Faire de l’université d’Ariel une réalité

Aujourd'hui, Ariel s'est transformée en institution de recherche universitaire de première importance

Ariel (photo credit: Marc Israel Sellem)
Ariel
(photo credit: Marc Israel Sellem)

Quoi de plusprestigieux au monde qu’une université, “le lieu où ceux qui haïssentl’ignorance peuvent s’efforcer de s’instruire, où ceux qui perçoivent lavérité, peuvent s’efforcer de la faire comprendre aux autres”. Ces mots de feule poète anglais John Masefield sont ceux qui reflètent le mieux l’essence del’université moderne. Ainsi, on aurait pu penser que la récente décision priseà la quasi-unanimité par le Conseil de l’enseignement supérieur deJudée-Samarie d’accorder au Centre universitaire d’Ariel (CUA) de Samarie lestatut de huitième université du pays serait applaudie par le parterreuniversitaire et le public. Ce n’est pas le cas.

La reconnaissance du CUA comme université a été vigoureusement combattue par leComité des présidents, qui représente les sept autres universités du pays. Pourcouronner le tout, le chef de la toute-puissante commission d’allocation dubudget du Conseil israélien d’enseignement supérieur, le Dr EmmanuelTrajtenberg, figure de proue dans l’élaboration de la réponse gouvernementaleaux protestations sociales de l’an dernier, a non seulement exercé de fortespressions pour contrecarrer cette nomination, mais a tenté de “persuader”l’administration de l’AUC de renoncer à un statut universitaire formel, en luioffrant un soi-disant compromis : conserver son statut de centre universitairetemporaire (non encore défini par la loi), en échange de généreuses allocationsfinancières et autres privilèges.
Bien heureusement, le Comité exécutif du CUA a rejeté toute forme deconcessions au motif que le Conseil de l’enseignement supérieur deJudée-Samarie avait fixé des critères académiques clairs et sans équivoque en2007 pour son accréditation au terme d’une période de cinq ans, en juillet2012. Dans le cadre du processus d’accréditation, en février 2012, un groupe d’expertscomposé d’universitaires illustres des grandes institutions israéliennes, commele prix Nobel Pr Aumann Robert de l’Université hébraïque, avait recommandéd’une voix unanime que le CUA reçoive le statut complet et permanent,d’université. Il avait aussi loué l’institution, non seulement pour avoirsatisfait aux critères rigoureux du conseil, mais avoir dépassé les attentes àpresque tous les niveaux.
Un triomphe du rêve sioniste

Comme lereboisement du Néguev, le drainage des marais paludéens, l’absorption demillions d’immigrés et la création de la “nation start-up”, le CUA est untriomphe du rêve sioniste. Fondé dans un sous-sol du village Kedoumim, en 1982avec une poignée d’étudiants, ce qui était alors connu sous le nom de Collègede Judée-Samarie rassemblait un corps étudiant de quelque 500 âmes seulement àsa bar-mitsva en 1995.
C’est à cette date que le professeur Dan Meyerstein, chimiste de renomméemondiale et membre du corps professoral de l’université Ben Gourion, s’est vuoffrir la présidence de l’institution naissante. Sous ses 17 années deprésidence, en collaboration avec le fondateur et visionnaire du centre,l’ancien ministre des Finances Yigal Cohen-Orgad, et l’ancien ministre desAffaires étrangères Moshé Arens, le CUA s’est transformé en institution derecherche universitaire notable, forte de 13 000 étudiants, dont 500 Arabesisraéliens. Aujourd’hui, il a à son actif un corps professoral de près de 300 membres, quienseignent dans 24 départements couvrant un large éventail de disciplines, dessciences naturelles, appliquées ou biomédicales, ingénierie, commerce, gestionet éducation aux sciences humaines.
Et l’établissement, qui a également battu le record national d’absorption denouveaux immigrants universitaires issus de l’ex-Union soviétique, compte leplus grand nombre d’élèves d’origine éthiopienne, un chiffre plus élevé quepour n’importe quelle autre institution du pays. Pour la prochaine rentrée universitaire, en prévision de son nouveau statutd’université, le CUA s’apprête à accueillir 30 jeunes docteurs, dont 20diplômés juifs et israéliens de grandes universités américaines et d’Europeoccidentale. De quoi contribuer à inverser le phénomène de la fuite descerveaux. Dans son existence relativement courte, l’université d’Ariel a été reconnuecomme l’un des plus importants établissements d’enseignement supérieur du paysdans un certain nombre de domaines, y compris la thérapie physique, larobotique et la science des matériaux. Elle peut aussi se vanter de succèsacadémiques en architecture et en communication.
Pour que ce ne soit plus un rêve...
Tout serait au beau fixe, si ce n’est que, étonnamment, le processus dereconnaissance n’est pas encore achevé. Parce situé de l’autre côté de la Ligne verte, l’établissement est soumis à unrégime juridique sui generis (propre - ndlr). Son nouveau statut doit êtreformellement approuvé par le chef du Commandement central de Tsahal, qui estaussi gouverneur militaire de Judée- Samarie. En tant qu’officier de l’armée,le commandant est sous la tutelle du ministre de la Défense, Ehoud Barak.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le gouverneur militaire, agissant surordre du ministre de la Défense, peut retarder la décision du Conseil del’enseignement supérieur, s’y opposer ou apposer son veto, ignorant les chaudesrecommandations du ministre de l’Education Guidon Saar et du ministre desFinances Youval Steinitz. Dans le climat politique instable créé par le retrait du parti Kadima de lacoalition et l’imminence d’élections générales, l’accréditation du CUA nesemble pas être tenue pour acquis. Voter pour la reconnaissance de l’AUC, c’est voter pour le sionisme. Le centrea été fondé sur l’hypothèse qu’il était possible de créer une universitémoderne en Israël, où le corps professoral et les étudiants embrassentfièrement le rêve sioniste, où, conformément au règlement, chaque salle declasse arbore le drapeau d’Israël, où la liberté académique est farouchementdéfendue. Et où, le type de dogme antisioniste qui s’est propagé comme uncancer dans de nombreuses autres facultés du pays n’a pas sa place.
Institution d’enseignement supérieur florissante réputée à travers le mondepour ses travaux de recherche, son excellence tient du miracle. Sonaccréditation comme université à part entière serait rendre hommage au courageet à la clairvoyance de ses fondateurs, professeurs et étudiants. Et quellemeilleure réplique à ceux, ici et à l’étranger, qui cherchent quotidiennement àdélégitimer l’entreprise sioniste et à affaiblir la magnifique expériencehumaine appelée Etat d’Israël. Il est temps, enfin, que ce rêve devienneréalité.