Quand le centre culturel Romain Gary fait chanter...

Oliver Debray a pris ses fonctions ? la t?te du centre culturel fran?ais Romain Gary en novembre 2006. Passionn? de musique, il se voit comme une sorte de d?nicheur de talents.

901 gary (photo credit: (DR))
901 gary
(photo credit: (DR))
Oliver Debray a pris ses fonctions à la tête du centre culturel français Romain Gary en novembre 2006. Passionné de musique, homme de communication, il se voit comme une sorte "d'aiguillonneur", de dénicheur de talents. Il considère la culture comme une passerelle modeste, un espace de médiation dans un environnement géographique où "les discussions descendent vite aux tripes". Son fief : Jérusalem-Ouest, et les montagnes qui l'entourent. A quelque 600 mètres à peine, l'autre centre culturel français de Jérusalem, nommé d'après Chateaubriand, règne sur les quartiers orientaux de la ville, Naplouse ou Ramallah. Deux centres pour une ville qui compte 15 000 Français inscrits au consulat, soit une population estimée à environ 50 000 âmes. Si le centre Chateaubriand existe depuis près de deux décennies, Romain Gary a été créé en 2000, sous Jospin, par une France qui voulait alors montrer qu'elle ne se désintéressait pas de la partie ouest de Jérusalem. Nommé par le ministère des Affaires étrangères, Olivier Debray ne fait pas de politique. Il se consacre à la musique qu'il a commencé à mettre en Fête, dès l'an dernier, pour tenter d'importer à Jérusalem le concept créé par Jack Lang voilà plus de 20 ans et qui a d'ores et déjà fait ses preuves à Tel-Aviv. "Il est beaucoup plus difficile de monter un événement à Jérusalem car la mairie ne s'implique pas", déplore-t-il. Mais Debray, qui gère son centre avec une marge de manœuvre extraordinaire, "n'est pas là pour pleurnicher". Rien n'ébranle le moral de ce boute-en-train, amateurs de cigares à ses heures. Ni la baisse des budgets qui lui sont alloués par la France depuis le changement de président, ni la pauvreté des subventions, ni le manque de salles de la ville. Son défi : conquérir de nouveaux publics. Garder la base francophone, experte, qui fréquente assidûment la médiathèque, mais aussi aller à la rencontre du public israélien, plus jeune. "Et ça marche", souffle-t-il. Sans oublier de s'adresser à la communauté russe, composante importante des élèves des cours de Français dispensés par le centre. Le site Internet, actuellement en cours de refonte pour devenir moins institutionnel, proposera d'ailleurs une version en russe. Debray se bat pour faire de Romain Gary un centre moderne qui ne se contente pas d'être le bras armé du consulat. "C'est un outil fantastique, léger, qui permet de faire de la bonne politique culturelle", dit-il. Pour lui, tout est une question de contacts. La relation personnelle est très importante. Il sait jouer le réseau, mais se refuse à se laisser enfermer dans le communautaire et veut proposer un espace de débat, ouvert à tous, qui mêle à la fois concerts de musique classique en partenariat avec les Académies du pays, Bal des pompiers, rencontres littéraires, Nuits blanches ou du Beaujolais, festivals de marionnettes. Ses principaux interlocuteurs : la Cinémathèque, les organisateurs d'événements israéliens, le centre Shalem, les écoles d'Art (Hadassah, Bezalel), le Yellow Submarine (club de jazz), ou le célèbre Maabada. Nommé pour un mandat de trois ans qu'il pourrait bien reconduire d'une année , Debray tente de dépoussiérer l'image d'une France un peu passéiste, surtout connue, musicalement parlant, pour ses tubes des années 1960. Depuis peu, les temps changent. Et de citer les bonnes performances dans l'Etat hébreu des artistes issus de la nouvelle scène française comme Raphaël, Camille ou Keren Ann. Certes, ils sont encore quelques-uns "à ne pas vouloir mettre les pieds en Israël pour des raisons politiques", note Debray, "mais globalement, tout le monde, chanteurs, acteurs, intellectuels, veut venir à Jérusalem". "Cette ville est unique au monde, au cœur de la réalité, au cœur du conflit du Moyen-Orient", poursuit le directeur du centre, conscient des contradictions de ce pays. Mais difficile de parler de capitale, car pour la France, le statut de Jérusalem reste celui de 1948, à savoir, cité internationale. Avant Israël, Debray avait officié en Inde et en Indonésie. "Je suis passé de l'Extrême-Orient à l'Orient extrême", s'amuse-t-il à dire. Aujourd'hui, dans un pays où la population francophone est estimée à 600 000 habitants selon les services de l'ambassade, Debray s'emploie à faire rayonner une culture française qu'il aime. Faire tomber les barrières, dans un environnement passionnel "où il est très difficile de se rencontrer quand on n'est pas issu de la même communauté". Et de croire en les vertus de la maxime : la musique adoucit les mœurs.