Samedi 13 octobre, un homme a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur l’attaque à la grenade d’une épicerie casher de Sarcelles (nord de Paris), perpétrée le 19 septembre. A l’heure actuelle, il n’est pas possible de déterminer s’il s’agit de l’un des deux responsables de l’attentat. Activement recherchés, les deux auteurs présumés restent pour le moment non identifiés et introuvables. Cette arrestation pourrait-elle changer la donne ? Selon les déclarations récentes de François Molins, procureur de la République de Paris (interviewé dans le JDD du 14 octobre) : “D’après les témoignages, d’après les vidéos de surveillance et les éléments matériels de l’enquête, les deux jeunes, un Noir et un Blanc, qui ont lancé la grenade sont encore dans la nature. Autant nous savons que M. Louis-Sidney a vraisemblablement manipulé l’engin, autant il nous ‘manque’ encore les deux personnes qui l’ont lancée.”Jérémie Louis-Sidney est le seul suspect à la responsabilité avérée. Son empreinte ADN a été identifiée sur la cuillère de la grenade utilisée.Samedi 6 octobre, il a été tué à Strasbourg, sous les tirs de riposte des policiers venus l’interpeller. L’enquête a permis le démantèlement d’une cellule djihadiste présumée et l’interpellation de douze personnes. Des perquisitions ont été menées dans plusieurs villes, dont Cannes et Torcy.Dans cette dernière (Seine-et-Marne), les prises se sont révélées fructueuses.Mardi 9 octobre, des éléments “utiles à la fabrication d’engins explosifs” étaient découverts dans le garage d’un suspect. Parmi ces éléments, révélés par François Molins : un fusil à pompe, une arme de poing, “des sacs contenant du nitrate de potassium, du soufre, du salpêtre, des récipients type cocotte-minute et des ampoules de phare, tous produits ou instruments utiles à la fabrication de ce que l’on appelle des engins explosifs improvisés”. Une saisie jamais vue depuis les attentats de 1995, selon le procureur.Jeudi 11 octobre, après une garde à vue de cinq jours, seuls sept suspects sur les douze étaient déférés devant le parquet de Paris. Mis en examen pour “association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme”, et pour deux d’entre eux, pour “complicité de tentative d’assassinat”. Les inculpés qui ont été écroués sont surtout de jeunes gens convertis, soumis à un processus de radicalisation très rapide.Suite à ces nombreuses arrestations, François Molins se justifie : “Quand j’ai donné le feu vert pour les interpellations, c’était le risque à prendre, que nous n’ayons pas préalablement identifié tout le monde”, reconnaît-il. Mais “en matière de terrorisme et compte tenu de la dangerosité de ce groupe, on ne pouvait pas prendre le risque d’attendre”, souligne le magistrat. Et d’ajouter : “J’espère qu’on attrapera les deux personnes rapidement.”On ignore pour l’heure si l’identité du dernier suspect interpellé samedi répondra aux attentes du procureur. Quant à de possibles liens avec l’affaire Mohamed Merah, “a priori, il n’y a pas de rapport”, affirme François Molins, constatant néanmoins une “forte crispation” dans les milieux islamistes. “Partout on sent que ça bouillonne”, conclut-il.Cette affaire a permis au président Hollande de rappeler quelques impératifs de la République française : tout acte raciste ou antisémite est un crime à sanctionner sévèrement mais il faut se garder de confondre l’islamisme radical avec l’ensemble de la population musulmane de France.