Drôle de monde

De la difficulté des minorités religieuses en pays musulmans

Des femmes arabes à Pisgat Zeev (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Des femmes arabes à Pisgat Zeev
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Les minorités musulmanes en Europe disent se sentir menacées. Elles se plaignent de ce qu’elles appellent une islamophobie grandissante, et condamnent l’attitude de certains gouvernements qui limitent leur liberté religieuse, notamment dans le domaine vestimentaire. Pire, on s’en prend à des mosquées en Angleterre et en France, tantôt en utilisant des voitures-béliers – on se demande d’où leur est venue cette idée – ou en tirant des coups de feu, ce qui est plus classique. Ce phénomène est heureusement très limité, et on évoque surtout des actes de déséquilibrés ou de schizophrènes. Il fait également l’objet d’une réprobation générale, et c’est très bien. Certes, un peu partout dans le monde, des fanatiques musulmans massacrent sans discrimination et on ne compte plus les attentats dont ils sont les auteurs ; mais les imiter est non seulement moralement indéfendable, mais ce serait encore leur donner une justification dont ils n’ont pas besoin.
En Inde aussi, les musulmans se plaignent. Ils ne représentent « que » 14 % de la population, mais dans un pays comptant près d’un milliard et demi d’habitants, cela fait quand même beaucoup. Les tensions entre les deux communautés sont très vives, et il suffit parfois d’un rien – un post sur Facebook, des propos attribués à un leader hindou qui aurait insulté le Prophète – pour faire descendre des milliers de musulmans dans la rue. Chaque année, des affrontements de ce genre font des dizaines de morts et de blessés. Pire, le gouvernement vient d’interdire tout transport de bétail – zébus, buffles et chameaux – pour mettre fin, explique-t-il, aux souffrances des animaux. Il s’agit essentiellement des vaches, animal sacré comme l’on sait. C’est un coup mortel porté à une branche économique qui donne du travail à plusieurs millions de musulmans. Les protestations internationales se font attendre. Pas facile d’être une minorité respectueuse du Coran au milieu d’un océan d’hindous.
D’autre part, il est encore plus difficile d’être une minorité non musulmane dans un pays musulman. On connaît la condition des Coptes, la population autochtone en Egypte qui constitue aujourd’hui plus de 10 % de la population. On connaît moins bien le cas de l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé du monde avec 258 millions d’habitants. C’est aussi le plus grand pays musulman, 88 % de la population se réclamant de l’islam. Si la constitution du pays accorde la liberté de religion à tous les citoyens, cela n’a pas empêché le gouverneur chrétien de Djakarta, la capitale, d’être poursuivi pour blasphème. Son crime ? Au cours de sa campagne électorale, il avait accusé son adversaire d’utiliser des versets du Coran pour convaincre les musulmans de ne pas voter pour lui. En mai dernier, il a ainsi été condamné à deux ans de prison ferme, le tribunal allant bien au-delà des réquisitions. Là aussi, les condamnations internationales se font attendre. Curieusement, il existe un pays où musulmans et chrétiens peuvent pratiquer leur culte sans entraves et se vêtir comme ils le souhaitent. Il s’agit de l’Etat d’Israël. Mais là, les condamnations internationales ne se font pas attendre. Allez comprendre… 
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