La diplomatie publique israélienne sur le pont

Les efforts d'Israël pour communiquer sa politique à l'international portent leurs fruits mais les efforts individuels ne sont pas à négliger.

Netanyahou (photo credit: REUTERS/KNESSET)
Netanyahou
(photo credit: REUTERS/KNESSET)
es cabinets du Premier ministre et du ministère des Affaires étrangères sont à pied d’œuvre pour veiller à l’efficacité de la campagne de communication du gouvernement sur l’opération Barrière protectrice. « La [diplomatie publique] est un front comme un autre », ont conjointement déclaré le directeur général adjoint à la communication du ministère des Affaires étrangères et Arthur Koll, expert en diplomatie publique. « C’est un autre type de guerre, qui n’est pas celle des missiles ou des coups de feu, mais qui a une grande importance, c’est celle des mots, des sentiments et des sympathies que les gens développent. Dans le cadre de cette nouvelle opération, c’est une arène centrale où se joue notre sécurité nationale ».
Une meilleure communication
Des réunions au plus haut niveau ont lieu entre le ministère des Affaires étrangères et le porte-parole de Tsahal, qui ont pour objectif de décider comment communiquer sur les décisions prises par le Cabinet de sécurité, explique le directeur de la direction nationale de l’information du bureau du Premier ministre, Yarden Vatikai. Les porte-parole du premier ministre, Mark Regev, des Affaires étrangères, Yigal Palmor, et de Tsahal ont donné des interviews aux médias traditionnels, télévision, radio et presse écrite. Dans le même temps, 102 ambassadeurs et consuls israéliens ont accordé des interviews aux médias des pays où ils sont en poste. Les ministres sont également informés du message à relayer sur la scène internationale. Binyamin Netanyahou est apparu sur les médias traditionnels aux Etats-Unis : CBS, Fox News et CNN.
Le ministère des Affaires étrangères a créé des sites Internet en plusieurs langues qui comptent des millions de visiteurs. Le bureau du Premier ministre dispose d’une équipe d’étudiants bénévoles qui utilisent les médias sociaux pour promouvoir la cause israélienne. A l’université Bar-Ilan et au Centre interdisciplinaire d’Herzliya, les élèves participent à des activités en ligne similaires.
L’armée israélienne a posté des vidéos qui montrent la façon dont elle met en garde les habitants de Gaza, les prévient des attaques à venir et leur demande de quitter les bâtiments avant qu’ils ne soient détruits. Elle explique comment le Hamas utilise ses citoyens comme boucliers humains. Certains clips montrent comment Tsahal suspend les bombardements lorsque des civils sont repérés près de la cible. Les bureaux du gouvernement travaillent en étroite coopération avec les ONG, et mettent les informations à leur disposition pour qu’elles puissent les diffuser à leurs contacts.
Les Israéliens sous le feu se manifestent plus que jamais sur les médias sociaux. Ils diffusent les informations données par le gouvernement et confient leurs propres expériences pour montrer ce à quoi Israël est confronté.
La guerre des images
Pour autant, tous ces efforts ne sont pas suffisants, regrette le Pr Eitan Gilboa de l’université Bar-Ilan, expert en diplomatie publique. Il n’y a pas assez de personnel voué à combattre la désinformation. Selon Gilboa, le gouvernement devrait avoir travaillé en amont à discréditer le Hamas sur la scène internationale. Le problème majeur, c’est qu’il y a beaucoup plus de victimes à Gaza qu’en Israël, et les photos qui proviennent de l’enclave déclenchent une forte charge émotionnelle. « Nous avons la chance d’avoir le Dôme de fer, mais il pose un défi à la diplomatie publique », a expliqué Gilboa. « L’équation mort et destruction joue en la défaveur d’Israël. Plus il y a de victimes parmi les populations civiles, plus vous causez des souffrances, plus les médias et l’opinion publique, en particulier en Occident se retournent contre vous ».
Il est évident que les photos de maisons détruites, les femmes et les enfants morts, qui éveillent l’empathie, sont d’un grand attrait pour les médias de masse.
Une justice à deux vitesses
« Selon le droit international, si vous tirez sur un pays souverain, il a le droit de se défendre. Le fait que le Hamas utilise des boucliers humains ne doit pas être oublié, mais cela n’est pas mentionné dans la presse écrite et les autres médias. Selon Gilboa, les violations du droit international commises par les Palestiniens sont occultées. Ils tirent leurs missiles dans la bande de Gaza à partir de zones civiles habitées et visent les populations civiles israéliennes : ces faits constituent un argument de poids en diplomatie publique, qu’Israël n’a pas correctement mis à profit. « Notre principal défi est de faire connaître la vérité concernant les victimes civiles et d’expliquer la façon cynique dont le Hamas instrumentalise des innocents », explique Koll.
Pourtant, pour Koll et Vatikai, la presse internationale fait preuve de plus de compréhension dans sa couverture de l’opération Barrière protectrice que lors des précédents conflits. La retenue de Netanyahou y est pour beaucoup.
Et de recommander à tous les Israéliens d’utiliser tous les outils à leur disposition pour communiquer sur la situation. La diplomatie publique est un front majeur dans les opérations militaires en cours.