La haine chevillée au corps

Le soldat jordanien qui a tué sept fillettes israéliennes a été libéré

B. Netanyahou, entouré du roi de Jordanie, avec les proches des victimes (photo credit: GPO)
B. Netanyahou, entouré du roi de Jordanie, avec les proches des victimes
(photo credit: GPO)
Le 13 mars 1997, un soldat jordanien abat froidement sept fillettes et en blesse six autres. Des images insoutenables. Les victimes ? De sages écolières d’une école religieuse venues visiter l’île de la paix. Une île au confluent du Jourdain et du Yarmouk qu’Israël vient de céder à la Jordanie dans le cadre du traité de paix signé par les voisins ennemis en novembre 1994. Cela avait été une bien belle cérémonie. Le Premier ministre Yitzhak Rabin avait apposé son paraphe à côté de celui de son homologue jordanien. Le roi Hussein était là, tout comme le président Ezer Weizmann. Bill Clinton avait également déserté la Maison-Blanche pour assister à cet événement historique. Depuis, l’île de la paix était devenue le symbole de la réconciliation.
Oui, mais voilà. Tandis qu’on s’enthousiasmait en Israël, il n’en était pas de même en Jordanie, où la haine d’Israël et des juifs était toujours aussi vivace. Alors, un soldat en faction a décidé de faire quelque chose. Il a tiré froidement, longuement. Le roi Hussein, sincèrement choqué, est venu présenter ses condoléances en personne aux familles endeuillées – du jamais vu, et un geste d’une noblesse rare. Seulement dans son pays, l’opinion publique était partagée et beaucoup félicitaient le soldat pour son geste « héroïque ». Il a pourtant été condamné à 20 ans de prison, la peine maximum en droit jordanien.
A plusieurs reprises, des voix se sont levées au parlement jordanien pour réclamer la libération du « valeureux guerrier » ou, à tout le moins, une remise de peine. Son nom était scandé régulièrement dans les manifestations hostiles au régime. Le gouvernement n’a pas cédé, et le prisonnier a purgé l’intégralité de sa peine. Détail révélateur : c’est à 2 heures du matin ce 12 mars que les portes de la prison se sont ouvertes devant lui ; une voiture était prête pour le ramener dans son village. Les autorités ne voulaient pas, en effet, que sa libération donne lieu à une explosion de joie populaire… Car l’assassin des fillettes est toujours considéré comme un héros par une partie de la population.
Le journal Le Monde a consacré à l’événement un article intitulé Le soldat jordanien qui avait tué sept écolières israéliennes sort de prison après 20 ans. Rappelant les faits sans jamais les condamner, il écrit : « Les raisons de son geste n’ont jamais été claires. Lui-même dira qu’il a ouvert le feu car les fillettes s’étaient moquées de lui pendant qu’il priait. » On appréciera la « justification » pourtant contredite par la suite. Aujourd’hui âgé de 46 ans, « l’homme », poursuit le quotidien, « est rentré dans son village d’Ibdir… où il a été accueilli en héros. » Puis le journal, citant la chaîne Al Jazeera, ajoute qu’il « n’a jamais exprimé de regret pour ses actes » et qu’il aurait déclaré à propos des Israéliens : « Ils sont des déchets humains… Ces déchets doivent être brûlés ou enterrés. » Le lecteur appréciera la rigueur journalistique d’un article qui rapporte les faits sans prendre parti. Sans relever qu’il faut avoir la haine solidement chevillée au corps pour prendre pour cible des gamines innocentes, ou encenser l’assassin.

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