«Mesdames et messieurs, c’est un renversement de situation ! ». La phrase estrestée dans les mémoires. C’était en 1977, sur Aroutz 1. Le Likoud venait deremporter les élections et détrôner la gauche pour la première fois depuis lacréation de l’Etat, et le célèbre présentateur Haïm Yavin rendait compte decette révolution politique.
Mardi 22 janvier, un autre revirement a eu lieu à la Knesset.
Un revirement démographique, au visage multiple. La 19e Knesset sera plusreligieuse, plus féminine, plus jeune et plus investie au-delà de la Ligneverte que jamais. Elle sera également abondamment composée de sang neuf.
En 2010, lors des dernières élections du Congrès américain, les Etats-Unis sesont ébahis d’avoir 86 législateurs, soit 16 %, élus pour la première fois.Mais c’est faire pâle figure face à l’Etat hébreu qui a intronisé pas moins de49 nouveaux venus la semaine dernière, soit 41 % de la Knesset. 5 autresdéputés retrouveront leurs sièges après différentes périodes d’absence.
Jeudi 24, le vote des soldats et autres doubles enveloppes a été comptabilisé,s’ajoutant aux quelque 67 % d’électeurs qui se sont rendus aux urnes, mardi.Résultat : le parti de Naftali Bennett, Habayit Hayehoudi, est passé de 11 à 12mandats, faisant entrer la 27e femme à la Knesset (23 %). Un record.
Par comparaison, les femmes forment 55 % du parlement au Rwanda, 25 % enFrance, 22 % en Grande-Bretagne, 18 % aux Etats-Unis et 0 % au Qatar.
La prochaine Knesset sera également la plus religieuse de l’histoire du pays,avec 39 élus, soit un député sur 3, observant un mode de vie religieux. C’est11 de plus que sous la législature précédente.
Outre les 11 parlementaires du Shas, les 7 de Judaïsme unifié de la Torah (JUT)et 11 des 12 députés d’Habayit Hayehoudi, les autres membres religieux de laKnesset seront : Elazar Stern du parti de Tzipi Livni ; Shaï Piron, Aliza Laviet Dov Lipman de Yesh Atid, et enfin Zeev Elkin, Tzipi Hotovely, David Rotem,Moshé Feiglin et Shimon Ohayon du Likoud Beiteinou.
Ils seront 6 à devoir renoncer à leur nationalité d’origine.
La Knesset ne souffre pas la concurrence : exit la double nationalité. Sontconcernés, deux Américains, Naftali Bennett, qui a reçu la citoyenneté del’Oncle Sam via ses parents originaires de Californie et Dov Lipman de YeshAtid.
Mais également deux Français, Karin Elharar de Yesh Atid, de mère française etYoni Chetboun, de Habayit Hayehoudi, lui aussi né en Israël de parentsfrançais. Et enfin, le Brésilen de Habayit Hayehoudi, Avraham Wortzman,l’Australien Moshé Feiglin du Likoud, et deux Travaillistes, Mihal Biran, deLituanie, et Miki Rosenthal, d’Allemagne.
Les nouveaux députés comprendront également 7 émigrants de l’ex-Unionsoviétique et 2 nouveaux olim d’Ethiopie (Pnina Tamnou-Shata et Shimon Solomonde Yesh Atid).
En revanche, il n’y aura qu’un seul élu kibboutznik : Zvouloun Kalfa d’HabayitHayehoudi. Par opposition, ils étaient 26 lors de la première Knesset, soit 3fois plus que le pourcentage de kibboutznikim dans la population générale,signe s’il en est des métamorphoses de la société israélienne.
Plus de journalistes que d’anciens généraux
Les élus demeurant au-delà de laLigne verte remplaceront cependant leurs anciens camarades des kibboutzim entant que secteur de la population la plus représentée : ils seront 10 % à laKnesset par rapport aux 4 % qu’ils forment sur le total des Israéliens.
Autre « croissance » parlementaire : les anciens journalistes.
Ils constitueront également 10 % de la nouvelle Knesset.
5 d’entre eux (Yaïr Lapid, Tamnou-Shata et Ofer Shelah de Yesh Atid, MeiravMihaeli et Miki Rosenthal d’Avoda) vont rejoindre les 5 autres anciensjournalistes déjà présents dans les rangs de l’hémicycle : Shelly Yachimovich,Ouri Orbach, Nitzan Horowitz, Gideon Saar et Silvan Shalom.
Le journalisme supplante donc les anciens généraux, qui étaient jadis laprofession la plus représentée au sein des élus parlementaires. Ces militairesd’élite ne seront que 5 cette année, les anciens chefs d’état-major MoshéYaalon et Shaoul Mofaz seront rejoints par Amram Mitzna, ancien directeur duCommandement central, et Stern qui a servi comme chef des ressources humainesde Tsahal. Le dernier général à la Knesset sera Binyamin Ben-Eliezer (Travailliste).
Il y aura également un ancien chef du Shin Bet : Yaakov Perry, élu au sein deYesh Atid.
Enfin, si les journalistes et les habitants d’implantations sont en surnombre,la population arabe est, elle, sousreprésentée, avec 11 députés arabes et 1seul druze, soit une baisse de 2 élus pour cette dernière communauté. 10 de cesparlementaires proviennent des partis arabes, tandis que le 11e, Issawi Freij,défend les couleurs de Meretz. L’élu druze est Hamed Amer du Likoud Beiteinou.
Le secteur arabe compte près de 21 % de la population générale. Alors que lapresse prédisait que la communauté ne se rendrait pas aux urnes, son taux departicipation a finalement atteint 58 %. C’est 9 % de moins que les 67 % devoix du secteur juif, mais c’est malgré tout un taux respectable par rapportaux normes occidentales.
Rappelons ainsi que pour la dernière élection américaine, ce sont seulement57,5 % des électeurs qui se sont déplacés pour voter.
Dernier détail intéressant : près de 21 % des Arabes israéliens ont voté pourun parti juif/sioniste. Ils sont ainsi 8 % à avoir donné leur voix à Shas et auLikoud-Beiteinou, 6,8 % à avoir choisi Meretz et Avoda et, enfin, 2,6 % à avoirvoté pour Kadima.