Syrie et Iran : l’urgence

Loin des caméras et des fanfares, la course au nucléaire de l’Iran et le conflit syrien ont été évoqués par Barack Obama et Binyamin Netanyahou.

Syria fighting 370 (photo credit: Goran Tomasevic / Reuters)
Syria fighting 370
(photo credit: Goran Tomasevic / Reuters)
Le président Barack Obamaest arrivé mercredi 20 mars à Jérusalem, mais, à n’en pas douter, Téhéran etDamas se sont également invités dans ses échanges avec le leadership israélien.Des deux, le dossier iranien semble particulièrement urgent. Le calendrier dela visite d’Obama n’a pas été choisi au hasard.
Il n’est que de se souvenir de l’intervention du Premier ministre BinyaminNetanyahou, en septembre 2012, à la tribune de l’ONU. Il y annonçait que Téhéranaurait acquis suffisamment d’uranium enrichi pour finaliser une bombe auprintemps ou à l’été 2013 au plus tard. Puis Netanyahou avait réaffirmé quecette date constituait la ligne rouge pour l’Etat hébreu, celle qui signeraitune intervention militaire.
Nous sommes sur le point de la franchir.
L’Iran possède un peu moins de 170 kilos d’uranium enrichi à 20 % (selon lerapport de l’AIEA). Et l’heure tourne. Téhéran n’a besoin que de 60 à 90 kilosd’uranium moyennement enrichi supplémentaires, pour être capable de passer trèsrapidement à la vitesse supérieure, à savoir le transformer en uranium enrichi.La République des Mollahs pourrait alors franchir le Rubicon et développer sonarmement nucléaire. Il suffirait pour cela que son guide suprême, l’ayatollahAli Khamenei, en donne l’ordre. Et telle semble bien être l’intention de l’Iran: une nouvelle génération de centrifugeuses vient d’être installée sur le sitede Natanz, capable de produire de l’uranium enrichi 3 à 5 fois plus vite queles autres.
Par ailleurs, on ne peut ignorer l’échec de 4 rounds de négociations entreTéhéran et les puissances occidentales.
Ils n’auront servi qu’à faire gagner du temps au régime chiite.
Pire encore : lors des derniers pourparlers, au Kazakhstan le mois dernier, lacommunauté internationale a formulé 2 demandes clés, qui n’ont pas pour l’heureété entendues par le régime iranien. Le démantèlement du site de Fordow, dédiéà l’enrichissement de l’uranium, d’une part, et l’abandon de 6 tonnes et demied’uranium légèrement enrichi en sa possession, d’autre part.
Frappera seul ou pas 
Les sanctions économiques et énergétiques pèsentlourdement sur la vie du pays sans pour autant geler ou infirmer l’inexorableavancée du régime vers le seuil nucléaire. Sans oublier que l’Iran interditl’accès du site de Parchin aux inspecteurs de l’AIEA. Site sur lequel desmissiles nucléaires de longue portée seraient fabriqués.
Il n’est pas impossible que le président américain ait fait le voyage pourconvaincre Israël de s’abstenir d’une offensive militaire ciblée et unilatéralecontre les sites iraniens. Mais pour l’obtenir, il faudrait qu’il exposeclairement sa propre ligne rouge sur ce dossier. Si celle-ci se trouvenettement au-delà de celle de Netanyahou, nul doute que ce dernier n’hésiterapas à faire part de sa détermination à agir seul.
Car Bibi ne peut trahir l’éthique qui règne au coeur de la doctrine de défensedu pays ; le destin du peuple juif ne doit jamais dépendre des autres. Quandbien même il s’agirait de son meilleur allié.
En revanche, si les lignes rouges des deux alliés se rejoignent, Netanyahoupourrait encore trouver la patience de laisser Obama donner une dernière chanceaux sanctions, dans l’espoir de les voir infléchir la détermination desdirigeants iraniens, avant d’en recourir aux armes. A n’en pas douter cetterencontre au sommet aura été des plus cruciales. A l’heure qu’il est, ildevrait être clair pour les deux chefs d’Etat dans quel contexte Israëlfrappera seul ou en tandem avec son allié américain.
Syrie, menace chimique et embrasement régional
L’escalade de la terreur enSyrie aura été le second dossier brûlant abordé. Pour preuve, les derniersdéveloppements : des rapports non confirmés laissent cependant penser que lesarmes chimiques ont d’ores et déjà été utilisées dans la région d’Alep. LaSyrie est un champ de bataille où s’affrontent des forces gouvernementales etrebelles. Mais ces enjeux dépassent le cadre de la guerre civile pour unconflit plus vaste entre l’Iran chiite et l’islam sunnite.
D’un côté de la ligne de front, l’Iran maintient le régime Assad sousperfusion, en injectant des fonds et des armes au régime alaouite et eninfiltrant des centaines de combattants du Hezbollah chiite, venus du Libanvoisin pour s’inviter sur le théâtre des opérations. En face, les Emiratsarabes financent et arment les rebelles.
Conséquence : une menace sur le Liban qui risque à tout moment de basculer dansle conflit. Dans cette poudrière, Israël cherche à contenir le chaos et regardeaussi du côté de son allié américain pour obtenir des garanties : en casd’attaque chimique, et au cas où des armes sophistiquées tomberaient entre lesmains du Hezbollah.