Un nouveau chef à Gaza

Yahya Sinwar a été désigné comme leader du Hamas. Emprisonné par Israël pendant 22 ans, il a été libéré dans le cadre de l’accord Shalit

Le nouveau leader du Hamas, Yahya Sinwar (photo credit: REUTERS)
Le nouveau leader du Hamas, Yahya Sinwar
(photo credit: REUTERS)
Le Hamas s’est doté d’un nouveau chef dans la bande de Gaza. C’est Yahya Sinwar, membre des Brigades Ezzedine al-Qassam, l’aile militaire de l’organisation terroriste, qui a été choisi pour remplacer Ismaïl Haniyeh. En poste depuis 2007, celui-ci ambitionne de remplacer Khaled Meshaal à la tête du mouvement et devrait partir pour le Qatar. Agé de 55 ans, Sinwar a été condamné en 1989 à quatre peines de prison à vie pour de nombreux crimes.
Libéré en 2011 dans le cadre de l’accord ayant mené à la libération de Guilad Shalit, il a été l’un des principaux commandants du Hamas lors de la guerre de Gaza en 2014. L’homme aux positions extrémistes est connu pour être un défenseur d’une ligne idéologique rigoriste. Il aurait ainsi tué de ses propres mains des Palestiniens accusés de collaboration avec Israël. Il est même de ceux qui avaient rejeté les termes de l’accord Shalit, car il souhaitait que le Hamas demande plus à Israël en échange. Jusqu’à son élection, Sinwar était responsable des négociations pour obtenir un accord d’échange de prisonniers avec Israël, discussions au point mort depuis plus de deux ans et demi. Sous son impulsion, le Hamas a demandé la libération de tous les membres de l’organisation relâchés lors de l’accord Shalit et de nouveau arrêtés, comme préalable aux négociations.
L’aile militaire au pouvoir
Pour le député et ancien directeur du Shin Bet Avi Dichter, il ne fait nul doute qu’Israël doit se préparer à une nouvelle confrontation avec le Hamas et que celle-ci risque d’avoir lieu plus tôt que prévu avec Sinwar aux commandes à Gaza. D’où l’urgence, selon lui, de détruire les infrastructures militaires du Hamas le plus rapidement possible.
Pour Shaul Mishal, expert en politique palestinienne et directeur du programme d’études sur le Moyen-Orient au Centre interdisciplinaire d’Herzliya (IDC), le choix de Sinwar montre l’ascendant pris par l’aile militaire de l’organisation sur le bureau politique. « Cette victoire indique que la branche militaire du Hamas, qui défend une ligne extrême, pèse encore plus qu’avant. » Les Brigades Ezzedine al-Qassam sont connues, en effet, pour rejeter tout compromis avec Israël et même avec l’Autorité palestinienne.
Composer avec Sinwar sera un véritable test pour l’establishment politique et militaire israélien, indique Shaul Mishal. « Il est probable que l’homme pousse l’Etat juif dans ses retranchements, bien plus que ses prédécesseurs. Il voudra voir jusqu’où il peut aller. » 

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