Une victoire pour l’Occident

L’Iran voulait un accord plus que tout. Si les pourparlers n’ont finalement pas abouti, c’est que les Américains et européens ont pris conscience que les conditions nécessaires n’étaient pas requises

Une victoire pour l'Occident (photo credit: REUTERS)
Une victoire pour l'Occident
(photo credit: REUTERS)
La décision de repousser la conclusion d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les pays du P5 + 1 à juillet 2015 représente une défaite pour l’Iran et une victoire pour les Etats-Unis et l’Europe. Pendant les discussions qui se sont déroulées à Vienne, les Iraniens avaient menacé de quitter la table des négociations si un accord, accompagné d’un allégement des sanctions, n’était pas conclu. Pour eux, c’était tout, maintenant, ou rien.
Mais ils ont dû ravaler leur fierté et accepter une nouvelle extension (la deuxième) des pourparlers. Et ce, alors que les sanctions sont toujours en place et que leur programme nucléaire est limité, notamment le nombre de centrifugeuses et d’uranium enrichi en leur possession.
Les leaders mondiaux (Chine, France, Allemagne, Russie, Royaume-Uni et Etats-Unis) ont certes accepté de dégeler une partie des avoirs détenus par la République islamique sur des comptes internationaux : 700 millions de dollars par mois. Car les négociateurs du P5 + 1 ont estimé qu’ils devaient faire un geste pour récompenser les modérés iraniens, en premier lieu le président Hassan Rouhani et son ministre des Affaires étrangères et chef des négociations sur le nucléaire Mohammad Javad Zarif. Ils ne souhaitaient pas les voir retourner à Téhéran les mains et surtout les poches vides. Cela dit, pour être franc, débloquer deux à trois milliards de dollars sur un total de 100 milliards d’actifs gelés, c’est donner des miettes à un affamé.
Alors pourquoi ce soudain revirement de l’Iran ? La réponse est simple. La République islamique est impatiente de se débarrasser des sanctions qui asphyxient son économie, dont l’état s’est encore détérioré ces derniers mois avec la chute du prix du pétrole. Le budget iranien pour 2014-15 s’appuie sur un coût espéré du baril de brut à 140 dollars – le prix actuel étant de 80 dollars. Soit un déficit considérable, qui pourrait être comblé par des mesures d’austérité, mais les dirigeants craignent que de telles mesures provoquent la colère d’un peuple déjà affecté par la récession. Le gouvernement iranien a donc choisi de faire fonctionner la planche à billets, accroissant de fait l’inflation.
Cela dit, l’Iran n’a pas abandonné ses ambitions nucléaires. En cas d’abandon des négociations, il ne faudrait à la République islamique que trois à six mois pour fabriquer une bombe. Téhéran a le savoir-faire et la technologie nécessaires. Qu’aucun accord, ni aucune attaque militaire ne pourront lui reprendre. Avec on ne sait combien de centrifugeuses et d’uranium enrichi en sa possession, l’Iran a déjà atteint le seuil d’accès à la puissance nucléaire.
La conclusion d’un accord se résume donc à une seule question : de combien d’années un traité repoussera l’assemblage d’une bombe nucléaire iranienne ? Un an ? Deux ans ? Trois ans ?
Sur le banc de touche, Israël, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis observent les discussions avec attention. Les trois ont travaillé de concert (une première) pour faire échouer les négociations. Pour ces pays, comme l’a répété à de nombreuses reprises Benjamin Netanyahou, un mauvais accord (que les pays occidentaux seraient prêts à accepter) est pire que pas d’accord du tout. Mais leurs efforts semblent avoir eu peu, si ce n’est aucun, d’effet sur le déroulé des négociations.
Si l’accord n’a finalement pas été signé, c’est que les Américains et les Européens ont pris conscience que les conditions nécessaires n’étaient pas requises.
On peut donc tirer deux conclusions de la conférence de Vienne. D’abord, les différends entre les deux camps sont toujours de taille. Ensuite, aucun des deux ne souhaite mettre fin au processus diplomatique. L’alternative, un non-accord, serait bien plus risquée pour la sécurité mondiale.
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