Apprendre de l’autre

Au lieu de se crêper le chignon, pourquoi ne pas apprécier les bons côtés de nos dissemblables ?

apprendre de l'autre (photo credit: Marc Israel Sellem)
apprendre de l'autre
(photo credit: Marc Israel Sellem)

Une nouvelle proposition de loi fait la Une de l’actualité :l’école maternelle deviendrait gratuite dès l’âge de trois ans. Un rare momentd’unité nationale, penseriez-vous. Car tout parent qui règle, à la sueur de sonfront, des frais préscolaires devrait se réjouir de cette initiative. N’est-cepas une réponse concrète aux revendications des manifestations de l’été pouraméliorer les conditions de vie des couples actifs ? Pourtant, chaque membre dela Knesset interrogé sur les ondes ronchonne. Chacun glorifie son propresecteur et se plaint de l’autre. Sommes-nous donc tant occupés à défendre notrepropre mode de vie qu’il est impossible à des grands-parents séculaires d’admettrequ’ils aimeraient avoir 50 petits-enfants comme les haredim ? Les parentsharedim, quant à eux, s’opposeraient-ils vraiment à ce que leurs fils et fillesparticulièrement doués se voient offrir des outils pédagogiques pour devenironcologues, comme leurs petits camarades laïcs ? Plutôt que de faire les listesde ce qui ne va pas chez l’autre, voici quelques exemples de ce qui, aucontraire, est appréciable.

Excusez d’avance les généralisations, les stéréotypes et mon choix de ne pas yavoir inclus le secteur arabe.
Ce que nous pouvons apprendre des haredim : 1. L’engagement à mettre au mondede nombreux enfants. Peu importe les raisons, contestables ou non, de cephénomène, comment dénigrer la motivation nécessaire pour élever 10 enfants.Pour entreprendre neuf mois de grossesse et un accouchement douloureux. Puisles infections auriculaires et des pleurs la nuit. Assurer à ces petits unenvironnement rassurant quand ils rentrent de l’école après une dispute ou unéchec. Sans parler des déguisements de Pourim et des gâteaux d’anniversaire.
Et toutes ces réunions parents-enseignants auxquelles il faut assister.Pourtant, les familles ultra-orthodoxes sont prêtes à assumer cesresponsabilités, malgré des ressources financières souvent limitées.
2. La force du consommateur. Bien avant le boycott du cottage, les supermarchésharedi présentaient des marques moins chères et réduisaient leurs prix sur denombreux articles. Les haredim utilisent leur pouvoir de consommateurs pourconvaincre les fabricants de modifier leur supervision de casherout en fonctionde leurs propres besoins.
3. La capacité à étudier. Leurs autobus scolaires ramènent à la maison lespetits garçons en fin d’après-midi alors que leurs camarades laïcs y sont déjàdepuis des heures. Les vacances scolaires sont également plus courtes que dansle secteur laïc.
4. Le don pour l’argumentation. Les élèves retiennent des poèmes entiers etsont capables de réciter des déclarations historiques par coeur. Dans lesecteur haredi, les enfants sont encouragés à mémoriser des passages clés de laTorah et de la Loi orale. L’étude du Talmud favorise en outre la compréhensionde questions complexes et de dialectique.
5. Le respect de la tradition juive, à l’école comme à la maison. Qui comprenddes valeurs comme honorer son père et sa mère.
6. La générosité. Même les pauvres consacrent une partie de leurs maigresressources aux plus nécessiteux. Un grand nombre de sociétés de prêt (gmah)allouent tout ce que vous désirez, depuis une robe de soirée à une boîte depois chiches. Les organismes bénévoles dirigent des soupes populaires et dessystèmes de distribution alimentaire.
7. Le rôle actif des parents dans la recherche d’un candidat approprié aumariage de leur progéniture est reconnu et encouragé. Si la méthode n’estcertes pas des plus romantiques, elle garantirait une vie conjugale plusréussie.
Ce que nous pouvons apprendre des Juifs laïcs : 1. Le patriotisme, exprimé àtravers leur résolution à recevoir un bas salaire, endurer un inconfort extrêmeet risquer leur vie au service militaire.
2. Hommes et femmes s’enorgueillissent de leur vie professionnelle et de leurcarrière, conscients que le développement personnel et le produit national brutsont liés et essentiels.
3. Le savoir : les écoles mettent l’accent sur les mathématiques, les scienceset l’anglais. Et offrent les outils nécessaires à ceux qui choisirontd’embrasser les professions du futur. La créativité est promue à travers unegrande variété de programmes parascolaires générateurs de réalisationsoriginales en arts visuels, musique et théâtre. Les émissions de télévisionisraéliennes sont copiées... même par .
4. Les innovateurs en high-tech, sciences, médecine et économie s’activent àfaire du monde un endroit meilleur. Ces disciplines sont ouvertes aux hommes etaux femmes qui peuvent diriger des partis politiques, jouer au basketprofessionnel ou présider la Cour suprême sans se soucier aucunement de heurterla sensibilité du public. Bien au contraire.
5. Les pionniers sionistes étaient disposés à endurer des privations extrêmespour construire ce pays. Ils ont transmis un amour de la patrie, de l’histoired’Israël et de la culture hébraïque. La bien-aimée musique israélienne inspireaussi bien les fêtes que les moments de deuil.
6. Arpenter les chemins naturels et sentiers historiques est un acte noble. Decet amour de la Terre d’Israël naît une préoccupation pour l’environnement - dela préservation des fleurs sauvages au recyclage.
7. Une large gamme de comportements est acceptée chez les enfants, laissant unespace bienvenu à l’individualité.
Ce que nous pouvons apprendre de Juifs orthodoxes modernes : 1. Un concept de“nous pouvons tout faire”, qui se traduit par la conviction que l’observancejuive n’empêche nullement d’élever une famille nombreuse tout en s’impliquantdans la communauté au sens large. Vous pouvez être un expert en informatique,pilote ou promoteur immobilier et respecter la Torah, que vous soyez un hommeou une femme.
2. Les idées créatives qui allient tradition et idées modernes sontflorissantes. Prenez par exemple les rabbins de Tzohar, l’écolecinématographique de Maaleh et la Kehillat Shira Hadasha. Le cinéaste orthodoxemoderne Joseph Cedar a été nommé aux Oscars. Srougim, une série TV basée sur lavie orthodoxe moderne réalisée par des jeunes de ce groupe social, jouit d’unpublic international.
3. La volonté de vivre dans des endroits malaisés et dangereux. Des groupes deJuifs orthodoxes modernes ont créé des communautés dans le cadre du mouvementd’implantation dans des lieux comme le Goush Katif, mais aussi dans des villestroublées et des localités comme Yeroham et Lod. Qui pense vraiment que vivredans une caravane plus d’une semaine est une partie de plaisir ? 4.L’assistance et l’hospitalité. Les Juifs orthodoxes modernes reçoiventrégulièrement des invités, étudiants en visite et immigrants non pratiquants,dans leurs foyers animés pour un repas de Shabbat élaboré, même si les deuxconjoints travaillent.
5. Les mouvements de jeunesse sionistes religieux renforcent les valeursfamiliales de leadership et d’éthique de contribution à la société. Nombre desoldats orthodoxes modernes sont bénévoles pour les postes de combattants etd’officiers, animés d’un enthousiasme frondeur. Deux ans durant, lesvolontaires du Service national aident les nécessiteux dans les écoles, leshôpitaux et les villages de jeunes, comblant une pénurie latente des ressourceshumaines dans ces institutions.
6. Selon les études, les couples modernes orthodoxes connaissent la plus grandeparité des couples mariés : les hommes et les femmes ont souvent le même statutéducatif et professionnel, générant une égalité plus vraisemblable dans la viefamiliale. Ainsi, ils parviennent à maintenir un équilibre entre carrière etfamille nombreuse.
7. Les écoles offrent des niveaux élevés d’étude de Torah et d’enseignementgénéral, octroyant aux jeunes hommes et femmes un large choix d’opportunitéspersonnelles.
Alors, l’enfer est-ce vraiment les autres ?

L’auteure, écrivain à Jérusalem,est directrice des relations publiques de Hadassah, l’Organisation sioniste desfemmes des Etats-Unis.