De la morale en droit international

Comme souvent, les hérauts de la justice et de la droiture ont l’indignation toute relative

Un passeport biométrique israélien (photo credit: DR)
Un passeport biométrique israélien
(photo credit: DR)
Il ne s’agit pas ici de porter un jugement sur les mesures récemment prises par le nouveau président américain interdisant l’accès aux ressortissants d’un certain nombre de pays musulmans, mais plutôt de se pencher sur la vertueuse indignation qu’elles ont déclenchée chez certains. Ainsi pour la chancelière allemande, la lutte contre le terrorisme ne constitue pas un argument suffisant ; selon elle, ce n’est pas une justification pour traiter avec méfiance des gens ayant « un passé ou une religion spécifiques ». Il n’est pas certain qu’elle ait réussi à convaincre ses propres électeurs. Leur sens de l’hospitalité risque d’avoir souffert des attentats commis sur leur sol par des immigrés généreusement accueillis, sans parler de l’attitude de certains de ces réfugiés envers les femmes. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part pompeusement déclaré que le terrorisme ne connaissait pas de frontières et que la solution n’était pas dans la discrimination. On ne lui fera pas l’injure de lui rappeler que la grande, la très grande majorité des actes terroristes commis en France était due à des gens « ayant une religion spécifique ». Ne voulant pas être en reste, le flamboyant ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a tweeté avec élégance que stigmatiser sur la base de la nationalité était à la fois « diviseur » et « injuste. » Injuste, c’est aussi le terme utilisé par le ministre danois des Affaires étrangères suivi par ses collègues scandinaves.
Ces commentaires ne se sont pas attardés sur le fait que l’interdiction d’entrer sur le sol américain n’était que provisoire. Celle-ci est prévue pour une durée de trois mois, temps nécessaire, selon les experts, pour instaurer une série de contrôles visant à protéger l’Amérique de visiteurs mal intentionnés. Personne n’a suggéré non plus que la mesure ne serait pas efficace. Pourtant, le consensus qui semble se dégager est que ce qu’a entrepris Donald Trump était non seulement « pas bien » mais encore « injuste ». C’est peut-être vrai. D’un autre côté, la France et l’Angleterre ne se bousculent pas pour accueillir les réfugiés. De plus, ces deux pays, tout comme l’Allemagne et le reste du monde, se montrent étrangement silencieux lorsqu’une vingtaine de nations interdisent aux citoyens d’Israël – et parfois aux juifs – l’accès à leur territoire. La plupart de ces pays, comme la Malaisie, le Pakistan ou encore l’Algérie, ne sont pourtant pas en guerre avec l’Etat juif, et ne l’ont jamais été. L’Arabie saoudite a longtemps refusé l’entrée aux juifs, de quelque nationalité qu’ils soient ; ce n’est que récemment qu’elle a assoupli cette interdiction sans toutefois l’abolir complètement. L’Iran, qui a longtemps entretenu d’excellentes relations avec Israël, en est devenu l’ennemi acharné pour des raisons religieuses après l’avènement de l’ayatollah Khomeiny. Le simple fait d’avoir un tampon israélien sur son passeport suffit désormais pour se voir refouler à la frontière. Juste ? Injuste ? Bien ? Mal ? La vérité est que chaque pays fait ce que bon lui semble, sans trop se préoccuper du fameux « qu’en dira-t-on ».
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