Du lycée à l’armée, un rite initiatique à l’israélienne

Servir sous les drapeaux est un idéal partagé par la majorité des jeunes Israéliens. Retour sur le parcours d’enrôlement et les valeurs sionistes qui le sous-tendent

Adolescend se presente pour la premiere fois a l'armee (photo credit: DR)
Adolescend se presente pour la premiere fois a l'armee
(photo credit: DR)

C’est avec une lettre qui lui est personnellement adressée, qu’à l’âge de 16 ans, l’enfant est pour la première fois invité à se présenter à l’armée. Dans la missive, un ticket de transport pour se rendre gratuitement au Tzav Rishon (premier rendez-vous) qui va durablement imprimer son avenir. Attendue avec impatience pour les uns ou redoutée par les autres, cette première convocation est aussi le moment d’affirmer son indépendance. « Mon fils n’a pas voulu que je l’accompagne. Il est parti tout seul à 16 ans à la lishkat guiyous (bureau de l’enrôlement) ». Premier contact avec l’armée pour l’enfant, c’est aussi le premier pour la mère. « C’est à ce moment-là qu’on réalise qu’on va “donner” son enfant au pays. Ce qu’on a de plus cher au monde. Pour moi ça a été un choc », avoue Rachel, mère de deux garçons. « J’ai pleuré quand il a reçu sa convocation. J’ai pensé à la Akedat Itzhak (le sacrifice d’Avraham) », avoue Levana. Mais Tsahal n’est pas seulement une armée de défense : facteur de promotion sociale, elle a aussi vocation de fédérer les Israéliens autour d’une identité commune en devenir.

Premiers pas vers l’uniforme
Prise de sang, analyses d’urines, examen ophtalmologique, l’armée saura tout de lui ; s’il a le vertige ou s’il est diabétique. Une simple allergie au pollen pourra lui fermer les portes des unités d’élites. « Ma fille est allergique au gluten », confie Mikhal, « elle fait un service civil à l’intérieur d’une base et s’occupe de jeunes en difficultés. J’ai beau lui dire qu’elle sert aussi son pays, elle est très frustrée », regrette-t-elle. 76 % des 15-18 ans veulent faire l’armée. Mais une simple déficience physique peut être à l’origine d’un drame personnel, mettre un terme à une potentielle carrière, sceller un destin de « jobnik », terme péjoratif qui signifie « petit boulot », pour ne pas dire « planqué » (par opposition aux unités combattantes). « Mon fils aurait dû être combattant, il avait le profil pour cela », confie Madame R., médecin généraliste. « Or il s’est cassé la jambe juste avant son enrôlement, qui n’a donc pas pu se faire. Il a pleuré des jours et des jours. Il était désespéré de ne pouvoir être qu’un jobnik. C’est le drame de sa vie. »
Une batterie de tests succédera aux examens médicaux. « S’ils ont prouvé leur maîtrise de l’hébreu, les candidats passeront 4 tests de psychométriques, mathématiques, logique verbale, logique non verbale et compréhension des suites logiques », explique le lieutenant Sharon Fischer, psychologue du travail, responsable des systèmes de sélection au département des sciences du comportement. « Si, pour une raison ou une autre, ils ne maîtrisent pas l’hébreu, qu’ils soient nouveaux immigrants ou issus des minorités, ils passeront deux tests, un de logique non verbale et l’autre de compréhension des comportements, ayants pour but de révéler leur nature, leur façon de se gérer dans leur vie de tous les jours et leur degré d’adaptabilité », explique l’officier. Lors de cette première rencontre, le candidat pourra signifier à quel corps d’armée il souhaite appartenir, voire exprimer son désir d’être exempté. A l’issue de cette première prise de contact, il lui sera communiqué un code personnel, avec lequel il pourra entrer sur le site internet de l’armée. Là, il aura accès à tous les renseignements qu’il souhaite et pourra s’informer par lui-même. Son intégration peut commencer.
Espoirs et désespoir
Pour autant cet enrôlement ne se fera pas en un jour. Plusieurs rendez-vous et rencontres viendront renforcer ce premier contact. « On cherche à connaître le milieu social du candidat, son histoire familiale, son niveau d’éducation, s’il a fini son secondaire ou s’il a interrompu sa scolarité avant le bac. Si son niveau d’hébreu est insuffisant, il peut bénéficier d’une mise à niveau, » souligne Fischer. L’armée se veut un lieu privilégié d’apprentissage. Si les unités combattantes leur sont fermées, à l’issue d’autres tests, les postulants se verront offert d’accéder à une centaine d’autres postes pour lesquels ils pourront bénéficier de formations dans les domaines de l’éducation, l’informatique, ou d’autres plus techniques selon leurs aptitudes.
Pour avoir un bon profil, il faut marquer des points. Certains enfants se préparent à cette échéance longtemps avant. Daniel fait du krav maga depuis l’âge de sept ans, Shmouël du footing depuis l’âge de la bar-mitsva, et Mikhaël de la musculation trois fois par semaine dans une salle de sport, car il espère avoir le plus de points possibles pour pouvoir intégrer les unités d’élite comme ses frères. « Pour les femmes, c’est leur niveau d’éducation et leurs résultats aux psychométriques qui déterminent leur score. Les hommes bénéficient en plus d’un entretien individuel. A partir de ces premiers résultats, on leur fait un certain nombre de propositions de carrière au sein de l’armée » précise le lieutenant Sharon Fischer. « Mon fils a 86 points, c’est un haut profil, il peut choisir l’unité qu’il veut. Il a le droit d’être kravi (combattant). Il va pouvoir réaliser son rêve », confie Hanna. La fierté des parents fait écho à celle de l’enfant, mais si l’examen psychologique n’est pas réputé être très difficile, en cas d’échec, pas de deuxième chance et c’est la déception qu’ils partagent. « Ma fille est une très bonne élève, mais, à cause du stress, elle a perdu tous ses moyens. Elle était déçue. Elle a demandé à repasser les tests, mais impossible », regrette Sophie.
« Les tests évaluent un enfant à un instant T, sans tenir compte de l’inhibition qu’il peut avoir quand il les passe. Le psychologue Howard Gardner de Harvard a démontré qu’il existe plusieurs types d’intelligence, de façons de comprendre, d’apprendre et de performer sur la base des informations enregistrées. Or les tests se limitent actuellement essentiellement à un seul mode de fonctionnement : celui de l’intelligence logique, rationnelle, mathématique et déductive » fait remarquer Laetitia  Lévy, professionnelle, facilitatrice et formatrice en leadership créatif et innovation. Et d’ajouter : « Si l’intelligence est la capacité de compréhension d’une information, la créativité et la résolution créative de problèmes permettent, elles, non seulement la compréhension mais aussi l’assimilation et la transformation de cette information en une solution adaptée à une nouvelle situation ».
Fort heureusement, ne pas faire l’armée n’est plus aussi invalidant qu’auparavant. « Quand un jeune a été exempté pour inaptitude et n’a pas été objecteur de conscience, s’il brigue un poste, la société fera preuve d’une grande compréhension et il pourra même accéder aux plus hautes fonctions », se félicite Marie-Lyne Smardja, docteur en sciences de l’éducation.
Une ouverture pour l’égalité des chances
Force est cependant de reconnaître que l’armée est un formidable ascenseur social, un creuset éducatif sans pareil. Une opportunité de rencontres pour des jeunes issus de toutes les couches sociales pour faire l’expérience de la solidarité et plus de chance de s’intégrer plus tard dans le monde du travail. C’est particulièrement important pour les jeunes issus de milieux défavorisés. « Il y a des enfants qui font une scolarité médiocre et dont le potentiel va se révéler à l’armée qui pourtant a plus d’exigences. A l’école, on cherche à les préserver le plus longtemps possible », fait remarquer Odile Namia-Cohen.
« Tsahal a mis au point un système d’évaluation aussi juste que possible dont le but est aussi d’ouvrir des opportunités nouvelles à l’horizon des futurs appelés, quels que soient les couches de la population auxquelles ils appartiennent. Ces tests prennent en compte les différences sociales et différents niveaux d’éducation des candidats. L’objectif étant de mettre en lumière le potentiel de chaque individu afin de lui offrir les meilleures opportunités de développement. Tsahal a à cœur de mettre en œuvre l’égalité des chances des appelés, car le fait que le service militaire soit obligatoire nous donne certes des droits, mais aussi des devoirs envers les appelés », confirme le lieutenant Fischer.
Les parents à l’épreuve
Selon un sondage conduit à l’initiative du Conseil sioniste en Israël et de l’Organisation sioniste mondiale, effectué par l’Institut de recherche Midgam et mené sur un large panel de la population juive israélienne des 15-18 ans, 92 % des hommes et 60 % des femmes expriment leur ferme intention de faire leur service militaire. Présenté à l’ouverture du Congrès de la jeunesse sioniste dans le Goush Etzion, le sondage en ligne, effectué auprès d’un échantillon représentatif de 501 jeunes Israéliens, révèle que 10 % des jeunes seulement ont déclaré qu’ils n’ont pas l’intention de servir dans l’armée israélienne. « Les enfants sont très motivés par l’armée ; certains ne peuvent pas y faire face, mais on peut avoir de bonnes surprises ; par exemple un enfant peut être en échec scolaire et révéler des aptitudes insoupçonnées quand il intègre l’armée », se réjouit Odile Namia-Cohen, chef d’établissement et responsable des projets éducatifs de la fédération franco-israélienne.
Si l’événement semble plutôt bien vécu par les enfants, il reste une épreuve pour beaucoup de parents. « Ce qui me fait peur, ce n’est pas seulement que mon fils soit en danger, mais qu’il soit confronté à la violence. Toute notre éducation consiste à lui inculquer des valeurs morales et tout à coup il faut mettre ça de côté et lui dire qu’il doit se défendre et tuer s’il le faut pour ne pas être tué lui-même », se plaint Sarah. Beaucoup de parents regrettent aussi de ne pas pouvoir être reçus par l’armée, ne serait-ce qu’une fois afin de pouvoir poser les questions qui les taraudent. Et ce, d’autant plus s’ils sont des olim de culture différente, qui découvrent de plein fouet une réalité avec laquelle ils n’ont pas grandi. En France, faire la guerre est connoté négativement et l’enfant verra soudain son univers familier remis en question à un âge où il doit justement continuer à se construire. « Je suis venue ici pour ne pas vivre en ghetto en France et fonder un foyer juif en Israël, car j’étais convaincue que ce serait l’endroit le plus sûr pour mes enfants. J’ai pris la responsabilité de faire ce choix de vie, mais maintenant que mes enfants vont faire l’armée, je me sens coupable de leur avoir imposé ce destin », confie Noémie.
Le sionisme en partage
Toujours selon la même étude, les adolescents israéliens âgés de 15 à 18 ans ne seraient cependant pas pour autant disposés à se sacrifier pour leur pays. Et bon nombre d’entre eux imaginent leur vie à l’étranger. « Mon mari a fait le Shlav Beit (pour les olim), puis les milouyim (périodes de réserve) pendant 10 ans. Il préférerait que les enfants ne soient pas combattants, on ne recherche pas l’héroïsme dans la famille. Mais on a choisi de ne pas leur dire. Ils ont grandi ici, on veut respecter leur choix », dit Keren.
Le ministre de l’Education Shaï Piron, s’est récemment adressé à 1 000 jeunes avant leur conscription et leur a rappelé que l’héroïsme consiste à s’enrôler dans l’armée pour défendre la patrie et le peuple juif. « Ce n’est pas seulement la sécurité du pays qui est en jeu, mais les valeurs sociales d’altruisme et d’entraide qui règnent au sein de Tsahal que nous voulons promouvoir et qui constituent l’essence même de la vie en Israël » a-t-il rappelé.
L’Institut de recherche Midgam a sondé 501 jeunes sur Internet, leur demandant dans quelle mesure ils s’identifient à la phrase « Il est bon de mourir pour son pays » que Joseph Trumpeldor, un combattant sioniste aurait prononcée avant de mourir au champ d’honneur. Sur une échelle de 1 à 10, la moyenne atteint 6,4. « Difficile de s’identifier à cette phrase absurde », s’insurge Marie-Lyne Smardja. « Ça ne leur parle pas, car Tsahal est une armée de défense, de rencontre de l’Autre, de partage d’un fardeau commun et l’armée est perçue comme un ascenseur social, une valeur capitale dans une société où les inégalités sociales sont importantes. L’armée offre à des jeunes défavorisés une possibilité d’obtenir un travail, d’étudier, et contribue justement à réduire la fracture sociale », insiste-t-elle. « Et si 1 jeune sur 10 pense quitter le pays, c’est une fois intégré le monde du travail car la vie en Israël est difficile. L’essor économique ne profite pas à tous et la fracture s’accentue. Se loger est cher, les emplois peu payés par rapport au coût de la vie, ce qui alimente une certaine amertume pour ceux qui ont servi leur pays. 800 000 enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté », rappelle-t-elle.
Le système scolaire israélien comporte 4 grandes catégories : le généraliste, le religieux et l’orthodoxe et l’arabe. L’éducation juive se décompose à son tour en courants : conservateur, thoranique, Noam Torani… Tous offrent une sorte de formation introductive à l’armée spécifique en accord avec leur orientation. Les établissements généralistes prépareraient un peu moins les jeunes. Pour y pallier, l’armée organise des journées portes ouvertes, tout au long des deux années qui précèdent la circonscription des appelés. « Dans les écoles religieuses, la préparation des jeunes filles à l’armée est intensive », fait remarquer Odile Namia-Cohen, « car on ne veut pas que les jeunes filles se retrouvent pkidot (fonctionnaires) à l’armée, à servir le thé aux officiers. D’autre part on leur explique comment intégrer les unités religieuses. Elles bénéficient d’un soutien psychologique, on leur présente toutes les orientations possibles qui s’offrent à elles et on les accompagne jusqu’à ce qu’elles aient fait leur choix. Et pour les garçons, c’est pareil. On ne les laisse pas livrés à eux-mêmes », se félicite ce chef d’établissement. D’ailleurs ils ont la possibilité de faire une année de mehina (classe préparatoire) s’ils le souhaitent, qui les prépare à tous les niveaux, aussi bien intellectuel que psychologique et physique.
A l’école Amit-Maalé Adoumim par exemple, on enseigne que servir dans l’armée est une mitsva, une bonne action en accord avec les valeurs de la Torah. « Le programme sherout ma’agalim que nous proposons, existe dans toutes les écoles religieuses sionistes du courant dati leoumi, en Première et en Terminale » confie le Rav Avidgor Weitzman, directeur de l’établissement. « Notre objectif est de renforcer les valeurs juives des jeunes appelés, de donner un sens au service militaire et nous mettons l’accent sur la nécessité d’avoir une éthique », précise-t-il. Des sorties sont proposées tout au long de l’année, sur des sites militaires connus ou des zones de combat qui ont compté dans l’histoire du pays, et ce afin de donner aux enfants le goût de l’armée.
Repenser l’éducation ?
Cet accent sur les valeurs ne se retrouve pas pour autant dans tout le système éducatif. Yaël Klein (responsable de la formation des enseignants en Histoire au Département de l’éducation de l’université Bar-Ilan, et directrice du département d’Histoire au Collège d’enseignement supérieur académique Orot) évoque ainsi une crise dans l’enseignement de l’Histoire qui est apparue dans les années 2000, ou, dans les nouveaux manuels qui ont été publiés, ce qui avait à voir avec l’idée de nation a disparu au profit d’un enseignement universaliste. « Même Massada n’est plus consensuel », titrait un journal de l’époque. « Pour l’instant, on peut voir les tendances à l’œuvre derrière les manuels scolaires d’Histoire. L’heure est à la décomposition des narratifs. D’un côté il y a l’Histoire juive et de l’autre l’Histoire du monde ou l’Histoire générale. La synthèse, c’est le professeur qui la fait et son intégration dépend du manuel. L’organisation des contenus se fait à partir du retour des Juifs de Babylone. On ne parle pas de l’Histoire des origines », souligne-t-elle. Depuis, le système scolaire s’est repris en main. De nouveaux programmes ont été écrits, mais ils n’auront un impact réel que lorsque les nouveaux manuels qui suivent leurs lignes directrices apparaîtront sur le marché. Pour autant, le sondage révèle qu’une majeure partie de la jeunesse israélienne se déclare observer peu ou prou, la tradition religieuse, 70 % des sondés se disent sionistes et 89 % Israéliens. Pas si mal pour une société aux multiples visages, en quête d’un socle d’identité commun. A noter que l’armée est obligatoire pour les Druzes, les Tcherkesses et les Bédouins. « J’ai pu observer que les Druzes notamment préparent extrêmement bien leurs enfants et invitent souvent des responsables de Tsahal à les rencontrer », précise Odile Namia-Cohen. D’ailleurs plus de 80 % des Arabes chrétiens, des Druzes et des Bédouins, soutiennent l’armée. « Ils sont fiers d’être des combattants et ont même un langage très sioniste », souligne Marie-Lyne Smardja.
Dans ce contexte, la nouvelle réforme que le nouveau ministre de l’Education Shaï Piron veut initier tombe à point nommé : l’éducation ne serait plus quantitative, mais aurait vocation à donner des valeurs. Or, bien qu’appartenant à la formation Yesh Lapid, les valeurs qu’il imprime sont principalement nationalistes. Exit donc, le multiculturalisme à tout crin ? « Il y a un consensus en Israël : cet Etat est un Etat juif. Les laïcs bien que moins ultranationalistes sont dans la même mouvance », souligne Marie-Lyne. « Il faut faire tomber les mythes. Parmi les laïcs telaviviens et ceux qui appartiennent au Triangle d’or, la majorité des garçons veulent servir sous les drapeaux comme combattants », martèle-elle.
Les Dati Leoumi (sionistes religieux) n’auraient donc pas le monopole des valeurs sionistes. Mais pour Dan Beeri, enseignant, fondateur et directeur du réseau scolaire « Barkaï », une majorité juive ne suffit pas à faire une nation juive. Il n’y a pas d’Etat Juif sans peuple juif. Or, l’origine des cassures à l’intérieur du peuple juif existe et il faut la chercher à l’école, où l’on n’enseigne même plus Herzl. « Avec la dénationalisation, on ne donne pas aux enfants l’envie de vivre dans le pays où ils vivent », souligne l’enseignant.
Tsahal n’est pas seulement une armée de défense et une opportunité d’intégration qui joue un rôle social très important. Sa vocation est aussi de construire une Nation », insiste le lieutenant Sharon Fischer. « L’Israélien de demain, c’est peut-être l’Ivri », pense Odile Namia-Cohen, « c’est-à-dire un citoyen attaché à Israël, ce qui induit un retour aux sources du judaïsme et à ses racines ». Et il se pourrait bien que l’armée soit cet instrument indispensable pour affirmer cette identité commune en devenir.