BDS: la nouvelle guerre

La prochaine guerre d’Israël se déroulera dans l’arène diplomatique. Et la bataille a déjà commencé

Des militants du BDS en action (photo credit: REUTERS)
Des militants du BDS en action
(photo credit: REUTERS)
Au fil des ans, les militants du BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) ont lancé contre le droit à l’existence d’Israël des assauts de plus en plus violents et radicaux. Alors qu’il y a quelques années encore, leurs opérations se limitaient aux périodes de confrontations militaires, lors desquelles ils critiquaient l’usage de la force par l’Etat juif, elles sont aujourd’hui devenues quasi quotidiennes. Quant à leurs exigences, elles deviennent plus importantes et plus ouvertement antisémites de semaine en semaine, voire de jour en jour. Il n’y a qu’à passer en revue les récents événements pour s’en convaincre.
Fin mai, Israël a repoussé une tentative internationale initiée par le président de la fédération de football palestinienne Jibril Rajoub d’expulser l’Etat hébreu de la FIFA.
Après le règlement favorable de l’affaire, le gouvernement israélien n’a pas eu le temps de pousser un soupir de soulagement, que déjà, le Syndicat national des étudiants britanniques votait mardi 2 juin son ralliement au mouvement BDS. Désormais, les manifestations contre Israël – qui ont lieu plusieurs fois par semaine dans les universités britanniques – se dérouleront sous la bannière du Syndicat des étudiants.
Le lendemain, le géant français des télécommunications Orange annonçait au Caire, par la voix de son PDG Stéphane Richard, qu’il souhaitait mettre fin à son accord commercial avec la compagnie israélienne Partner, l’une des principales compagnies de téléphonie mobile d’Israël. Apparemment, Richard a été incité à faire cette déclaration par l’antenne égyptienne du BDS, qui menaçait de boycotter Orange en Egypte en raison du contrat avec Partner.
Le même jour, la presse révélait qu’il y a quelques semaines, le gouvernement hollandais avait publié une mise en garde à l’intention de ses citoyens qui s’apprêtaient à partir en Israël : dans un processus de renversement de la réalité désormais fréquent dans le discours occidental, le gouvernement hollandais indiquait que les juifs de Judée-Samarie constituaient une menace pour les voyageurs hollandais, parce qu’ils lançaient des pierres « contre les véhicules palestiniens et étrangers ».
Et ce n’est pas tout. Le 1er juin à l’ONU, le Comité des ONG a octroyé à l’organisation britannique The Palestinian Return Center, qui comprend des membres du Hamas, une reconnaissance officielle en lui accordant un statut consultatif spécial. A présent, des terroristes du Hamas pourront participer aux réunions de l’ONU, jouir d’un accès illimité aux installations de l’organisation et arborer leurs nouveaux badges officiels. A noter : le même comité avait rejeté la candidature de ZAKA lorsque celle-ci avait émis le souhait de recevoir le même statut. ZAKA est une ONG israélienne qui fournit des premiers secours aux blessés et rassemble les restes des victimes après des attentats terroristes ou de grandes catastrophes, en Israël et dans le monde.
Toujours à l’ONU, Leila Zerrougui, représentante des enfants dans les conflits armés, travaille actuellement à faire ajouter Tsahal sur la liste noire des groupes qui portent préjudice aux enfants. Une liste sur laquelle figurent Boko Haram, l’Etat islamique, al-Qaïda et les Taliban.
Passer à l’offensive
Les détracteurs d’Israël proclament souvent que, s’ils engagent une guerre politique et économique contre Jérusalem et travaillent à isoler et à humilier les défenseurs de l’Etat juif en Occident, c’est parce qu’ils œuvrent pour la paix. Une affirmation ridicule : peut-on prétendre œuvrer pour la paix lorsqu’on boycotte toutes les entreprises possédées par des juifs, où que ce soit en Israël ? Peut-on prétendre œuvrer pour la paix lorsqu’on boycotte des étudiants, des professeurs et des compagnies de danse ?
Toutefois, tant que l’on parlait de « paix » et que les partisans du boycott prétendaient ne faire référence qu’à la Judée, la Samarie et Jérusalem, le ministère des Affaires étrangères israélien se contentait d’ignorer leurs opérations de diffamation.
C’est en grande partie à cause de cette paralysie volontaire que le mouvement a aujourd’hui pris une telle ampleur. Diverses organisations ont ainsi pu monter le ton sans être trop inquiétées par les critiques officielles venues d’Israël, jusque-là réticent à prendre part au débat.
Mais ces dernières semaines, il semble que la donne a changé et que Jérusalem passe enfin à l’offensive. A la sortie du conseil des ministres la semaine dernière, Benjamin Netanyahou a laissé libre cours à sa colère, s’en prenant spécifiquement au BDS : « La dernière chose que nous devons faire, c’est de baisser la tête en nous demandant ce que nous avons fait de mal, à quel moment nous avons fait fausse route. Nous n’avons rien fait de mal et nous n’avons pas fait fausse route. Nous ne sommes pas un pays parfait et nous ne prétendons pas l’être, mais ces gens-là fixent pour nous des normes retorses, en exigeant davantage de nous que de tous les autres pays, de toutes les autres démocraties. »
Des propos auxquels a fait écho la ministre de la Justice Ayelet Shaked qui a dénoncé le BDS à la Knesset, affirmant qu’il s’agissait là d’une nouvelle forme de haine du juif, pendant que la vice-ministre des Affaires étrangères passait à l’action. Tzipi Hotovely a chargé l’ambassadeur d’Israël en Suisse de présenter une demande officielle au Conseil fédéral et à la municipalité de Zürich de retirer leur soutien financier à la conférence de l’ONG Breaking the Silence dans la capitale. Le but de cet événement, qui est aussi celui de ce groupe financé par des capitaux étrangers, étant de diaboliser et de diffamer l’armée israélienne.
Il semble donc que le gouvernement ait finalement décidé de répondre aux provocations. Si tel est le cas, il peut et doit faire davantage, et ce, sans attendre. Prenons l’exemple des conseils aux voyageurs formulés par le gouvernement hollandais. Hélas, ils ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Chaque année, les Pays-Bas consacrent plusieurs millions d’euros au financement, direct ou indirect, d’organisations dont le seul objectif est la diabolisation d’Israël. L’ambassade israélienne à La Haye et le ministre des Affaires étrangères doivent exiger un arrêt immédiat de cette campagne subversive et diffamatoire.
De même, s’il a certes réagi avec un certain embarras au vote pro-BDS du Syndicat des étudiants, le fait est que le gouvernement britannique possède sa part de responsabilité dans la montée en puissance et la radicalisation du BDS en Angleterre. La Grande-Bretagne verse chaque année plusieurs millions d’euros à des ONG qui visent à miner la souveraineté de l’Etat juif, à diaboliser Tsahal, à remettre en question le droit d’Israël à l’existence. Au lieu de se contenter d’exprimer leur reconnaissance au gouvernement de Cameron pour s’être démarqué du boycott d’Israël décidé par le syndicat étudiant, Jérusalem doit exiger l’arrêt du financement direct ou indirect par le gouvernement britannique de ce genre de groupes et de leurs campagnes.
Le BDS mène une guerre par procuration. Une guerre lancée contre Israël non seulement par les très riches Etats arabes qui subventionnent les ONG, mais également par d’hypocrites mécènes américains de gauche et par des gouvernements européens qui se prétendent amis d’Israël. Le gouvernement israélien vient de prendre les premières mesures pour contrer ces attaques. Mais il est déjà tard vu l’ampleur des enjeux.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite