Réactionsunanimes. Rendue publique le dimanche 3 mars, suite à des fuites émanant duministère de la Justice, la liste des discriminations dont les femmes sontvictimes, n’en finit pas de faire des vagues. Limor Livnat (Likoud), ministrede la Culture et des Sports et présidente de la Commission sur le statut desfemmes, a réagi en assurant qu’il était du devoir du Likoud-Beiteinou depromouvoir le droit des femmes. Quant à Yesh Atid et Habayit Hayehoudi, ilssont montés au créneau pour se poser en défenseurs des droits du sexe ditfaible.
Aliza Lavie (Yesh Atid) et Shouli Mouallem (Habayit Hayehoudi) proposent ainsiune loi exigeant que 4 femmes au moins prennent part à la nomination desDayanim (juges religieux dans les cours rabbiniques). A ce jour, seule la gentmasculine y participe. Une mesure révolutionnaire que les deux élues souhaitentpromouvoir en amont de la Journée de la femme du vendredi 8 mars. « Ce retarddans l’égalité des droits hommes-femmes pèse lourdement sur notre société etfavorise l’exclusion des femmes », s’est indignée Livnat qui se dit submergéede plaintes.
Et d’ajouter : « Cette situation doit cesser. Il est exclu qu’Israël perdecette bataille majeure pour le droit des femmes ».
Mauvais temps pour les ultra-orthodoxes
Le procureur général Yehouda Weinstein,à l’origine de la formation d’une commission pour le droit des femmes endécembre 2011, tarde néanmoins à produire son propre rapport sur le sujet.Sarit Dana, sous-procureur général, a promis qu’il paraîtrait trèsprochainement. Des sujets brûlants seront évoqués à cette occasion, comme parexemple l’interdiction faite aux femmes d’être entendues sur les ondes desantennes radiophoniques de la communauté ultra-orthodoxe.
Par ailleurs, il devrait être proposé de leur donner le droit de participer auxoraisons funèbres, et ce, alors qu’à ce jour le ministère des Cultes l’interditet sanctionne la Hevra Kadisha (société de pompes funèbres) lorsque celle-ci l’autorise.
Le témoignage de Noa Kantman, agressée alors qu’elle refusait de s’asseoir àl’arrière d’un bus, a également été entendu par la commission. Ouzi Yitzhaki,le ministre des Transports, a ordonné une enquête suite à cette agression. Il aen outre annoncé que des inspectrices seraient dépêchées sur le terrain, pourprévenir ce genre d’incidents. De plus, un numéro d’urgence a été créé pourrecevoir les plaintes de femmes reléguées à l’arrière des bus contre leurvolonté.
Les tribunaux rabbiniques instruisent des cas qui concernent aussi bien leshommes que les femmes. La meilleure façon de garantir l’équité dans lesjugements rendus à l’encontre des femmes serait donc de leur assurer le droitde nommer les juges dans leur fonction, au même titre que les hommes.
Un projet de loi dans ce sens, proposé par la députée Tzipi Hotovely(Likoud-Beiteinou), a été abandonné en janvier dernier, suite au veto desultra-orthodoxes. Mais la prochaine coalition ne devrait pas leur donner cemême avantage.
Hotovely a d’ores et déjà avancé le nom de 2 femmes pour participer auxprochaines nominations des juges.
Plus d’équilibre et de justice
Tout dépend de la formation de la nouvellecoalition. Si les partis ultra-orthodoxes en sont exclus, il se pourrait quedes mesures majeures soient prises. Mais si le Shas et le parti JUT (Judaïsmeunifié de la Torah) entrent malgré tout au gouvernement, l’issue sera moinscertaine. « Nous sommes révoltés de savoir que des femmes sont exclues del’espace public parce qu’elles sont femmes, mais il nous est interdit de fermerles yeux sur ces pratiques quand elles se déroulent au grand jour », a déclaréLavie, avant d’ajouter : « Le panel qui désigne les juges rabbiniques ne compteaucune femme dans ses rangs. Le fait qu’il est impossible aux hommes decomprendre qu’il s’agit là d’un problème majeur, nous montre à quel point ledroit des femmes est mis à mal au sein de la justice rabbinique ».
Mouallem a, quant à elle, souligné que ce sont, pour moitié, des femmes quicomparaissent devant les tribunaux rabbiniques.
En réformant leur fonctionnement, cette loi permettrait plus d’équilibre et dejustice dans la société israélienne, tout en opérant dans le cadre de laHalakha (loi juive).