Lune de miel saveur curry

Terminées les lunes de miel classiques et romantiques pour les Israéliens : destination Inde pour les jeunes mariés !

Inde (photo credit: REUTERS)
Inde
(photo credit: REUTERS)

« Sur place, je me suis dit qu’organiser ma lune de miel en Inde était une erreur ! J’ai cru ne jamais en revenir », se souvient en riant Daniella Korin. « Si finalement tout s’est bien déroulé, on meurt bel et bien de peur lorsque le bus slalome de gauche à droite sur une route à peine pavée, qui n’a semblé pour autant émouvoir aucun Indien, ni même Nimrod, mon mari ! », raconte-t-elle.

Comme de plus en plus d’Israéliens, Daniella et Nimrod Korin, une fois la bague au doigt, ont choisi de s’envoler pour l’Inde. Une nouvelle mode qui pimente un voyage parfois trop traditionnel à leur goût. La vieille Europe, malgré sa Ville Lumière ou sa Cité des Doges, ne fait plus rêver les jeunes mariés, qui échangent volontiers habituelles promenades romantiques contre randonnées de découvertes dans la chaleur indienne.
Depuis plusieurs années déjà, les Israéliens tout juste libérés de leur service militaire s’évadent en Inde pour un voyage de plusieurs mois. 30 000 à 40 000 jeunes adhèrent à ce rite de passage dans ce qui est devenu leur Terre promise. Le bruit des rues, les couleurs de la foule, la saturation des sens et le choc des cultures nourrissent ce voyage dont ils se souviendront longtemps. Dans certains villages, panneaux d’accueil et menus de restaurants sont écrits en hébreu, et des établissements proposent même des spécialités israéliennes comme le houmous ou la chakchouka. Selon les chiffres officiels des deux pays, 40 000 à 60 000 Israéliens se sont installés définitivement en Inde ou y ont élu domicile pour plusieurs années. La mode indienne est en vogue.
Génération Inde
Pour les anciens soldats désormais jeunes mariés, l’objectif est de vivre une expérience unique avec leur partenaire. Du Taj Mahal aux sommets de l’Himalaya, en passant par les plages de Goa et les centres de méditation, le voyage de noces a de quoi être original. « C’est une lune de miel que l’on n’oubliera jamais, ce n’est pas un de ces voyages de plus en Europe », affirme Shay Sasson, dont la femme Yaël n’avait jamais mis les pieds en Inde. « C’était mon rêve de visiter avec elle tous les beaux endroits que j’avais vus », poursuit-il. Un long week-end en Europe n’aurait pas coûté moins cher que leur voyage d’un mois en Inde. « Je ne suis pas riche, après le mariage, j’ai vécu chez mes beaux-parents pendant un an pour économiser. Peut-être que si j’avais plus d’argent, je serais allé à Hawaï ou en Jamaïque, mais l’Europe classique n’a jamais été à l’ordre du jour », affirme Shay. Et Yaël n’a pas été déçue : « Toutes ces femmes vêtues de toges éclatantes remplissent les yeux et font tourner la tête : les couleurs sont partout ! », se souvient-elle avec émotion.
Pour Nimrod, le choix a été encore plus simple : « Ma femme a immigré de Pologne en Israël, il y a quelques années. L’Europe, elle connaît. Je n’avais jamais été en Inde et avais toujours entendu tellement d’histoires incroyables que la destination était simplement évidente ». Alors qu’il sirote un thé tchaï qu’il vient de préparer, sa jeune épouse raconte les deux semaines passées dans un village perché dans les hauteurs de l’Himalaya, coupés du monde dans leur cabane en bois. « En dehors de l’électricité, et encore il n’y en avait pas tout le temps, il n’y avait pas grand-chose. Mais seuls, tous les deux, entourés des montagnes, des forêts et de la neige, on passait des soirées à se tenir la main autour d’un feu de camp : quoi de plus romantique ? ». Nimrod montre fièrement une chaîne en argent et pierres précieuses que porte Daniella autour du cou. « C’est moi qui l’ai créée ! Jolie, hein ? ! », lance-t-il en expliquant avoir suivi des cours de création de bijoux sur place.
Une expérience extrême
Mais le tableau idyllique que brosse ce couple peut parfois tourner au cauchemar. Outre les maladies ou les problèmes d’hygiène alimentaire qui marquent souvent le voyage dans ce pays aux mille couleurs, il existe bel et bien un « syndrome de l’Inde ». Un trouble qui se manifeste chez les touristes le plus souvent par des crises d’angoisse, de délire, ou une tristesse soudaine. Certains lieux particulièrement forts de par le monde bouleversent les voyageurs. Tout comme le « syndrome de Jérusalem » qui frappe les croyants face à la multitude de symboles religieux de la Ville sainte, ou le « syndrome de Stendhal » à Florence qui provoque chez les visiteurs des crises devant l’intensité et l’abondance des œuvres artistiques, l’Inde peut susciter une perte de repères chez les jeunes mariés. La foule, le tumulte, le bruit, la pauvreté, les excès du climat, l’omniprésence de la mort et du mysticisme peuvent pousser les amoureux à fuir ou perdre contact avec la réalité.
La lune de miel peut alors s’avérer très épicée. Surtout pour ceux qui découvrent l’Inde pour la première fois, comme Yaël. Lorsqu’elle atterrit à Delhi avec son mari Shay et se promène dans la zone pourtant touristique et animée de la ville, elle est choquée face « au bruit et à la saleté ». « Delhi paraissait hideuse à mes yeux, bondée, sale, remplie de vaches qui circulaient dans les rues ; je voulais m’enfuir le plus vite possible », affirme-t-elle. C’est par contre exactement ce que Daniella Korin a aimé et retenu de son voyage de noces : « C’est une expérience extrême, incroyable pour ceux qui aiment l’adrénaline ».
Mais les deux couples s’accordent pour décrire le rythme singulier de l’Inde, qui procure une perspective nouvelle du monde. Ces jeunes mariés en quête d’exotisme vivent une lune de miel loin des clichés des films hollywoodiens. Daniella laisse une pensée sur son profil Facebook, alors qu’elle revient en Israël en compagnie de son mari Nimrod : « Merci à toi l’Inde, pour cette merveilleuse lune de miel et toutes ces expériences que tu nous as offertes. On t’aime ! Et on reviendra bientôt ! »
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