L’Europe, frappée d’amnésie

L’histoire de l’occupation islamique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord est un héritage funeste marqué par la violence, le chaos et la régression. Dans ce contexte, pourquoi l’Europe refuse-t-elle de voir que l’islam menace son avenir ?

La minorité yazidie, victime des exactions de l’Etat islamique (photo credit: REUTERS)
La minorité yazidie, victime des exactions de l’Etat islamique
(photo credit: REUTERS)
Alors que le monde est en proie au terrorisme et aux désastres humanitaires, la communauté internationale garde les yeux rivés sur Israël. Le seul et unique Etat du peuple juif est bien celui que l’on s’acharne à condamner, ce véritable havre de démocratie niché au beau milieu d’une sphère arabo-musulmane en proie aux violences et qui ignore les notions de droits de l’homme ou de progrès social. Le fait que l’Union européenne, gardienne autoproclamée des droits de l’homme, mène le front de ces attaques, est un phénomène qui ne lasse pas de surprendre. C’est comme si le Vieux Continent avait choisi d’oublier les effets dévastateurs de l’occupation islamique en Afrique du Nord et au Proche-Orient.
Pour quelle raison s’entête-t-il à courtiser le monde arabe, faisant fi de sa propre histoire et d’un passé qui a vu l’islam tenter d’imposer son emprise en Europe ? Pourquoi refuse-t-il de voir que celui-ci menace son avenir à travers l’immigration massive et les attaques terroristes ? Et pourquoi ne fait-il preuve d’aucun scrupule à l’égard d’Israël, désigné comme la dernière puissance coloniale occupant une terre qui appartient à d’autres ?
La soumission des minorités
L’Europe se trompe sur l’identité de l’occupant. A compter du VIIe siècle, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont été conquis et occupés par les forces arabo-musulmanes, qui n’ont cessé d’oppresser les populations et de piller leurs richesses. La soi-disant « faute » d’Israël est d’avoir combattu les occupants arabes après 1 308 ans d’occupation de sa terre et d’avoir restauré son indépendance. Un exploit que seul un autre pays, le Soudan du Sud, a réussi à accomplir, mais à quel prix : plus de deux millions de victimes au cours des 40 années de lutte contre le gouvernement islamique.
L’Europe, apparemment, a oublié que les musulmans sont venus naguère ravager et piller ses terres afin d’imposer leur foi. La France a dû ainsi combattre contre une armée massive lors de la bataille de Poitiers en 732, repoussant finalement les envahisseurs jusqu’en Espagne, et mettant un terme à leur progression en Europe. Il a ensuite fallu huit siècles au royaume ibérique pour achever sa Reconquista et retrouver l’entière souveraineté sur son territoire. La Sicile, de son côté, a repoussé l’envahisseur jusqu’à la mer au XIe siècle après cent ans d’occupation. Les musulmans ottomans, quant à eux, ont été vaincus en 1683 au terme de la bataille de Vienne, même si plusieurs pays d’Europe centrale et des Balkans ont continué à subir le joug de la loi islamique ottomane jusqu’au milieu du XIXe siècle. Il est toujours utile de se référer à l’histoire afin de comprendre comment et pourquoi l’islam, au contraire de tous les vieux empires, a survécu, et les conséquences désastreuses que cela a encore pour le monde.
Les chefs arabo-musulmans se sont acharnés contre les civilisations anciennes. Lorsqu’ils ont entamé leurs conquêtes en l’an 640, ils ont découvert des cultures bien ancrées, produits de civilisations centenaires voire millénaires. A cette époque, les peuples en terre d’Israël et en Mésopotamie (la Syrie et l’Irak actuels) étaient monothéistes et vivaient sous le gouvernement de l’Empire byzantin et/ou sassanide, encore largement imprégnés d’influences grecques et romaines. Les juifs, forts de 3 000 ans d’histoire, parlaient hébreu, araméen et grec ; les chrétiens, avec un passé de « seulement » 600 ans, descendants des civilisations babyloniennes et assyriennes, parlaient l’araméen et le grec. Juifs et chrétiens étaient ainsi dépositaires de traditions culturelles très riches et pouvaient être fiers du haut niveau de leurs institutions.
En Perse, la dynastie sassanide avait perpétué l’héritage bimillénaire de la religion et de la civilisation de Zoroastre. En Egypte, l’islam a tout fait pour remplacer les brillantes cultures pharaonique et grecque ainsi que le christianisme des coptes. En Afrique du Nord, l’islam s’est imposé face aux Berbères et à des peuples d’origine phénicienne, mais aussi face aux juifs et aux chrétiens qui avaient développé une agriculture florissante ainsi que des liens commerciaux avec l’Europe et l’Afrique
.
Les populations chrétiennes de langue araméenne ont été particulièrement touchées, victimes de persécutions incessantes à travers les siècles. Les Assyriens ont été les premiers à adopter la religion chrétienne au Moyen-Orient au Ier siècle – une primauté revendiquée également par les coptes. Peu à peu, la civilisation assyrienne chrétienne a disparu du Moyen-Orient. Au XIVe siècle, l’arabe a complètement remplacé l’araméen en Mésopotamie (qui incluait des parties de l’actuel territoire turc et de l’empire perse), langue avec laquelle les Hébreux s’étaient familiarisés durant l’exil babylonien du VIe siècle avant l’ère vulgaire, comme l’atteste le Talmud de Babylone, partiellement rédigé en araméen.
Les persécutions envers les chrétiens n’ont jamais cessé, même à l’époque moderne. Durant la Première Guerre mondiale, les Turcs ottomans ont massacré plus d’un million de chrétiens arméniens et ont tué plus de 300 000 chrétiens assyriens. Des dizaines de milliers de chrétiens assyriens ont été tués dans le nord de l’Irak dans les années trente avant que la Grande-Bretagne ne mette fin au massacre. Il ne reste ainsi que très peu de personnes qui parlent l’araméen au Moyen-Orient, probablement moins de 500 000, en Irak et au sud de la Syrie, alors qu’un million d’entre eux ont fui aux Etats-Unis. En Israël, où perdure une petite communauté de quelque 1 500 personnes qui parlent l’araméen, des efforts ont été réalisés afin de promouvoir le renouveau de cette langue.
Des conquêtes idéologiques
Les empires antiques tels ceux d’Assyrie, de Babylone, de Grèce et de Rome, ont mené des guerres afin d’affirmer leur puissance et d’accumuler les richesses. Ce n’est pas le cas de l’islam : son but avoué était, et est toujours, d’imposer la religion de Mahomet sur le monde, et d’amener les infidèles à prêter allégeance à Allah.
Tandis que ces empires se sont effondrés, l’islam a imposé sa foi sur les peuples conquis. Avec le temps, l’arabe a supplanté les différentes langues de l’ancien monde, et un nouvel espace arabo-musulman est né. Les vastes territoires conquis par les armées islamiques en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Espagne ont été transformés en centres religieux et culturels destinés à former un vaste califat islamique comme le voulait Mahomet. Son vœu ne s’est jamais réalisé. Les combats n’ont jamais cessé entre leaders islamiques prétendant à la suprématie du califat qu’ils avaient instauré, les uns à Damas, les autres à Bagdad, au Caire, en Afrique du Nord et en Espagne. Il n’y a donc jamais eu de califat qui aurait unifié les peuples, les laissant se développer, jouir du respect des droits de l’homme et vivre selon leur religion et leurs traditions. L’islam, présenté aujourd’hui par ses fidèles et de nombreux universitaires occidentaux comme une religion de paix, a, bien au contraire, clamé sa supériorité sur les autres religions, s’imposant par la force comme le préconise la charia.
Partout les minorités non arabes – et parfois même les Arabes chrétiens – sont sujettes à discrimination. En Arabie saoudite, gardienne des deux villes saintes de l’islam, La Mecque et Médine, il est interdit de construire église ou synagogue ; les étrangers non musulmans ne peuvent devenir saoudiens et n’ont pas le droit d’entrer dans La Mecque. Il s’agit, en résumé, d’une civilisation qui a échoué et n’a rien apporté si ce n’est la violence et l’absence de progrès dans tous les territoires occupés par la force.
Pendant des siècles, les juifs se sont trouvés à la merci de dirigeants islamistes qui leur ont accordé leur protection en échange du paiement d’une taxe et de la soumission à des règles humiliantes. Malheur à ceux qui entraient en conflit avec un musulman, car les tribunaux se prononçaient toujours en faveur de ce dernier au détriment des « infidèles ». Au XXe siècle, à la suite de la Première Guerre mondiale, le réveil des peuples colonisés et opprimés a secoué l’Empire ottoman. Les accords Sykes-Picot ont donné naissance à des Etats-nations arabes tels que la Syrie, l’Irak, le Liban, la Jordanie et un seul Etat juif, Israël. La plupart de ces pays ont depuis implosé ou se sont désagrégés en raison de conflits fratricides remontant à l’aube de l’islam, et relevant de traditions arabes tribales. Aucune indépendance ni aucune autonomie n’ont été données aux minorités nationales et religieuses de la région, qui continuent à essayer de se débarrasser de leurs occupants arabo-musulmans.
L’une des plus importantes de ces minorités sont les Kurdes. Ce ne sont pas des Arabes mais des peuples autochtones. Conquis et islamisés de force, ils étaient pourtant disposés à s’allier avec leurs nouveaux gouvernants. Salah al-Din – Saladin – le guerrier légendaire qui a battu les Croisés et « libéré Jérusalem » était kurde. Ils ont cependant toujours refusé de renoncer à leur identité, leur langue et leurs coutumes. Ils sont aujourd’hui entre 30 et 40 millions, répartis dans quatre pays : l’Iran, la Syrie, l’Irak et la Turquie. Les Kurdes ont longtemps combattu pour leur indépendance ou, tout du moins, une large autonomie. C’est ainsi qu’une zone indépendante kurde a vu le jour avec l’aide des forces de la coalition dans le nord de l’Irak à la suite de la guerre du Golfe. Cette zone avait pour vocation de protéger cette minorité de Saddam Hussein, lequel a mené une violente politique de coercition visant à arabiser leur région, déportant des centaines de milliers de paysans dans d’autres parties du pays afin de les remplacer par des Arabes « ethniques ». Saddam Hussein a même fait gazer des villages kurdes. Bien que cette zone kurde ait proclamé son droit à l’indépendance en 2011, celle-ci n’a pas été reconnue par d’autres pays.
En Syrie, la guerre civile a permis aux Kurdes d’établir plusieurs zones semi-autonomes. Récemment, les forces turques sont entrées dans le nord de la Syrie sous le prétexte de combattre les djihadistes de l’Etat islamique, mais en réalité, ils utilisent cette opportunité pour repousser les Kurdes syriens. Ankara a ainsi déclaré qu’elle ne permettrait jamais l’établissement d’une zone kurde le long de sa frontière. La longue rébellion menée par le PKK, le parti des Travailleurs kurdes en Turquie, a fait des dizaines de milliers de victimes et continue à en faire. En Iran, le parti démocrate kurde a durement combattu pour obtenir l’indépendance dans les années soixante-dix et quatre-vingt, mais la révolte a été sauvagement réprimée par le pouvoir en place : des dizaines de milliers de Kurdes sont morts, laissant une communauté trop meurtrie et affaiblie pour continuer la lutte. Seul subsiste aujourd’hui un modeste mouvement qui lance des actions régulières contre le régime. Les ayatollahs qui dirigent l’Iran d’une main de fer n’ont jamais voulu entendre parler d’une autonomie kurde, même limitée. Les médias ont choisi d’ignorer le destin tragique des Kurdes d’Iran.
Les peuples indigènes d’Afrique du Nord appelés Barbares ou Berbères par les Grecs et les Romains parce qu’ils ne parlaient ni le grec ni le latin, ont été islamisés lors des conquêtes arabes, mais ont conservé leurs identités et leurs langues à travers les siècles. Comme les Kurdes, ils se sont pourtant battus aux côtés de leurs envahisseurs. Ce sont des Berbères convertis à l’islam qui ont fondé les dynasties almoravides et almohades qui ont régné en Espagne et qui adhéraient à une branche stricte de l’islam.
Aujourd’hui, on compte environ 38 millions de Berbères dispersés entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Lybie, la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Leurs langues et leurs cultures n’ont jamais été reconnues par les régimes arabes d’Afrique du Nord qui les ont largement opprimés. Ils ont récemment lancé une campagne afin de promouvoir leur indépendance, ou du moins obtenir un statut autonome, fondant des institutions communes tel que Congrès mondial Amazigh – du nom de leur langue – fondé en France en 1995, et l’Union des peuples d’Afrique du Nord établie en 2011 à Tanger, au moment où le soi-disant Printemps arabe résonnait à travers tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
En Algérie les Berbères représentent 33 % de la population. On les trouve principalement en Kabylie, une région du nord-est du pays. Opprimés pendant des siècles, ils ont mis en place un gouvernement en exil à Paris en 2011. Là encore les médias sont étrangement silencieux. Malgré le fait qu’un amendement inscrit dans la constitution algérienne en février 2016 accorde une reconnaissance à la langue amazigh, sur le terrain, les changements nécessaires se font attendre et l’oppression se poursuit. Près de 20 millions de Berbères vivent au Maroc – soit 60 % de la population du pays. Là-bas aussi, conséquence du Printemps arabe, le roi Mohammed VI a accordé une reconnaissance officielle à leur langue, et donné son approbation à une constitution plus libérale afin d’apaiser les tensions sociales dans le pays et échapper au sort des anciens dirigeants de l’Egypte, de la Tunisie et de la Libye. En Libye, la minorité berbère représente 12 % de la population. Bien qu’elle ait été sur le front de la bataille afin de destituer l’ancien président Mouammar Kadhafi, cette dernière n’a obtenu aucune reconnaissance de la part du nouveau gouvernement ; nul doute qu’elle réclamera des mesures en faveur de son autonomie culturelle lorsque la situation du pays sera stabilisée. Le fait que les Berbères vivent dans tant de pays différents sans aucune contiguïté territoriale rend d’autant plus difficile le lancement d’une campagne commune contre les dirigeants arabes. Au total, les Kurdes et les Berbères ont donc beaucoup en commun : ces deux peuples indigènes non arabes ont été islamisés de force et ont pris part, aux côtés de leurs dirigeants, à des conquêtes au nom de l’islam. Pourtant ni les uns ni les autres n’ont jamais été traités de façon équitable : bien qu’ils aient embrassé leur religion, ils sont demeurés, aux yeux des Arabes, des « étrangers ».
Les coptes, la population indigène d’Egypte, convertis au christianisme au Ier siècle, ont obstinément refusé de renoncer à leur foi en dépit de 1 400 années d’occupation et de répression islamo-arabe. L’Eglise copte, orthodoxe, est dirigée par un pape ; elle est autonome et indépendante. Les coptes représentent aujourd’hui 10 % de la population d’Egypte. Ils ne recherchent pas l’autonomie et se sentent appartenir pleinement au pays, même s’ils souffrent de ne pas être traités à égalité avec les Arabes. Le troisième article de la constitution égyptienne rédigée en 2014 reconnaît le droit des coptes et des juifs à administrer leurs affaires personnelles et religieuses selon leur foi. Dans les faits, c’est bien l’islam et le nationalisme arabe qui dominent et les coptes ne sont toujours pas égaux en droits. Les juifs, qui ont eu une grande part dans le développement économique et culturel de l’Egypte, ont finalement été forcés de partir. Seule une poignée est restée. En d’autres mots, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont encore sous occupation arabo-islamique répressive, illégitime et injuste. Et personne en Occident ne semble s’en préoccuper. Toutes ces populations évoluent dans le substrat de ce qui est devenu la civilisation arabo-musulmane.
Il y a bien eu ce que l’on nomme « l’Age d’or de l’islam », du VIIIe au XIIe siècle, et tout particulièrement aux Xe et XIe siècle sous le règne de Haroun al Rachid à Bagdad, et Abdar-Rahman III à Cordoue. C’est à cette époque qu’a été créée la fameuse Maison de la Sagesse à Bagdad, qui a vu se développer l’enseignement de la philosophie, des mathématiques et de la médecine. Les Arabes ont importé le système décimal d’Inde, appris des Chinois les secrets de fabrication du papier, tandis que des chrétiens d’Orient majoritairement traduisaient du latin en arabe les écrits des philosophes grecs. Cependant et en dépit de cette exceptionnelle contribution, cette civilisation a stagné et est restée en arrière, tandis que l’Occident réalisait son industrialisation et instaurait des démocraties. La charia a sonné le glas du développement.
Aujourd’hui, Daesh, l’Etat islamique autoproclamé, a juré d’anéantir les derniers survivants de ces minorités, focalisant sa répression sur les chrétiens assyriens et les Yazidis (dont la religion est essentiellement basée sur les enseignements de Zarathoustra) au nord de l’Irak. Il s’acharne également à détruire systématiquement tous les vestiges – églises, anciens cimetières et monuments – qui attestent du passé glorieux de ces cultures détruites par l’islam comme à Palmyre.
L’aveuglement de l’Occident
De nos jours, les conquêtes arabes et l’islamisation ne sont plus enseignées en Occident, et aucune recherche n’est menée sur le sujet, de peur que celle-ci n’aboutisse à des conclusions déplaisantes susceptibles de contredire l’opinion majoritaire au sein des universités et des médias. Les penseurs occidentaux ont adopté une approche désignée comme « post­moderniste », basée sur le politiquement correct et le multiculturalisme. Ce sont les outils dont on se sert actuellement face à l’islam et les problèmes qu’il génère, tels les millions de migrants musulmans qui affluent en Europe et les attaques terroristes toujours plus meurtrières. On choisit délibérément d’ignorer les réalités historiques et la doctrine de l’islam en tant que religion. Cette ignorance volontaire ne peut mener qu’à l’affaiblissement de plus en plus prononcé des démocraties qui ne peuvent ou ne veulent pas combattre cet islam militant et son intolérance religieuse – incluant son antisémitisme féroce – qui aspire à imposer sa domination sur le monde.
Curieusement, le monde occidental, et plus spécifiquement l’Europe, considère l’islam comme l’une des trois religions monothéistes ancrées dans la Bible. Elle croit – ou fait semblant de croire – qu’en tentant de se débarrasser des éléments les plus radicaux de l’islam, elle parviendra à mener un processus qui débouchera sur une paisible coexistence. Elle ne voit pas les obstacles qui se dressent inhérents à la nature même de l’islam. Car il existe par exemple des différences théologiques fondamentales entre ce dernier et le christianisme. Le principe de la Trinité notamment, qui se trouve au cœur du second, est absolument étranger au premier, selon lequel l’unicité d’Allah ne peut être remise en cause. Et la religion chrétienne contient encore beaucoup d’autres idées qui relèvent du blasphème pour l’islam et donc sont passibles de mort.
Concernant son rapport au judaïsme, il faut savoir que l’islam, à ses débuts, était une religion biblique. En atteste le fait qu’un tiers des versets du Coran traitent du peuple juif sont basés sur la Bible. Pour les premiers croyants, la direction de la prière – kibla en arabe – était Jérusalem. Mais après que les juifs – et les chrétiens – de la péninsule arabe aient refusé de reconnaître Mahomet comme un prophète à l’image de Moïse et Jésus, celui-ci a pris de plus en plus de distance avec les Ecritures. Il a modifié la direction de la prière vers La Mecque, et affirmé à ses disciples que ce n’était pas Isaac qu’Abraham s’apprêtait à sacrifier sur le mont Moriah, mais Ismaël, le fils de sa concubine Hagar. Il a également décrété qu’Adam et Noé étaient tous les deux les précurseurs de l’islam, éloignant ainsi l’islam de la proximité entre Dieu et le Peuple d’Israël et de la conception de Jésus comme le Messie des chrétiens. L’islam est ainsi devenu une religion très différente de ce qu’elle était au départ ; en conséquence les bases communes pouvant mener à un dialogue constructif motivé par une certaine forme de compréhension ne sont plus.
L’Europe ne peut pas, ou ne veut pas affronter la vérité historique concernant les conquêtes arabo-musulmanes et l’occupation du Moyen-Orient, et les terribles conséquences qui en ont résulté pour les peuples de la région. Mais Israël, lui, ne peut pas se permettre ce luxe : obligé de combattre pour survivre, ses efforts ont été couronnés de succès. Une petite communauté de 650 000 hommes, femmes et enfants ont battu les armées de cinq Etats arabes qui avaient envahi son territoire en mai 1948, dans le but de détruire le jeune pays. Cela a été une terrible gifle pour les Arabes, accoutumés à ce que l’islam dicte sa loi dans la région et habitués à l’infériorité des juifs, toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. En représailles, les juifs qui étaient installés depuis des siècles dans les pays arabes ont été expulsés sans ménagement. Près d’un million d’entre eux se sont retrouvés apatrides et spoliés de tous leurs biens. Etrangement, personne ne s’en est indigné en Occident.
Le monde arabe n’a pas accepté cette défaite et a toujours refusé de reconnaître Israël comme l’Etat du peuple juif, démontrant son hostilité à travers une campagne diplomatique de dénigrement, et soutenant, de surcroît, les attaques terroristes contre ses citoyens. Ce qui est encore plus exaspérant pour les esprits arabes est qu’en dépit de toutes les guerres menées contre lui, l’Etat juif s’est mué en seulement quelques décennies en un pays florissant, leader mondial dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie et du high-tech. Soulignons par ailleurs que ce n’est qu’en réponse à l’attaque soudaine et injustifiée de l’armée jordanienne de Jérusalem-Est qu’Israël a conquis la Judée et la Samarie. Et c’est parce que le monde arabe s’est entêté à refuser un règlement global qu’il se considère comme le gardien de ces territoires en attendant l’émergence d’un accord de paix.
Le mythe palestinien
Pourquoi les Juifs devraient-ils accepter le diktat des Arabes qui veulent dominer tout le Moyen-Orient ? La terre d’Israël a toujours été au sommet de leurs aspirations culturelles et religieuses. C’est l’espoir du retour sur sa terre qui a permis au peuple juif de survivre et de conserver son identité. La présence juive en Eretz Israël a été constante, et ce même après la conquête arabe de l’an 640 qui a durement frappé la communauté juive forte, à l’époque, de 500 000 âmes : beaucoup ont été tués ou convertis de force quand d’autres ont fui. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on comptait ainsi de nombreux juifs répartis dans plusieurs villes de Galilée, comme Safed et Tibériade mais aussi à Jaffa et à Jérusalem, ainsi qu’en attestent les écrits de nombreux pèlerins juifs et chrétiens venus en Terre sainte. On retrouve également les témoignages de cette présence ininterrompue dans les archives de l’Empire ottoman relatant l’existence d’un impôt dont chacun devait s’acquitter en fonction de son appartenance religieuse. Mais dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les vexations incessantes et les pogroms de la part de leurs voisins arabes ont contraint les juifs de Galilée à partir. Beaucoup de villages arabes de Galilée étaient ainsi, à l’origine, des villages juifs dont les habitants ont été expulsés pour laisser la place aux Arabes. On retrouve leurs noms aussi bien dans la Bible que dans le Talmud, et même dans le Nouveau Testament. Tous les efforts des juifs pour retourner en Israël avant l’apparition du sionisme ont échoué car ils n’avaient ni soutien politique ni soutien militaire.
Quid du mot « Palestine » ? Ce terme a été inventé par l’historien grec Hérodote au Ve siècle avant l’ère vulgaire pour décrire une partie d’Israël alors habitée par les Philistins d’origine grecque, installés là durant le second millénaire avant l’ère vulgaire et qui ont ensuite été chassés ou ont choisi de partir. L’empereur Hadrien, après avoir réprimé la révolte de Bar Kokhba en 132 après J.-C., et tué environ 1,5 million de juifs de Judée, a décidé d’oblitérer à jamais le nom de « Judée » et de lui donner son appellation grecque.
Quoi qu’il en soit, le mot Palestine n’a jamais fait référence à une quelconque entité définie si c’est non la terre des Juifs. En atteste le vocabulaire des antisémites européens de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle qui avaient l’habitude de dire aux juifs : « Retournez chez vous en Palestine ! » Ainsi la Palestine n’est-elle pas mentionnée dans le Coran tout simplement parce qu’elle était connue comme juive. Les conquérants arabes n’ont même jamais songé à y établir un pays, et il aura fallu attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que des Arabes s’installent en masse dans le pays, attirés par les perspectives d’emploi offertes par le mouvement du yichouv. Ils sont alors arrivés par dizaines de milliers sur la terre d’Israël, toujours appelée Palestine, venus du Maghreb, d’Egypte, de la péninsule arabique et de Syrie. Tels sont les faits qui concernant la non-histoire du soi-disant peuple palestinien, des faits connus et incontestés jusqu’au tournant de la guerre des Six Jours : c’est à ce moment que les Arabes ont commencé à se nommer eux-mêmes « Palestiniens » et à revendiquer « des droits historiques sur la terre ». Au départ, personne n’a pris ces allégations sérieusement jusqu’à ce que cette rhétorique soit adoptée par la propagande arabe qui en a fait son arme principale. Lentement, la gauche libérale israélienne en est elle-même venue à accepter cette définition, motivée par la fausse croyance que cela encouragerait les Arabes à faire la paix. Dans les faits, cette erreur monumentale n’a aidé qu’à déformer la situation.
Beaucoup d’Européens ont repris ce fantasme à leur compte au mépris de la Bible et de l’histoire, et se sont convaincus qu’Israël a conquis de larges parcelles de terres, propriétés d’un Etat palestinien imaginaire et d’un ancien peuple palestinien tout aussi imaginaire. Personne ne veut se souvenir que le conflit israélo-arabe est né des conquêtes islamiques et du nationalisme arabe qui a toujours dénié toute légitimité à un Etat juif en terre d’Israël.
Nul besoin de préciser que dans ce contexte, les Arabes ont constamment refusé toutes les solutions qui leur étaient proposées, comme le démontre le siècle écoulé depuis la déclaration Balfour. Les compromis proposés par Israël ont été rejetés l’un après l’autre, sans que les Arabes ne fassent jamais de contre-propositions, puisque cela implique d’accepter que l’Etat juif soit là pour rester. Il suffit de regarder les livres d’histoire pour réaliser que les conquêtes islamiques et l’occupation du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont toujours mené à la destruction et qu’Israël n’est pas la racine du problème.
Malheureusement, l’Europe n’est pas intéressée par les faits historiques. Elle s’entête à poursuivre le dénigrement systématique d’un Etat d’Israël confronté à la menace d’un monde arabe voué à le détruire. L’Europe confère aux Arabes la légitimité qu’elle refuse à Israël, et ne comprend pas qu’en faisant cela elle perpétue le conflit, semant les graines de toujours plus de guerres et menaçant sa propre existence.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite