Sanction perverse

Le Hamas n’hésite pas à imposer des blocus afin de servir ses intérêts

Des personnes en attente de soins (photo credit: DR)
Des personnes en attente de soins
(photo credit: DR)
Il faisait chaud, très chaud, une chaleur inhabituelle en cette fin du mois de mars. Le soleil frappait sans merci les dizaines de personnes attendant stoïquement l’ouverture du poste-frontière d’Erez, seul point de passage pour les personnes entre la bande de Gaza et Israël. Il existe bien deux autres postes-frontières, l’un à Nahal Oz pour les marchandises – on sait que plus de 1 000 camions y transitent chaque jour – et Keren Shalom pour l’aide humanitaire, mais Erez est le point de passage obligé pour ceux qui veulent se rendre en Israël ou en revenir.
Ce matin-là, on y voyait surtout des malades. Des femmes et des enfants, mais aussi des hommes. On sait que beaucoup de Gazaouis se font soigner dans l’Etat juif, où ils ont accès à des traitements non disponibles chez eux. Que voulez-vous, la bande côtière n’a que des ressources limitées, et on ne peut à la fois construire des tunnels, développer de nouveaux types de missiles, payer les militants, et investir dans des infrastructures hospitalières. Et puisque l’ennemi sioniste est prêt à accueillir les malades gazaouis malgré les risques sécuritaires, pourquoi ne pas en profiter… Mais ce jour-là, la longue file d’attente n’avançait pas du tout.
Certains avaient beau exhiber la convocation qu’ils avaient reçue pour une opération qu’ils attendaient depuis longtemps, ainsi que les diverses autorisations nécessaires pour le passage obtenues des autorités israéliennes et de celles de Gaza, rien n’y faisait. L’heure tournait inexorablement. Pourtant, aucune voix ne s’élevait pour protester. Il n’y avait pas non plus de représentants de la presse internationale, pourtant si prompte à fustiger l’inhumanité d’Israël « enfermant des millions de civils sans défense dans un immense ghetto », oubliant que les Egyptiens eux aussi n’ouvrent la frontière les séparant de Gaza qu’avec la plus extrême parcimonie. En fait, la presse occidentale ne tenait pas à évoquer ce qui se passait ce matin-là, comme le matin précédent : les femmes pleurant silencieusement, les hommes regardant le sol sans rien dire, les malades qui gémissaient et les bébés rouges de fièvre.
C’est que pour en parler, il aurait fallu dire que ce n’étaient pas les Israéliens qui avaient fermé le poste frontière, et qui empêchaient toute cette humanité souffrante d’aller chercher un peu de réconfort. Non, cette fois la décision venait du Hamas. L’organisation terroriste, qui gouverne à Gaza avec un despotisme féroce, avait pris la décision de fermer la frontière, suite à l’assassinat de l’un de ses membres dans des conditions mystérieuses. Mazen Fuqaha, ce « héros » palestinien libéré de la prison israélienne où il purgeait neuf condamnations à perpétuité dans le cadre de l’échange de terroristes contre le soldat Shalit, a été tué de plusieurs balles dans la tête à quelques pas de son domicile. Son ancien compagnon de cellule, libéré avec lui, n’est autre que le nouvel homme fort de Gaza, Yehya Sinwar. Pour l’organisation terroriste, les « assassins » du héros venaient forcément d’Israël, et c’est pour les empêcher de fuir que toutes les frontières de Gaza – y compris avec l’Eg
ypte – avaient été fermées. Ce blocus, qui n’a donné aucun résultat, a duré plusieurs jours. Et tant pis pour les malades…. 
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