Hautement qualifiés, fortement motivés

Un programme d’accélération de carrière pour immigrants hautement diplômés s’ouvre à Jérusalem

Hautement qualifiés, fortement motivés (photo credit: MICHAEL ALVAREZ-PEREYRE/GVAHIM)
Hautement qualifiés, fortement motivés
(photo credit: MICHAEL ALVAREZ-PEREYRE/GVAHIM)
Valérie Gottschalk se sent depuis longtemps concernée par Israël. Elle y est née, de parents immigrés venus de Belgique, bien qu’ils y soient retournés quand elle avait quatre ans. Elle a écrit sa thèse sur une ONG israélienne dont l’objet est la lutte pour la résolution de conflits. Elle décide de faire son stage en Israël en 2011, et travaille avec le Centre de recherche et d’information Israël-Palestine (IPCRI).
« Etant donné la partialité médiatique de l’Europe et les sentiments anti-israéliens, j’ai souhaité que mon travail contribue à présenter Israël sous un jour différent », écrit-elle dans sa thèse.
Mais lorsque, en octobre 2013, à 27 ans, parlant couramment l’hébreu, le français, l’anglais et l’espagnol, elle fait son aliya et s’installe à Jérusalem, il lui est difficile de trouver un travail qui corresponde à ses qualifications et ses attentes professionnelles.
Elle espère désormais que cela change grâce à son engagement dans le nouveau programme d’accélération de carrière de Gvahim qui vient de s’ouvrir à Jérusalem, en partenariat avec la municipalité et la Fondation Jérusalem. Ce programme, subventionné de manière importante, qui fonctionne à Tel-Aviv depuis 2010, a pour objectif de donner à des immigrants de 18 à 35 ans hautement qualifiés l’encadrement et les contacts qui leur permettront de trouver un travail correspondant à leurs compétences. Il a également pour but « d’attirer les cerveaux » à Jérusalem.
Savoir se vendre
« C’est Jérusalem qui accueille le plus grand nombre d’immigrants en Israël, » note Pini Glinkevitch, directeur du département d’aliya et d’intégration de la municipalité. « Nous considérons les nouveaux olim comme un atout pour la ville et pour le pays. »
Bien que titulaire d’une licence en sciences politiques, d’une maîtrise en relations internationales, et avec l’expérience d’un stage à Washington dans une entreprise de tourisme qui accompagne des groupes dans les zones de conflits incluant Israël, Valérie Gottschalk a occupé un poste administratif l’année dernière. Cependant, lorsqu’une recherche sur Internet la mène sur le site de Gvahim, elle découvre que des connaissances ont trouvé des postes intéressants après avoir suivi le programme, et l’une d’entre elles est devenue directrice d’une organisation à but non lucratif.
« Ici, vous devez très vite vous vendre vous-même ainsi que vos compétences. Vous devez communiquer de façon différente », pointe Dana Pollak Wasserman.
Gottschalk avait l’intention de suivre le cours à Tel-Aviv, mais quand elle apprend que le programme s’ouvre à Jérusalem début janvier, elle s’inscrit tout de suite pour un entretien.
« J’ai des rêves de carrière, et je ne sais pas comment les réaliser ici en Israël », dit-elle. « Je veux arrêter mon travail administratif et trouver un poste de responsable qui me donnera l’opportunité d’évoluer. »

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Elle sera l’un des 25 candidats retenus pour participer au premier cursus de ce programme qui a débuté le 4 janvier.
La Fondation Rashi a créé Gvahim en 2006 pour faciliter, sur le plan professionnel et social, l’intégration des jeunes olim désireux de faire carrière en Israël. Aujourd’hui, Gvahim est une association filiale de la Fondation.
Quatre semaines pour trouver du travail
Les candidats au programme de quatre semaines d’accélération de carrière (CAP) doivent remplir certaines conditions. Ils doivent avoir terminé un oulpan d’hébreu, être en recherche active d’emploi et faire l’objet d’un entretien personnel. Cependant, ceux qui seront admis pourront ensuite bénéficier de plusieurs services, notamment une consultation en tête à tête avec un responsable de ressources humaines, un service de placement actif ciblé vers les entreprises leaders du marché israélien, et un mentor individuel professionnel de haut niveau.
« Nous apportons une aide globale », fait savoir Dana Pollak Wasserman, directrice du CAP. « Nous aidons les olim à faire le point dans leur domaine professionnel en Israël, à développer des outils de recherche d’emploi, à perfectionner leurs techniques d’entretien, à traduire leur parcours professionnel de façon à ce qu’il soit attrayant pour le marché israélien, et à apprendre à s’y adapter.
Par exemple, elle explique qu’en Europe, le domaine financier est très développé. Lorsque de jeunes Européens viennent avec une riche expérience en finance, celle-ci n’est pas applicable à l’industrie bancaire locale et ils doivent apprendre à adapter leurs techniques en conséquence. Il en va de même pour des domaines tels que les énergies renouvelables – en développement rapide en Occident, mais encore au stade de démarrage en Israël – et les investissements industriels.
Depuis sa création, 1 200 olim ont participé au CAP. La plupart d’entre eux viennent des domaines de la finance et du consulting, du marketing et de la communication, de la technologie et de l’industrie, ainsi que des secteurs à but non lucratif et publics. Gvahim travaille en partenariat avec environ 400 entreprises et sociétés, et avec 250 mentors bénévoles issus d’un large éventail de métiers.
Et on en voit les résultats. Une étude récente de l’entreprise de conseil en management McKinsey & Company montre que 80 % des diplômés du CAP ont trouvé un poste qualifié.
Intégration en douceur
Samantha Hulkower, 32 ans, en est un exemple. Elle a fait son aliya à Jérusalem en 2013, après avoir renoncé à une carrière prometteuse à l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis. Après un oulpan et un bref stage, elle sent qu’elle a besoin d’aide pour réaliser ses aspirations professionnelles ; elle va donc à Tel-Aviv pour suivre le programme CAP.
Pendant son oulpan, elle avait créé un site internet sur l’environnement en Israël. « Mon consultant en ressources humaines m’a conseillé d’utiliser mes compétences en création de site internet pour trouver un emploi, et Gvahim m’a aidée à obtenir un poste en marketing numérique, » avance-t-elle. Aujourd’hui, elle travaille chez Kahena Digital Marketing à Jérusalem, une jeune entreprise spécialisée en optimisation des moteurs de recherche et en analyse de web.
Simmy Allen, également nouvel immigrant dans la capitale, a lui aussi suivi le cours à Tel-Aviv. Allen, 35 ans, est venu avec sa femme, ses deux enfants et un diplôme en sciences politiques et communication. Il avait travaillé en tant qu’administrateur d’un établissement de soins, mais a depuis, trouvé un poste de coordonnateur du marketing international et de l’événementiel au Cinema City de Jérusalem.
« Les outils que nous avons appris (dans le cadre du programme) étaient très pratiques ; j’ai découvert ce qui me passionnait et comment vendre mes compétences et mon expérience », dit-il. L’atelier lui a également donné l’impression de n’être ni seul, ni différent.
Gali Shahar, directrice générale de Gvahim, explique : « Nous avons décidé d’ouvrir un centre d’accélération de carrière adapté à des olim diplômés, expérimentés, et qui viennent du monde entier à Jérusalem ; son but est de leur assurer une intégration en douceur et de fournir des postes à des personnes hautement qualifiées dans diverses entreprises et sociétés, ce qui renforcera le potentiel économique de Jérusalem. »
L’entretien d’embauche, difficulté majeure
Moses Sutton, qui a été retenu pour le cursus de Jérusalem, cherche du travail depuis août dernier, date de son aliya en provenance de Brooklyn avec sa jeune épouse, Ellie. Il a une licence en ingénierie électrique de la Yeshiva University et de Columbia University, ainsi qu’un master d’ingénieur électricien de Columbia.
« Tout le monde m’a affirmé qu’il y avait une forte demande d’ingénieurs en Israël et que je n’aurais aucun problème à trouver du travail », dit-il. « Mais la réalité sur le terrain est en fait très différente. »
Un ami israélien de Columbia l’a aidé à obtenir son premier entretien chez Apple Computers, mais sans suite. Ensuite, il s’est présenté chez Intel, où il a eu l’impression que les interlocuteurs qui menaient l’entretien ne comprenaient pas vraiment son CV, et la communication s’est bloquée. Après le deuxième entretien, on ne l’a pas rappelé. Le même schéma s’est reproduit avec IBM.
« Il m’est très difficile de retenir l’attention », dit-il. « J’ai l’impression d’avoir besoin de perfectionner mes techniques d’entretien et de mieux comprendre comment me situer et me vendre sur le marché israélien. C’est très important si je veux évoluer dans ma carrière. »
Il a entendu parler de CAP par une ancienne camarade d’école. « Elle a fait son aliya il y a deux ans, avec une spécialisation en études chinoises, parce qu’elle voulait aider Israël à profiter du développement des relations économiques avec la Chine », explique-t-elle. « Mais elle a également eu de la difficulté à trouver son créneau. Avec l’aide du CAP, elle a obtenu un emploi d’organisatrice de voyages en Israël pour des entrepreneurs chinois. Elle m’a conseillé ce programme pensant qu’il m’aiderait sans aucun doute à me lancer. »
Dana Pollak Wasserman remarque que les entretiens représentent le plus grand obstacle pour les olim.
« Les entretiens israéliens sont beaucoup plus personnels, informels et rapides qu’aux Etats-Unis ou en Europe », dit-elle. « Aux Etats-Unis, personne ne poserait des questions personnelles comme ils le font ici, et en Europe les entretiens sont plus discrets, on parle beaucoup avant d’arriver au sujet. Ici, vous devez vous vendre et vendre vos compétences très rapidement. Vous devez communiquer différemment. Il est très important pour les olim d’apprendre à faire une mini-présentation d’eux-mêmes qui soit pertinente. »
Plus de 800 olim ambitieux et hautement qualifiés, âgés de 18 à 35 ans, font leur aliya à Jérusalem tous les ans, dont beaucoup avec des diplômes de niveau élevé et des parcours professionnels probants.
Selon Glinkevitch, le partenariat de la municipalité avec le CAP « permettra à de nouveaux jeunes arrivants et à des universitaires de s’intégrer et de trouver des emplois qualifiés, et ainsi de s’installer définitivement dans la ville. Ce programme constitue une partie de l’ensemble des services disponibles, dont les nouveaux olim peuvent bénéficier à Jérusalem. »
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