Mon coup de gueule s’adresse augouvernement, qui dilapide les fonds publics en campagnes publicitairesinutiles, tout en ayant la prétention de nous apprendre à nous comporter defaçon citoyenne.
Ainsi, maintenant que les élections sont derrière nous et que les nouveauxmembres de la Knesset sont tout fraîchement assermentés, on voudrait nous fairecroire que nous n’avons plus le droit que de nous taire.
Il n’est pas question de me plaindre ici des résultats des dites élections, pasplus que du laborieux processus de formation de la coalition gouvernementale,et encore moins de critiquer la tenue vestimentaire de la femme d’unpoliticien, lors de la cérémonie d’ouverture de la Knesset. Je voudrais plutôtdénoncer la folie dépensière de l’Etat dans de vaines campagnes publicitaires,dont l’objectif est de nous apprendre à nous comporter en citoyens modèles.Bref, de l’argent que nos gouvernants jettent par les fenêtres pour nous mettreau pas.
La facture du sermon que nous adresse notre gouvernement
Le battage médiatiqueappelant les citoyens à voter sous peine de perdre leur droit de se plaindreétait assez grotesque. Non pas en raison du ridicule du libellé des annoncespublicitaires, mais du montant exorbitant que l’Etat leur affecte. Pas moins de400 millions de shekels par an y passent, de la poche du contribuable bien sûr.Une coquette somme allouée à une campagne publicitaire vouée à nous donner desleçons de comportement citoyen.
Ce n’est que tout récemment que le gouvernement s’est lancé dans le spotpublicitaire ciblé, afin de nous amener à ajuster nos comportements à ses desiderata,à savoir : voter, acheter israélien, déclarer nos revenus, adopter des méthodescontraceptives et recycler nos déchets.
Que n’a-t-il pris pour exemple d’autres gouvernements de par le monde qui ontadopté des mesures propres à faciliter la vie de leurs électeurs, plutôt quedépensé des sommes folles à leur faire la morale. Que n’a-t-il eu par exemplela bonne idée de leur emboîter le pas en permettant aux étudiants de voter surleur campus plutôt que dans leur circonscription. Ou celle d’ouvrir des bureauxde vote dans les ambassades afin que les Israéliens en voyage d’affaire oud’agrément le jour où ils sont appelés aux urnes, puissent s’acquitter de leurdevoir électoral.
Dans un autre registre, il faudrait lui suggérer de booster l’emploi en facilitantnos démarches administratives. Qu’il songe à alléger sa paperasserie,simplifier la fiscalité, réformer le code du travail pour une plus grandeadaptabilité au marché, et mette en oeuvre une politique budgétaire responsableen investissant dans l’éducation et les infrastructures.
Mettre les citoyens au pas à n’importe quel prix
Mais au lieu de se consacrer àla lutte contre les lobbies, au lieu d’appliquer des mesures coercitives auxgrands trusts de l’économie Israélienne qui monopolisent le marché, plutôt qued’accroître la concurrence pour faire baisser les prix, notre gouvernementdépense des millions pour nous convaincre d’acheter des produits « made inIsraël », et ce, alors qu’ils sont plus chers et de moins bonne qualité que lesarticles d’importation.
Gagner plus et faire passer le contribuable à la caisse. Tel est le mot d’ordredu gouvernement en quête de recettes supplémentaires. L’unique raison de cettevaste campagne qui nous appelle à déclarer nos revenus et ceux des autres.
Et pourquoi l’Etat est-il à ce point aux abois ? Parce que son déficitbudgétaire est de 40 milliards de shekels. Les caisses sont vides parce qu’il adépensé un argent qu’il n’avait pas. Mais plutôt que de s’attaquer aux grandsgroupes de pression, tailler dans les subventions et réduire les dépensesallouées au corporatisme d’état, il préfère taxer davantage le contribuable. Ilse lance dans des campagnes publicitaires ineptes, au lieu d’adopter desmesures politiques justes. Tout cela dans l’espoir d’augmenter ses propresrecettes.
Certes, tout le budget de l’agence de publicité gouvernementale ne va pas aufinancement de ces campagnes de sensibilisation à but « éducatif ». Une partiede ces fonds est dédiée à la publication de conseils pratiques et autres OPAqui envahissent les pages des journaux. Et ce, alors qu’une infime partie deslecteurs seulement en voit l’intérêt, dans la mesure où toutes ces informationssont disponibles sur le site web du gouvernement.
Publiées aux frais du contribuable, ce ne sont ni plus ni moins que dessubsides qui profitent au tiroir-caisse de quelques grands journaux.
Le gouvernement investit aussi en publicités qui paraissent dans la presseécrite étrangère, dans le but d’inciter de potentiels touristes à visiterIsraël. Certes, la manne touristique est une source incontestable de revenuspour le pays. Mais l’économie Israélienne tire aussi profit de la bonne santéde ses exportations, et doit beaucoup à son dynamisme dans le domaine del’innovation.
Néanmoins, le tourisme est la seule industrie qui bénéficie ainsi d’unepublicité gratuite pour soutenir son secteur d’activité. Rien de moins qu’unfinancement occulte sur le dos du contribuable au seul profit de l’industrietouristique.
Détournement de fonds publics et autres folies dépensières
Bien qu’il ait vidéles caisses de façon aussi désinvolte, il faudrait encore que nous soyons gréau gouvernement d’avoir pu sauver quelques shekels pour nous informer de ce quenous sommes en droit d’attendre du service public. Service sur lequel noussommes censés pouvoir compter. C’est là sa vocation première et la destinationlégale de son budget.
Dans une récente interview, le directeur général de l’agence de publicitégouvernementale, Gadi Margalit, a avoué que son travail consiste à empêcher queles fonds ne soient employés à des fins politiciennes, tout en admettant enfiligrane que l’augmentation de leur budget lui posait un certain problème deconscience.
Une façon comme une autre pour le porte-parole du gouvernement, d’admettrequ’il n’est pas dans une situation très différente de celle de bien desfonctionnaires. Tellement occupés à faire fructifier le capital de la fonctionpublique, plutôt qu’à travailler à l’amélioration de son fonctionnement, qu’ilsen oublient d’éviter de dilapider des fonds qui ne leur appartiennent pas.
Les bureaucrates Israéliens donnent ainsi raison à l’économiste MiltonFriedman, lequel affirme que les gens sont moins économes dès lors qu’il s’agitde dépenser l’argent d’autrui.
Dans les registres de la police, un rapport relate l’interpellation d’unchauffeur de taxi par un policier, au motif que le dit chauffeur se seraitpermis de rappeler au policier qu’il est de son devoir d’être au service ducitoyen et non pas au citoyen d’être son obligé.
Cette citation s’applique magistralement non seulement aux policiers, mais àtous les fonctionnaires, et devrait figurer sur le fronton de chaque officinede la fonction publique.
Voilà qui devrait donner à méditer à ces paniers percés qui ont l’ambition denous éduquer plutôt que de se dévouer au service de leurs administrés.