Christian Estrosi en Terre promise

Ami fidèle d’Israël, M. Estrosi s’est dressé aux côtés de Binyamin Netanyahou et a exprimé haut et fort ce qui en dérange plus d’un en France.

Christian Estrosi  (photo credit: DANIEL COHEN)
Christian Estrosi
(photo credit: DANIEL COHEN)

« Je suis fier d’être un ami d’Israël », clame Christian Estrosi dans une tribune médiatisée peu avant son arrivée en Israël. Au moins une fois par an, le maire de Nice se rend en Terre promise afin de rencontrer Binyamin Netanyahou et se recueillir au Mur occidental.Par sa venue, il affirme son attachement et son soutien inconditionnel au petit Etat Hébreu, particulièrement dans le contexte bouleversant qui anime alors le pays avec la disparition de trois de ses jeunes citoyens. Une affection toute particulière a été exprimée envers le Premier Ministre : « j’ai une admiration pour son parcours politique. Notre entretien de ce matin a été dense et riche en ce qui me concerne. Israël et la France doivent avancer dans la même direction ».

De nombreuses questions politiques ont été abordées lors de l’entretien d’Estrosi avec le Premier ministre israélien, donnant à sa visite une dimension politique assumée : « J’ai tenu en homme libre et homme politique français libre à témoigner toute ma solidarité au Premier ministre Binyamin Netanyahou, à son gouvernement et à l’Etat d’Israël », explique-t-il au sujet de l’enlèvement par le Hamas des trois jeunes israéliens Naftali Fraenkel, Gil-Ad Shaer et Eyal Yifrah.
Car à l’heure où des enfants palestiniens sont soignés en Israël, dont la petite-fille de Khaled Meshaal, leader du Hamas, ce dernier enlève des adolescents israéliens : Christian Estrosi y voit ici une opposition des valeurs qui constitue un « moment pivot » dans le conflit israélo-palestinien. « L’Autorité palestinienne ne peut avoir un gouvernement constitué d’hommes politiques soutenus par le Hamas et constater des agissements de la sorte », explique-t-il.
La position du député-maire de la capitale azuréenne est donc claire : la reconnaissance par l’Etat français du gouvernement d’union palestinien est, selon lui, « une véritable erreur ». Et de dresser un constat alarmant : l’Autorité palestinienne n’a aucun contrôle sur la bande de Gaza où il règne un chaos dangereux… S’il ne veut pas faire d’ingérence dans les affaires politiques israéliennes, Estrosi considère néanmoins avoir « la responsabilité de convaincre les opinions publiques, la responsabilité de partager aussi avec la presse car la désinformation envers Israël arrive à toucher les esprits les plus faibles. On traduit en France le fait que l’Etat d’Israël opprime constamment, nous savons que c‘est faux. »
« Je n’ai pas ma langue dans ma poche »
Cette rencontre a aussi été l’occasion pour Christian Estrosi de s’entretenir sur un sujet sensible, qui prend de l’ampleur en France et en Europe : les dangers du djihadisme. Ce contexte est dangereux aujourd’hui, et ce, pour toutes les démocraties car « les dangers qui pèsent sur Israël pèsent sur tous. Ainsi », ajoute-t-il, « je comprends les initiatives prises par le gouvernement israélien. Même si c’est rare, je le soutiens totalement. Il en va de la sécurité de tous, l’Union européenne et la France doivent le comprendre. La paix ne peut se construire sur ces bases. »
Cet homme politique français aux avis tranchés et assumés attend formellement de la part de l’Union européenne et de la France de se positionner aux côtés d’Israël, car, selon lui, fragiliser Israël, c’est fragiliser l’Europe. Pour M. Estrosi, le terrorisme et la menace iranienne pèsent sur tous, pas seulement sur Israël.
De plus, le franc-parler bien connu du maire de Nice a fait mouche lors de sa visite. « Je n’ai pas ma langue dans ma poche » admet-il. Haut et fort, il reconnaît Israël comme un pôle de stabilité et de démocratie dans une région difficile, un discours courageux face aux nombreux détracteurs d’Israël en France. Estrosi est un des rares hommes politiques français qui rappelle fréquemment le devoir de la France de protéger ses Juifs car « chaque attentat, chaque agression, chaque insulte constitue de fait une atteinte intolérable à la République », mais surtout, il soutient Israël et s’oppose à tous ceux qui appellent à sa destruction ou menacent sa sécurité.
Israël inspire la capitale azuréenne
Israël est un pays jeune et innovant qui attire par sa réussite, juifs comme non-juifs. Ceci, le député-maire en est convaincu. Son admiration pour le petit Etat moyen-oriental est si grande qu’il souhaite établir une coopération économique avec la ville qu’il dirige. Dans le but de consolider les liens déjà tissés avec Israël, Christian Estrosi a largement insisté sur le volet économique de sa visite. Il œuvre depuis plusieurs années pour le renforcement majeur des partenariats technologiques et plus globalement, des échanges commerciaux de la France avec Israël.
D’ailleurs, depuis son élection aux fonctions de maire, les échanges entre Nice et Israël se sont considérablement développés notamment avec la ville de Netanya, jumelée à Nice. Son court séjour de deux jours en Israël avait aussi pour objectif de signer des accords de coopération entre la métropole Nice-Côte d’Azur et des groupes israéliens innovants. Avec lui, de nombreux dirigeants de sociétés françaises se sont rendus aux Rencontres franco-israéliennes de l’Innovation, organisées par la mission économique de l’ambassade de France en Israël.
Enfin, concernant le nombre croissant de Français qui quittent la France pour Israël, son explication est claire : « Nous sommes devenus incapables d’incarner l’espoir de réussir et de faire marcher l’ascenseur social ». L’aliya française est donc plus motivée par des raisons économiques que par des questions d’antisémitisme, selon lui.
Il se place d’ailleurs comme leader de la lutte contre l’antisémitisme en France ; selon lui, l’Hexagone s’est doté de lois permettant de se battre contre les phénomènes discriminatoires envers la communauté juive. Sa lutte remarquable contre l’antijudaïsme latent s’est notamment illustrée lorsqu’il s’est opposé à la venue de Dieudonné M’Bala M’Bala et Alain Soral à Nice, bien avant les mesures drastiques prises par l’Etat français.
Christian Estrosi a toujours vivement exprimé sa solidarité envers Israël et la communauté juive. Il a ainsi déclaré, lors de l’allumage des bougies de Hanouca 5774, être un « juif de cœur ».
Quant au rôle de la Mémoire, il s’agit là, pour Christian Estrosi, d’un élément primordial, car transmettre est un rempart contre l’oubli et la banalisation. Il a donc activement œuvré à Nice pour ériger le Mur des Justes, et permettre à de jeunes collégiens et lycéens de se rendre au camp d’Auschwitz-Birkenau. L’opéra de Nice a d’ailleurs produit une pièce sur l’Affaire Dreyfus : une grande première mondiale qui a connu un succès phénoménal.
L’homme politique français dénonce également la campagne de boycott du groupe BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) estimant qu’il nuit plus à la paix qu’à l’Etat d’Israël et légitime aux yeux des terroristes leurs actes criminels. Les propos qui consistent à présenter Israël comme un « Etat d’apartheid » sont pour lui le fruit d’une totale ignorance et il les condamne de vive voix. Sans oublier de souligner que l’appel au boycott est illégal en France.
Au final, une courte visite riche en émotions et discussions, couvrant les volets économique et politique qui unissent Israël et la France, et plus particulièrement, la belle capitale de la Côte d’Azur. Christian Estrosi s’est une fois de plus, affirmé comme un ami loyal d’Israël par sa poigne et son franc-parler.
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