Les Tunes dela rue Ramponeau, les Tunes des éclaireurs israélites, les Tunes de Tunis. Cesont ces derniers que nous connaissons le moins bien.
L’auteur remédie à ce manque « visuel », de connaissance sur les Juifs deTunisie.
La présence juive en Tunisie est millénaire et, comme le souligne Allali, ellea laissé des traces indélébiles. Une ménora datée du 2e siècle y a étéretrouvée, note-il, ou encore une synagogue estimée du 5e siècle avant notreère à Kélibia, à quelque 110 kilomètres de la capitale. De sorte que, selon cesdécouvertes, les premiers Juifs tunisiens auraient plus de 2 500 ans ! Ici etlà, la culture et l’art juifs tunisiens s’expriment. Jean- Pierre Allali,écrivain et journaliste, membre du Crif, mais ici surtout historien spécialistedes Juifs de Tunisie, livre ici un beau tribut à ses origines. Certes influencépar son amour du pays natal, l’auteur offre un récit imagé, sur la based’oeuvres iconographiques. Une histoire visualisée sous l’angle intime desfamilles et des particuliers.
Après un bref exposé historique, succinct mais complet, une profusion de thèmesphotographiques expose la vie des Juifs dans leur pays, des clichés qui sedéclinent sous forme de cartes postales, de dessins, d’objets d’art, légendésavec le coeur par l’auteur. Des lieux de vie aux costumes, en passant par la «vie de famille », les enfants, la vie religieuse, le sionisme… mais aussi lestraces du passé, le tout entrecoupé de témoignages d’Allali.
« Nos premiers jeux d’enfants juifs nous voyaient évoluer dans les décombresdes bâtiments bombardés par l’aviation alliée ». Et de conter la Tunisd’après-guerre et les jeux dont il se souvient avec son regard de gosse. «Tunis de mon enfance, Ya Khasra ! ».
L’auteur souligne sans relâche la contribution des Juifs à la vie tunisienne,d’abord en citant les héritages culturels du passé, comme les noms de ville.Ainsi Salammbô, qui fut l’objet du roman de Gustave Flaubert, signifierait-il «Chalom Po » (la paix ici).
Mais Allali va plus loin en affirmant assez justement que les Juifs ontvéritablement été un moteur culturel, commercial, à l’heure de lamondialisation. L’islamisation de la seconde moitié du 20e siècle ne fut pas debon augure pour ces communautés éparpillées. Aujourd’hui, les 120 000 âmesd’antan réduites à quelques milliers sont réparties en France, à Marseille etParis, et en Israël.
L’auteur parachève son ouvrage sur une petite « surprise » des plus douces,avec un portrait de toutes les grandes figures, légendaires et réelles, desJuifs de Tunisie.
Une petite critique à émettre toutefois, l’absence parfois cruciale de dates etde précisions historiques sous les images, aussi bien que de témoignagesexternes.
Un legs incontournable pour la communauté juive tunisienne, et une belledécouverte pour les autres, qui résument un travail acharné de collection et derecherche iconographique.