Le mea culpa de l’Occident

Que cachait cet impressionnant ballet de dignitaires étrangers présents aux funérailles de Shimon Peres ?

Le port du cercueil de l'ancien Président (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Le port du cercueil de l'ancien Président
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Les funérailles de Shimon Peres ont pris une résonance planétaire. La cérémonie, sobre et parfaitement réglée, a été retransmise en direct par la BBC, CNN, France 24 et même Al Jazeera, faisant la une des journaux télévisés. L’on relevait la présence du président français François Hollande, entouré de son prédécesseur Nicolas Sarkozy et du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. Il y avait là le roi d’Espagne. Le prince héritier Charles accompagné du ministre des Affaires étrangères britannique. Le président Joachim Gauck d’Allemagne. Le président de la Roumanie et le Premier ministre de Hongrie. Le Premier ministre canadien. Le président du Conseil de l’Europe, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, ainsi que la directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova. Le président de l’Autorité palestinienne était venu de Ramallah ; l’Egypte avait envoyé son ministre des Affaires étrangères. La liste est encore longue, très longue : sur place, 70 délégations venues d’Afrique, de Chine et d’Amérique latine. Et au premier rang, le président américain Barack Obama. Au même moment, la presse arabe se déchaînait contre le défunt leader et les représentants élus des Arabes au parlement d’Israël refusaient avec ostentation de participer à ce deuil national.
Il ne fait pas de doute que tous étaient venus pour rendre hommage à Shimon Peres, personnalité exceptionnelle qui aura marqué son époque et qui a œuvré sans relâche pour l’Etat d’Israël. Dernier des pères fondateurs, prix Nobel de la paix, artisan des accords d’Oslo… Cet homme de 93 ans, qui refusait de vieillir et aurait dit en plaisantant qu’il voulait que l’on grave sur sa tombe « Décédé prématurément », a continué jusqu’au dernier jour à mener son combat pour la paix. Mais tout de même. Il n’était plus président, n’occupait plus aucune fonction publique. La présence de tant d’hommes politiques, dont certains ne l’avaient jamais rencontré, n’était pas exigée par le protocole. Et l’admiration dont il jouissait à juste titre n’explique pas tout.
Bien sûr des élections vont avoir lieu dans tel ou tel pays et il pouvait être important « d’être vu » à ces obsèques. Il n’est pourtant pas interdit de penser que cette présence massive de l’Occident constituait un mea culpa silencieux. Un mea culpa pour un acharnement diplomatique sans précédent contre l’Etat juif ; un mea culpa de ces pays majoritairement chrétiens pour la honteuse déclaration de l’UNESCO déniant tout lien entre le mont du Temple, les juifs et le judaïsme, et par là même entre Jérusalem et le christianisme ; un mea culpa pour n’avoir pas assez fait afin d’enrayer la montée de l’antisémitisme et des attaques contre les juifs et avoir laissé se développer les mouvements appelant au boycott et à la négation de la légitimité d’Israël. Un mea culpa hélas silencieux, que les pays occidentaux n’ont pas le courage de prononcer ouvertement. Ils ne savent que trop qu’ils ne vont pas changer de politique. Les enjeux stratégiques, les intérêts sont trop puissants. Alors ils étaient là, bien en vue sur le mont Herzl, au cœur de Jérusalem, laissant leur présence parler à leur place. Les caméras de télévision s’attardaient longuement sur eux, et le monde étonné découvrait soudain qu’en dépit du déferlement de haine, non, l’Etat d’Israël n’est pas seul, il n’est pas ostracisé comme les médias le prétendent à outrance, et il est à même d’organiser et de gérer en moins de 48 heures, et malgré les menaces sécuritaires, ce qui restera dans les mémoires comme une spectaculaire démonstration de solidarité envers l’Etat juif.
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