Raison garder…

Les électeurs franco-israéliens ont été particulièrement courtisés

Une soldate votant lors d'élections (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Une soldate votant lors d'élections
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
La France a un nouveau président, mais la fièvre électorale est loin de retomber puisque la bataille des législatives s’engage. Un peu partout dans le monde, on va continuer à se passionner pour ce qui se passe dans un pays qui laisse rarement indifférent. Normal : ne dit-on pas « tout homme a deux pays, le sien et puis la France ? » Une phrase attribuée à tort à Thomas Jefferson, puisque c’est l’empereur Charlemagne qui la prononce dans une pièce à succès de la fin du XIXe siècle.
Pour les près de deux millions de citoyens vivant en dehors des frontières de la France, enregistrés dans les consulats et ambassades, et jouissant du droit de vote, cette sentence possède une résonance particulière. Tout au long de la campagne électorale présidentielle, les candidats, toutes tendances confondues, se sont adressés avec la plus grande sollicitude aux Français établis à l’étranger, leur envoyant des mails personnalisés, des messages vidéo soignés et les qualifiant de « chers compatriotes ». Ils s’engageaient avec une apparente sincérité à se pencher en tout premier lieu, une fois élus, sur les problèmes spécifiques de ces expatriés. Une candidate a notamment déclaré : « Je placerai la défense de vos droits, en tant que Français établis à l’étranger, comme une priorité absolue : accès aux prestations sociales, fiscalité plus juste, scolarisation de vos enfants dans de meilleures conditions, protection consulaire au plus haut niveau. »
Nombre de ces chers compatriotes tant sollicités sont des binationaux bénéficiant de la nationalité des pays dans lesquels ils résident. Comme en Israël, où près de 100 000 citoyens possèdent également la nationalité française. Beaucoup d’entre eux gardent des liens affectifs et familiaux avec la France.
La campagne électorale dans l’Hexagone a fait l’objet d’une large couverture médiatique en Terre sainte : commentateurs et envoyés spéciaux se sont penchés sur le programme des différents candidats et sur leurs personnalités. En France, les représentants de la communauté juive ont été invités à donner leur opinion et ont exprimé leur inquiétude du fait des déclarations de la candidate précitée, qui s’élevait avec véhémence conte la double nationalité. A ses yeux, on ne saurait être à la fois français et détenteur d’une autre nationalité, par exemple – ou surtout ? – israélienne. Ce message, en effet, visait clairement les juifs. Si son parti arrivait au pouvoir, disait la dame, il leur faudrait choisir : Français ou Israélien. Pas question de double allégeance.
D’aucuns ont cru comprendre que la mesure s’appliquerait également aux Franco-Maghrébins même si ce n’était pas dit expressément. La candidate s’est montrée moins loquace sur le sort d’autres binationaux, franco-américains, canadiens ou autres. Mais il ne faut pas chercher de logique en politique. Quoi qu’il en soit, elle n’a pas été élue – du moins cette fois-ci. Les Franco-Israéliens, eux, vont sans doute continuer à recevoir des mails chaleureux – élections obligent. Il ne faut, hélas, pas s’y laisser prendre. Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, dit une chanson française qui a fait le tour du monde. Chacun sait que les promesses faites avec tant de sincérité et d’ardeur ont tendance à devenir caduques une fois les votes comptés. 
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