L’art à l’honneur

Le lancement du 53e festival d’Israël aura lieu le jeudi 29 mai à Jérusalem et rassemblera un grand nombre d’artistes locaux et internationaux

festival (photo credit: OLIVIER HOUEIX)
festival
(photo credit: OLIVIER HOUEIX)

 

«En mai fait ce qu’il te plaît », dit l’adage populaire et ce qui plaît à Jérusalem, c’est d’offrir à ses habitants une série d’événements culturels, allant du théâtre à la danse, en passant par le jazz ou encore la musique classique. Pendant trois semaines, concerts et représentations se succéderont à travers toute la ville mettant à l’honneur des interprètes israéliens, français, italiens, anglais, géorgiens, ou américains…

Ce melting-pot culturel s’est déjà montré artistiquement profitable par le passé. Grâce à ce festival, des artistes de la scène locale et internationale se côtoient, se découvrent, échangent et partagent. Ce mélange de comédiens, chanteurs et musiciens issus de tous horizons donne naissance à des collaborations créatives, originales et parfois même avant-gardistes.
Cette année, une mezzo-soprano israélienne donnera une représentation accompagnée d’un groupe de musiciens néerlandais sur des sons latinos. Cet exemple n’est qu’une « goutte d’eau dans une mer de collaboration entre Israéliens et internationaux », explique Gil Shohat pianiste et chef-d’orchestre.
Les scènes seront foulées par Asaf Avidan, Shlomi Shaban, la troupe de danseurs londoniens d’Hofesh Shechter, Cristina Branco, chanteuse portugaise de Fado, l’organiste de jazz allemande Barabara Dennerlein et bien d’autres encore.
Pour le public, la diversité créée et mise en avant par ce genre d’événement permet la découverte de formes d’expressions auxquelles il n’a peut-être pas eu la chance d’être exposé avant. Selon Shohat : « les spectateurs israéliens peuvent assister à des représentations de danse indiennes, de poésie africaine, d’opéra chinois, (….)  ou encore de ballet d’Amérique du Sud ».
Cette 53e édition du festival d’Israël ouvrira, entre autres, ses portes à de célèbres artistes français tels que Gérard Depardieu et Anouk Aimée, venus jouer leur pièce Lettres d’Amour, dont les premières représentations ont eu lieu en janvier 2014 à Paris. Une pièce qui marque le grand retour de Depardieu sur les planches depuis 2004. Ecrite par A. R. Gurney, l’histoire retrace la romance entre deux personnages, assis côte à côte, se remémorant leur passé à travers les lettres et cartes postales échangées au cours des 50 ans de passions qu’ils ont partagés. Leur relation est révélée tout en nuance par le lien épistolaire entretenu par ce couple né d’une amitié d’enfance, développée en flirt adolescent, précédant espoirs et déceptions adultes. Le Ballet de Biarritz sera également de la partie pour porter les couleurs de la France. Dirigé par Thierry Malandain, la troupe effectuera sa première visite en Israël pour offrir deux œuvres de son répertoire. Sur des mélodies de Berlioz, ils interpréteront leur version du classique de Shakespeare, Roméo et Juliette, ainsi que le célèbre conte de Cendrillon dansé sur du Prokofiev. Les deux événements sont organisés en partenariat avec l’ambassade de France et l’Institut français en Israël.
Et la culture française sera aussi mise à l’honneur par des artistes non francophones. La troupe de théâtre de Tbilissi en Géorgie présentera son adaptation du Tartuffe de Molière, sous la direction de Levan Tsulade. La compagnie n’en est pas à sa première visite sur le territoire israélien. En 2009, elle était venue jouer son adaptation de La dame au petit chien d’Anton Tchekhov.
Du 29 mai au 19 juin, musique, danse et théâtre seront donc au cœur de la capitale israélienne, incarnés par des artistes d’ici et d’ailleurs. 

Asaf Avidan

En quête de nouvelles saveurs
Côté israélien, ce festival marque un retour aux sources pour Asaf Avidan. Originaire de Jérusalem, l’artiste mondialement reconnu et récompensé d’un disque de platine en France, donnera un concert pour clôturer ces trois semaines de festival. « Je suis ravi qu’il y ait des événements culturels à Jérusalem. Je pense que la ville en aurait besoin de plus ».
Dans une interview accordée au Jerusalem Post Asaf Avidan a confié que sa décision de se joindre à la longue liste d’artistes du 53e festival d’Israël n’a pas été très difficile. « C’est un honneur d’en faire partie », explique-t-il, soulignant au passage son appréciation pour le souci de qualité des organisateurs dans le choix des artistes invités à y prendre part.
Malgré son enthousiasme à l’idée de participer à cet événement, Avidan a souhaité attirer l’attention sur le devoir des personnes influentes dans les sphères artistiques à contribuer au développement des plateformes de représentations plus modestes. « Bien que la municipalité organise des festivals, elle doit aussi garder en tête les clubs et les bars » où se produisent de nombreux jeunes artistes encore inconnus du grand public comme cela a été son cas il n’y a pas si longtemps.
Commentant l’aspect cosmopolite de l’événement, le chanteur explique qu’il est « intéressant d’obtenir de nouvelles saveurs. Les gens s’influencent les uns les autres et le public ne peut qu’y gagner ».
Interrogé quant au secret de sa réussite internationale, fait peu commun pour un artiste israélien, Avidan avoue avec humour : « si j’avais un secret, je l’utiliserais plus souvent ! ». Quant à la France, il pense que les auteurs-compositeurs sont plus appréciés qu’ailleurs et l’industrie musicale est moins commerciale, bien que Rihanna y soit quand même populaire, remarque-t-il en riant. 

Gil Shohat 

Mozart sur des rythmes jazzy
Peu connu du grand public, Gil Shohat s’est imposé comme l’un des pianistes classiques israéliens les plus renommés. Après neuf années de participation au festival, Shohat en est devenu un habitué. Lors de chaque édition, sa représentation se concentre sur un génie de la musique classique en particulier. Cette année, il a jeté son dévolu sur Mozart, auquel il compte rendre hommage à travers un marathon musical de six heures.
Son « bébé », comme il le qualifie affectueusement, sera constitué de trois parties de deux heures, entrecoupées d’explications en vidéo relatives à chaque morceau joué. Grâce à cette initiative avant-gardiste, le pianiste entend offrir une expérience plus profonde à son public et espère présenter une opportunité aux non-initiés de prendre goût à la musique classique. « J’invite sincèrement tous ceux qui ne se sont jamais rendus à un concert classique de leur vie ».
Shohat a également choisi d’interpréter Mozart sous un angle différent : celui du jazz. En mêlant musique classique et rythmes jazzy, le pianiste souhaite réaliser une performance « libérée », spontanée et naturelle.
Ce concert sera retransmis en direct sur The Voice of Music Radio.