Conte des temps modernes

L’Occident n’en finit pas de tourner le dos à la Syrie

Réunion des participants à Astana, en décembre 2017, lors de pourpalers sur la paix en Syrie (photo credit: REUTERS)
Réunion des participants à Astana, en décembre 2017, lors de pourpalers sur la paix en Syrie
(photo credit: REUTERS)
Préoccupée par la situation en Syrie, la Russie, grand défendeur de la veuve et de l’orphelin, avait réussi à réunir à Astana, capitale du Kazakhstan, une conférence réunissant tous les protagonistes du conflit, ou presque. La Turquie, l’Iran et, bien entendu, la Russie avaient accepté, par pur altruisme, de parrainer les pourparlers. Ces trois pays avaient d’ailleurs été les seuls à signer l’accord obtenu à l’arraché. Celui-ci prévoyait un cessez-le-feu généralisé et, plus précisément, des zones de désescalade, c’est-à-dire des lieux où les civils pourraient vivre en toute sécurité, ce qui permettrait le retour des réfugiés.
L’une de ces zones est la région d’Idlib. Cette semaine, une attaque à la voiture piégée a fait un mort et deux blessés dans un convoi turc qui traversait, on ne sait pourquoi, la zone d’Idlib. Ce convoi faisait partie des forces d’invasion turques de l’opération « Rameau d’olivier. » Une opération lancée par Ankara contre la zone autonome kurde située entièrement en territoire syrien. Les Américains ont exprimé « leur inquiétude ». La France aussi, mais peut-être pas pour la même raison. Selon Madame Florence Parly, ministre de la Défense, l’opération « pourrait détourner les forces combattantes kurdes qui sont très engagées au sein de la coalition alliée contre Daech… » C’est tout de même beau. Ce qui inquiète le gouvernement français, ce n’est pas l’invasion de la Syrie, ou l’attaque contre des Kurdes ; non, c’est le risque de voir la coalition affaiblie.
Quelques jours plus tard, un avion russe de type Sukhoi, venu bombarder, sans doute par erreur, un convoi civil dans la région d’Idlib où il n’était pas censé s’aventurer, a été abattu par « un système de missile antiaérien portatif » actionné par un « rebelle » qui lui, étant syrien, avait bien le droit de se trouver là. Le raid de représailles russe a fait trente morts parmi les « rebelles ». L’incident n’a pas provoqué d’émoi particulier dans les chancelleries occidentales, lesquelles cherchent surtout à identifier à quel groupe appartenaient les « rebelles ». A Ghouta, faubourg de Damas et autre « zone de désescalade », cette fois ce sont des Syriens « rebelles » qui sont régulièrement ciblés par leurs concitoyens qui soutiennent le régime. On parle d’une centaine d’attaques par les forces du régime. Les observateurs font état de l’utilisation d’armes chimiques ; Assad s’en défend vertueusement. Il s’en était aussi défendu lors du massacre perpétré dans ce même faubourg à l’aide de gaz sarin en août 2013 et attribué à ses forces. Il a tout de même accepté, sous la pression internationale, de détruire les quelques centaines de tonnes de son arsenal chimique. Il devait lui en rester un tout petit peu car il s’en est encore servi en avril dernier.
Au fond, tout cela n’intéresse personne. Au point où en est la Syrie, l’Occident préfère laisser la situation pourrir. Intervenir serait beaucoup trop dangereux. Autant condamner une nouvelle fois Israël. D’ailleurs, le président turc est allé rendre visite au pape pour lui parler de Jérusalem.
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