocuteur pourraient agircomme un excellent sédatif, même pour les plus stressés.
Vilnaï ne part pas se réfugier en Chine. Il a accepté ce poste d’ambassadeur àPékin pour couronner une carrière de 50 ans dans le service public. Après avoirgravi les échelons de l’armée jusqu’au grade de vice-chef d’état-major, il aembrassé la politique 13 ans durant. Ces cinq dernières années, il était encharge de la défense passive, d’abord en tant que vice-ministre de la Défense,puis comme ministre.
Et pour la petite histoire, une guerre d’un mois soldée par 500 morts est lepire scénario qu’Israël envisage - et non une prévision. Que vous soyez sereinou angoissé, sachez que ces préparations sont dans tous les cas bénéfiques.
Vilnaï avait deux ou trois mots à dire aux anxieux comme aux bellicistes, dansune interview accordée cette semaine au Jerusalem Post.
■ Jerusalem Post : Matan Vilnaï, y a-t-il lieu de s’inquiéter ? Matan Vilnaï :Chaque fois qu’il y a un risque de guerre, il faut s’inquiéter.
Et tous ceux qui vivent en Israël doivent savoir qu’à tout moment, une guerrepeut se déclencher. La meilleure chose à faire, c’est de tout entreprendre pourl’éviter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun autre choix. Que ce soit sur lefront intérieur ou en territoire ennemi, nous ne partirons en guerre que lecouteau sous la gorge.
■ J.P. : Sommes-nous prêts à subir des attaques sur plusieurs fronts ? M.V. :Ces trois dernières années, Israël s’est préparé comme jamais.
Alors nulle raison de céder à l’hystérie.
Nous pouvons être satisfaits de ce que nous avons accompli.
Rien à voir avec la seconde guerre du Liban en 2006, où nous n’étions toutsimplement pas prêts.
■ J.P. : Quelle était votre intention lorsque vous avez parlé de 500 morts dansune guerre qui durerait un mois ? M.V. : Je voulais dire que ceux qui parlentde milliers de victimes exagèrent. Les données de “500” et d’”un mois” sont uneévaluation du ministère de la Défense du pire des scénarios auquel nous devonsnous préparer, d’après la force de l’ennemi. Je suis d’accord avec cetteévaluation, et c’est à cela que nous nous préparons. Mais il est possible quece soit plus, comme moins. Lors de la guerre du Golfe, deux Israéliens ont ététués par des tirs directs de missiles Scud d’Irak, tandis que 28 Marinesaméricains ont été abattus en Arabie Saoudite par un seul missile. Lors de laseconde guerre du Liban, 40 citoyens ont été tués sur 4 000 missiles tirés.Aujourd’hui, le Liban dispose d’un arsenal 10 fois plus élevé.
■ J.P. : Pensez-vous qu’Israël va attaquer l’Iran ? M.V. : Je ne veux pasentrer dans des prévisions. Ce que j’ai fait n’était pas nécessairement lié àl’Iran. J’ai dû préparer le pays aux tremblements de terre et à toutes leséventualités. Nous envisageons le scénario le plus pessimiste.
Semer la panique n’est pas mon passe-temps favori.
■ J.P. : Quel est le plus grand défi que vous léguez à votre successeur, AviDichter ? M.V. : Je lui ai laissé ma vision et mon plan pour faire du bontravail.
Beaucoup ont oublié qu’au début, personne ne voulait de ce ministère.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La défense passive a changé de façonspectaculaire.
■ J.P. : Qu’en est-il des rapports selon lesquels un tiers de la population nepossède d’abri d’aucune sorte ? M.V. : Construire des abris pour toute lapopulation est important, mais cela représenterait un investissement deplusieurs dizaines de millions de shekels, que je ne pense pas justifié. Si, aumoment où ils entendront l’alerte, les civils regagnent le lieu le plus sûrpossible, c’est déjà très bien. Des spots publicitaires éducatifs seront bientôtdiffusés sur le choix du meilleur endroit où se réfugier en cas d’urgence.
■ J.P. : Pour le public, vous désertez un ministère sensible à la veille d’unconflit potentiel. Que répondez-vous à cela ? M.V. : La presse peut affirmerque nous sommes à la veille d’un conflit, personnellement, je n’en suis pas sisûr. J’ai construit tout un système pour faire face à n’importe quel scénario.Je suis dans la sécurité depuis 50 ans et à présent, j’ai le droit de faireautre chose. Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères m’ontproposé ce poste en Chine. J’ai appris beaucoup sur ce pays au cours desderniers mois. Je suis ravi de l’opportunité qui m’est offerte et je suis biendécidé à faire du bon travail.
■ J.P. : Pouvez-vous persuader la Chine de rejoindre les efforts pour empêcherla nucléarisation de l’Iran par des moyens non militaires ? M.V. : Je feraitout mon possible.
Mais je ne pense pas que je pourrai convaincre les Chinois. Ils ont leurspropres considérations. Je ferai de mon mieux pour représenter les intérêtsisraéliens.
■ J.P. : Quels sont votre plus grande réussite et votre plus grand regret ?M.V. : J’ai accepté le dossier de la défense passive, que les politiciensévitaient depuis 60 ans. J’ai pris les rênes de ce ministère après 20 années dedécisions non appliquées, et depuis, j’ai fait du bon boulot. Je n’aiaucun regret.